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 TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING

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Charlie Lane
WE DO TERRIBLE THINGS FOR THE PEOPLE WE LOVE.
Charlie Lane

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Crédits : jukebox joints + anto

ONCE UPON A TIME
Personnage: cupidon
Emploi: marchand noir
Relations :

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MessageSujet: Re: TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING   TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING - Page 4 EmptyMer 20 Mar - 23:44

Arthur ne sentait plus aucun élément extérieur. Ni la pluie battante, tombant à verse de façon si violente qu'elle faisait l'effet de minuscules poignards acérés, ni les bourrasques violentes qui le faisaient vaciller et encore moins le tremblement sourd du tonnerre proche. Il ne ressentait plus que sa douleur, plus vivante que jamais et qui ravageait tout sur son passage. La tête appuyée contre le marbre froid et la gorge prisonnière de sanglots violents qui lui donnaient l'air d'un animal blessé, Arthur aurait souhaité mourir pour que tout s'arrête. Sous un ciel de tempête, seul comme il l'était depuis toutes ces années, il aurait vraiment aimé que son coeur éreinté n'en puisse plus. Qu'il décide d'arrêter là les frais, qu'il refuse de battre à l'abandon, pour personne, sans but. Que l'organe nécrosé, blessé et à vif, s'éteigne en douceur, sans heurts. Naturellement. Il était prêt, Arthur. Il l'était depuis qu'elle était partie, arrachant son âme et l'emportant avec elle dans un lieu à l'accès interdit. Depuis, il errait sans but, triste spectateur de sa déchéance au lieu d'en être l'acteur principal. Arthur laissait mollement couler son existence, refusant de posséder sur elle la moindre prise. Ses journées s'écoulaient indistinctement, sans qu'il n'effectue quoi que ce soit de particulier ou de productif. Chaque jour s'avérait l'éternel recommencement du précédent et lorsque l'aube se levait, Arthur regrettait que la nuit ne l'aie pas emporté dans son sein. Que ses excès ne se soient pas rappelés à lui, qu'il soit encore là, mort parmi les vivants. Bien sûr qu'il aurait pu se foutre en l'air, il avait essayé une fois. Malheureusement, quelque chose le dérangeait dans cet acte. Non pas de mettre un terme à son existence, puisqu'il n'attendait que ce coup de sort, mais la lâcheté que cela induisait. Il en avait terriblement voulu à Polly de lui infliger ça. D'être partie sans penser au mal qu'elle lui infligeait, sans essayer de se battre pour remonter la pente, sans le prévenir du geste désespéré qu'elle imaginait, parfois. Et puis, il y avait ce visage. Son visage à jamais scellé dans une expression étrange, qui paraissait déçu de la tournure des évènements, presque empli de regrets à l'idée d'avoir réussi. A l'idée d'être en train de suffoquer sans aucune prise, ni moyen de revenir en arrière. Arthur se nourrissait de cette conviction : celle que Polly, à l'article de la mort, n'en avait plus voulue. Qu'elle aurait aimé que la corde n'enserre pas son cou, que le noeud coulant se délie ou que la poutre lâche. C'était cet infime espoir qui l'empêchait à son tour de vriller son crâne d'une balle pour cesser de souffrir à chaque pas. Celui qui lui martelait que si la femme de sa vie regrettait amèrement son geste, ce n'était pas pour qu'il fasse de même, scellant leurs destins. Pourtant, ce soir plus que jamais, Arthur se sentait au bord du précipice, prêt à avancer jusqu'au grand saut final. Celui qui ferait enfin taire ses démons et le libérerait du poids d'une existence trop douloureuse pour un seul homme. Etranglé par ses sanglots, il crut un instant qu'il pourrait mourir ici, comme ça. Simplement s'éteindre de chagrin, se laisser consumer par toute cette rage vorace qui l'habitait, cette colère incendiaire et la laisser le brûler de son acide corrosif. Les yeux clos, Arthur était à la fois ici et ailleurs, présent mais absent. Quelque chose s'était brisé en lui ce soir, un espèce de garde-fou qui le protégeait de réactions incontrôlées, disproportionnées, dangereuses. Il avait volé en éclats, le laissant hagard, abattu et presque effrayé par la noirceur implacable dont il pouvait faire preuve. Tout à son chagrin et à cette douleur intarissable qui écorchait un coeur déjà à vif, Arthur mit de longues secondes à discerner la présence d'Arya à ses côtés. A vrai dire, il ne la distingua que lorsqu'elle l'attira contre elle, le dégageant de sa torpeur. Mais Arthur savait que c'était peine perdue. Arya pouvait peut-être dissiper le brouillard opaque au sein duquel il évoluait en permanence et qui semblait plus étouffant que jamais ce soir mais elle ne pourrait pas faire davantage. Dès lors qu'elle s'arrêterait, il reviendrait de nouveau, s'infiltrant jusque dans ses pores, s'insinuant dans la moindre faille et la plus petite déchirure pour le glacer jusqu'aux os. Arthur, il désirait simplement qu'on le laisse sombrer sans s'en soucier, persuadé que le jour où il deviendrait invisible aux yeux du monde, il s'évaporerait enfin. Tout contre Arya, sa peine continuant à le secouer de tressautements incontrôlables, Arthur aurait voulu y croire. Incapable d'esquisser un geste, il se contentait d'écouter les battements irréguliers du coeur de la brunette en imaginant qu'elle avait raison. Que tout s'arrangerait. Que tout finirait par aller bien. Aussi passif qu'un animal blessé, trop mal en point pour se montrer craintif, il n'aurait su dire combien de temps s'écoula pendant qu'elle le berçait, la douce Arya. Celle qui passait outre ses humeurs, sa négligence, ses sarcasmes et même son indifférence. Celle à qui il faisait injustement subir des montagnes russes émotionnelles sans véritablement prendre conscience de son influence, trop égoïste pour s'attarder sur les ressentis d'une gosse. Celle à qui il avait montré sa face la plus détestable et celle pour qui il n'avait pas réussi à se stopper. Il ne méritait rien d'Arya et surtout pas sa compassion. Lentement, comme si esquisser le moindre geste lui coûtait terriblement, Arthur releva la tête, la dégageant d'une étreinte maternelle bienfaitrice, pour dévisager le visage trempé d'Arya au sein d'une pénombre enveloppante. Il ne distinguait que ses prunelles tendres, là où dans ses abysses sans fond ne subsistait qu'une douleur lancinante et des larmes trop longtemps retenues et que rien ne semblait pouvoir étancher. « C'est faux... » qu'il souffla sans se détacher de ses bras enveloppant son corps secoué de sanglots. « Ca n'ira jamais bien, elle est morte. Tu comprends ? Je peux pas vivre sans elle, je sais pas faire. Je... je veux plus prétendre, je suis fatigué de mentir. Je voudrais juste que ça s'arrête. » Arthur parlait lentement, prononçant maladroitement des syllabes entrecoupées de sanglots qu'il peinait à réfréner. Passant une main tremblante sur son visage pour y chasser aussi bien des larmes malvenues qu'une pluie battante, Arthur croisa une nouvelle fois le visage contrarié d'Arya. A ses côtés, il ne la voyait jamais heureuse. Elle fronçait toujours les sourcils de manière imperceptible ou peinait à contrôler les tremblements de sa lèvre inférieure. Arya, il la malmenait toujours, même lorsqu'il ne le souhaitait pas. Il ne savait pas faire autrement et lorsqu'il saisit lentement son menton entre ses doigts, comme s'il craignait que ce simple contact ne le brûle, Arthur savait quelle était la bonne chose à faire. La chose la plus juste : la délivrer de son emprise. Celle qu'il n'appréhendait même pas et qui l'étonnait toujours par sa vivacité. Celle qui lui ferait du mal, parce qu'il était nocif. Il y avait quelque chose de résolument mauvais en lui, qui se tapissait discrètement pour sauter à la gorge lorsqu'on s'y attendait le moins. Ce soir, il en avait fait les frais et il refusait d'exposer quiconque à ce pouvoir destructeur. Surtout pas elle... Sans réfléchir, Arthur s'empara fiévreusement des lèvres d'Arya, capturant sa bouche dans une étreinte frénétique et désespérée, aussi dingue et hors de contrôle que le reste de la soirée. Ses mains agrippèrent ses cheveux détrempés avec une détresse palpable tandis que son corps vint s'entrechoquer contre le sien. Arthur ne savait même pas pourquoi il l'embrassait. Pour la remercier, pour lui dire adieu, c'était que l'impulsion désœuvrée d'un homme qui ne répondait plus de lui-même. Enfin, il la libéra de son étreinte et laissa son front appuyé contre le sien, pourtant déterminé à s'en détacher. Tout contre ses lèvres, Arthur prit la décision qu'Arya n'était pas capable de tenir : celle de le quitter. Celle de lui imposer une distance nécessaire au risque de la voir chuter avec lui, au risque de l'engloutir dans sa détresse. Au risque de détruire cette lumière qui irradiait si souvent en elle, sans qu'elle n'en perçoive la force. « Je veux que tu me promettes quelque chose Arya. » qu'il souffla moins difficilement, sentant que ses sanglots s'apaisaient tandis qu'il agissait correctement pour la première fois de la soirée. Sans attendre une réponse de sa part, il poursuivit. « Je veux que tu retournes à l'intérieur et que tu me laisses derrière. Je veux que tu m'oublies et que tu oublies tout ce que tu crois ressentir pour moi, parce que ce sont des conneries, tout ça. Je veux que tu comprennes que je suis incapable de t'aimer. A mes yeux, tu ne lui arriveras jamais à la cheville. Personne ne le peut. Et si tu crois être celle qui parviendra à tout changer, enlève-toi cette idée de la tête. Ça n'existe que dans les films, ça. Dans la vraie vie, les gens comme moi, ils restent vides jusqu'à la fin, tu sais. T'as beau arroser un bois mort et humide d'essence, il ne brûlera pas. Je t'apporterai jamais rien de bon Arya, tu mérites mieux qu'un type qui passe son temps à sauter des filles pour s'oublier et qui te rendra jamais le quart de tes sentiments. Voilà ce que je veux. Je veux que tu sortes de ma vie parce que j'ai pas besoin de toi et de ton entêtement. » Arthur, il n'avait pas eu besoin de crier, il y avait quelque chose de bien plus destructeur que des hurlements dans son timbre. Quelque chose de monocorde, de froidement détaché, d'une terrible indolence. Comme si tout ce qu'il disait, ça ne lui coûtait pas au fond. « Maintenant. » qu'il glapit plus sévèrement en se dégageant brutalement de son étreinte pour s'adosser contre la tombe de Polly. La mâchoire serrée et les traits contractés, il était impossible de lire quoi que ce soit sur son visage fermé ruisselant de pluie. Aucun remord, aucun regret, aucune émotion. Rien. Que le néant qui lui bouffait le coeur depuis déjà trop longtemps. Arthur, il savait et c'était suffisant. Il savait qu'il était trop dangereux pour une compagnie. Il savait qu'après ce soir, il se montrerait encore plus solitaire et évasif. Il savait maintenant qu'en lui vivait un monstre vorace et qu'il était une menace pour quiconque tâchait de le sauver de lui-même. Il savait tout ça, et ça lui faisait peur. Peur de perdre de nouveau le contrôle, peur de blesser quelqu'un, peur de ce qu'il pouvait infliger à cause de cette peine qui le tuait de l'intérieur... Arya, il devait l'en protéger. Même si pour cela, il lui fallait la briser.
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MessageSujet: Re: TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING   TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING - Page 4 EmptyJeu 21 Mar - 19:25

Malgré la pluie battante, malgré les éclairs, malgré l'orage qui grondait au-dessus de leurs têtes, Arya continuait de bercer avec sa tendresse naturelle un Arthur voué au désespoir. Elle comprenait sa douleur, sans doute mieux qu'il se le figurait. Elle avait perdu quelqu'un elle aussi. Dans des circonstances tout aussi tragiques. La mort avait cette façon de vous faire savoir que vous n'étiez rien qu'un pion sur un échiquier, qu'on vous donnait la vie puis qu'on vous la reprenait sournoisement, sans qu'on n'y soit jamais vraiment préparé. Qu'on ne vous offrait qu'un sursaut de quelques années avant que la Faucheuse ne vous vole aux bras cajoleurs d'une vie délicieuse. Elle laissa son regard se poser au loin, là où elle devinait l'ombre de la pierre froide avec ces inscriptions ancrées douloureusement dans son esprit. Elle les avait choisies elle-même, avec toute l'innocence dont elle était encore capable. « A Mary Clearwater, épouse dévouée, mère adorée. » Adulée, même. Elle poussa un soupir douloureux, continuant d'offrir à Arthur une étreinte dont il semblait s'abreuver. Elle partageait sa peine, plus qu'elle n'aurait su le dire, elle la sentait jusque dans son corps, dans ses veines, son cœur se tordait à chaque nouveau sanglot et elle eut toute la peine du monde à ne pas y joindre les siens. Les larmes se confondaient avec la pluie sans qu'on ne pût dire qui prenait l'avantage. Arya avait mal, terriblement mal mais elle essayait de se montrer forte face à un Arthur sombré dans les abysses. Il fallait qu'elle le soit, même si son palpitant se serrait un peu plus, un peu trop, comme à chaque fois qu'il était aussi près d'elle. Elle avait mal, à le voir pleurer sa défunte femme, celle qu'il aimerait toujours plus que toutes les autres, plus qu'elle. C'était comme de se battre comme le vent, inutile, inefficace. Quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, elle ne serait jamais assez bien, assez belle, assez douce, assez drôle, assez tout, rien d'autre qu'une pâle copie d'une femme bien mieux qu'elle. Les paroles entrecoupées de hoquets d'Arthur ne firent que confirmer ce qu'elle savait déjà. Quand bien même il s'oubliait entre les bras de milliers de femmes, il n'y aurait jamais qu'une seule à qui il offrirait son cœur, et ce ne serait jamais elle. Elle continuait de le bercer de son étreinte maternelle, se contentant de souffrir silencieusement devant cet amour viscéral qu'il portait encore à une morte. Etait-ce si mal, si honteux, d'être jalouse d'elle ? Elle qui avait choisi de s'ôter la vie plutôt que de subir des jours qui n'étaient que l'éternel recommencement du précédent, mais qui avait Arthur à ses côtés, quand Arya aurait au contraire donné tout ce qu'elle possédait de plus cher pour ne passer ne serait-ce qu'une minute avec lui. Elle se mordit la lèvre, offrant une moue affligée à quelqu'un qui de toute façon ne la voyait pas. « Chut » murmura-t-elle encore à son oreille en sachant pertinemment que cela ne le calmerait pas. Rien ne le calmerait, au moins ce soir, et surtout pas elle. Même en en ayant conscience, elle n'arrivait pas à trouver le courage de se relever et de partir, de lui offrir un seul instant de répit devant la tombe de cette Polly. Elle avait l'idée folle qu'un jour, il se lèverait et que l'évidence viendrait le frapper. Elle ne reviendrait pas, jamais, et qu'il pouvait encore aimer. Que c'était ce qu'elle voulait pour lui. Cette pensée lui arracha un sourire amer, invisible dans l'obscurité glaçante de l'orage. « Arthur regarde-moi. » Elle lui avait dit cela du ton sérieux qu'elle empruntait parfois lorsqu'elle tentait de lui ouvrir les yeux. « Elle ne reviendra pas. Je sais que ça fait mal, que tu as envie de hurler, de blâmer la terre entière pour ça, mais c'est un fait. Elle est partie, Arthur. Elle est partie et il n'y a rien que tu puisses faire pour changer ça. Elle a préféré s'en aller, toi tu as le choix de ne pas faire la même erreur. Il faudra bien que tu finisses par ouvrir les yeux et... » Et quoi ? Revivre ? Survivre ? Aimer ? Tomber éperdument amoureux d'une autre femme ? Sans doute. Lorsqu'il saisit son menton entre ses doigts, elle sentit son rythme cardiaque s'emballer, battre à tout rompre, comme pour lui rappeler qu'elle, elle était bel et bien vivante, avec lui, toujours, même quand il ne le voulait pas vraiment. Qu'elle ne partirait pas, jamais, parce qu'elle ne savait pas faire sans lui, sans la brûlure acide de son cœur, sans l'espoir qui l'animait chaque fois qu'il plongeait ses yeux menteurs dans les siens. Elle voulait y croire, Arya, tellement fort qu'elle aurait pu en perdre la raison. Elle se mentait à elle-même, voyant des signes là où il n'y avait rien, rien du tout, tellement désespérée de ne jamais pouvoir l'avoir qu'elle se créait son imaginaire où tout ce qu'il faisait n'était que l'aveu de sentiments qu'il reniait. Et puis, il l'embrassa et une fois de plus elle eut l'impression que le monde arrêtait de tourner. Plus de pluie, plus d'orage inquiétant, rien d'autre que ses lèvres pressées contre les siennes, sa main agrippant une nuque trempée pour rapprocher deux corps qui semblaient ne demander que ça. Elle ne réalisait même pas à quel point la situation était déplacée, à l'embrasser devant la tombe de sa femme, et elle ne voulait pas le réaliser. Elle s'en moquait éperdument, Arya, parce qu'il mettait tout l'énergie du désespoir dans son baiser et que cela lui suffisait. Pourtant, elle sentait que ce n'était pas comme les autres fois, qu'il n'y avait aucune tendresse dans cette étreinte, que c'était même plutôt de la violence, comme s'il essayait de lui rappeler que derrière ses manières insolentes se cachait un cœur exsangue et un esprit absent. Comme s'il perdait une nouvelle fois la raison et qu'elle prenait la place de Tristan. Elle l'embrassait comme si sa vie en dépendait et c'était un peu le cas. Elle reprit ses esprits lorsqu'il se dégagea, juste assez pour comprendre le sens de son discours. Alors, elle le regarda avec ses grands yeux noisettes, ces yeux toujours empreints de cette drôle de tristesse chaque fois qu'ils le regardaient. Ce fut comme si quelqu'un attrapait son palpitant, le serrait entre des poings rageurs pour l'arracher à sa poitrine. Tout ce qu'il disait, elle le savait déjà, mais l'entendre le lui dire avec ce ton détaché et terre à terre, c'était le coup de grâce auquel elle n'était pas vraiment préparée. Elle vivait dans son monde, Arya, se berçait toujours d'illusions et lui venait de la ramener de la plus douloureuse des façons dans une réalité qu'elle exécrait. Elle avait envie de pleurer, de ne jamais s'arrêter et n'en fit pourtant rien. Elle était fatiguée, fatiguée de se battre pour une relation qui n'existait que dans son esprit amoché, pour quelqu'un qui se moquait bien d'elle et de ses sentiments dévastateurs, quelqu'un qui n'hésitait pas à tordre son cœur de toutes les façons imaginables rien qu'en battant des cils. Elle aurait eu envie de lui dire un tas de choses, pour qu'il comprenne. Elle aurait eu envie de le gifler, de lui hurler d'arrêter de se moquer d'elle, d'arrêter de jouer avec elle en permanence, qu'il ne pouvait pas s'inviter dans une vie déjà bien trop malsaine, la faire tomber amoureuse à en perdre la raison, qu'il ne pouvait pas prétendre vouloir la protéger pour débarquer chez elle un soir et passer sa nuit avec elle. Il ne pouvait pas continuer ce petit jeu qui la brisait lentement, et se faire passer pour quelqu'un de bien. Parce qu'il n'était pas quelqu'un de bien, il était perfide, corrompu par une vie qui lui avait tout pris, qu'il faisait payer le monde entier pour sa douleur, à commencer par elle. Il la malmenait sans relâche et elle s'attachait malgré tout, parce que de toute évidence, elle ne pouvait s'attacher qu'aux gens destinés à lui faire du mal. Elle aurait voulu lui hurler qu'il n'était qu'un salaud, qu'il ne comprenait rien à rien, qu'il n'avait pas idée de ce qu'elle vivait, que c'était bien pire que tout ce que lui pouvait ressentir, qu'elle aurait pu faire n'importe quelle connerie pour ses beaux yeux, même les moins envisageables, qu'à vrai dire elle aurait sans doute pu donner sa vie pour lui, parce qu'il était l'unique raison qui lui donnait encore l'envie de se donner le matin et d'avoir de l'espoir et que sans ça, elle ne voyait même plus l'intérêt de se forcer à se complaire dans l'immense vacuité de ses journées. Elle aurait voulu lui dire tout cela, et bien plus encore mais elle n'en eut pas le courage, Arya, parce qu'elle était comme ça. Elle se refusait à dire tout haut ce qu'elle pensait, pas par hypocrisie mais par culpabilité. Finalement, là où elle l'idéalisait sans cesse, il n'était qu'un de plus à l'abandonner, qu'il se moquait de la petite poupée fragile qu'il oubliait une fois lassé. Il ne comprenait pas, Arthur, que lui demander de partir c'était comme lui porter le coup fatal parce qu'elle ne serait pas plus heureuse sans lui. Au contraire, ce serait pire, un peu plus chaque jour, jusqu'à ce qu'elle s'enfonce enfin dans une léthargie bienheureuse, exempte de toute sensation, de toute émotion qui ne se rapportait pas à lui. Il n'avait pas besoin d'elle, voilà ce qu'il lui disait froidement. Mais elle s'en moquait, de ça. Elle ne lui demandait pas d'avoir besoin d'elle, juste d'accepter qu'elle puisse avoir besoin de lui. Mais c'était d'Arthur dont il s'agissait et Arthur ne comprenait pas ces choses-là. Elle resta silencieuse et la seule réponse qu'elle lui offrit fut ses yeux empreints d'un mélange de colère et de déception, de tristesse et de rancoeur. Sa voix dure l'obligea à réagir, de n'importe quelle façon. Elle fit ce qu'elle aurait du faire le jour même où sa route avait croisé celle d'un dépressif qui avait perdu goût à la vie. Elle s'enfuit. Puisque tous n'étaient bons qu'à ça en sa compagnie, elle fit de même. Tout, plutôt que de rester face à cet homme qui la toisait avec une indifférence qui faisait mal. Elle s'écarta et ses jambes acceptèrent de supporter son poids. Elle partit, sans se retourner, sans prononcer un mot. Lentement, d'abord, puis plus vite, puis elle se mit à courir comme si sa vie en dépendait, prenant soin de mettre le plus de distance entre elle et cet homme qui la détruisait. Si elle était restée incroyablement calme durant tout son discours, elle fut obligée de céder alors qu'un torrent de larmes inondait ses joues. Elle pleura, sans retenue aucune puisque personne n'était là pour la voir alors que ses pas la ramenaient dans des sous-sols qu'elle n'avait aucune envie de retrouver. Elle aurait pu s'évanouir sur la route que cela lui aurait été égal. Elle aurait voulu s'effondrer pour ne plus avoir à ressentir ce flot d'émotions qui la submergeait. Elle pleurait encore lorsqu'elle revint au Cave of Wonders, hoquetait même, perdue dans des sanglots sur lesquels elle n'avait aucun contrôle. Sa poitrine se soulevait au rythme saccadé d'un palpitant qui ne lui laissait aucun repos, comme pour mieux lui faire sentir l'ampleur de sa détresse. Elle ne voyait plus rien, Arya, ni les gens ni l'endroit, peu importait qu'ils la voient dans cet état, que Sasha s'inquiète furieusement de la vision qui s'offrait à ses yeux, que ses jambes cèdent sous son poids et qu'elle s'effondre sous des regards curieux. Arya n'en pouvait plus, et n'avait même plus le courage, ni la force d'essayer de le cacher.
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MessageSujet: Re: TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING   TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING - Page 4 EmptyVen 22 Mar - 23:03

Il n'y avait plus qu'une voix. Cette seule et unique voix qu'il distinguait à travers le bourdonnement incessant qui faisait rage en lui. Si lui avait les mots blessants, Tibby, elle, avait la vérité au bout des lèvres. Tristan, il avait autrefois été un créateur. Sous ses doigts étaient nés mille et une mélodies. Dans sa tête, les notes s'étaient emmêlées entre elles, lui faisant créer tous ces morceaux de piano qu'il connaissait encore par cœur. La phrase de Tibby, il la savait vraie. Du créateur, il était passé au destructeur. Il n'avait besoin que d'un seul regard, d'un seul mot, d'un seul touché, pour briser tout le beau qui pouvait exister. Comme un virus qui se répand sans en trouver le remède, sa détresse passait d'un corps à l'autre. D'une chose à une autre. Il avait gâché sa vie. Alors qu'on lui permettait de se relever, il n'avait pas saisi sa chance. Plus d'une fois il avait laissé le bonheur lui échapper. Il mentait constamment, Tristan. Pas seulement aux autres, mais aussi à lui-même. Des portes de sortie, il y en avait eu des tas qui s'ouvraient face à lui. Mais parce que l'artiste ne se sentait pas capable d'affronter son propre futur, il avait refermé lui-même les serrures. Scellant son destin ainsi que celui de son entourage, sa détresse s'était agrandie, meurtrissant son âme déjà au plus bas. Tibby, il ne l'avait pas sauvé quand il s'était soudainement éloigné d'elle. Il l'avait détruite comme il se détruisait lui-même. S'il avait été courageux Tristan, il n'aurait pas laissé son monde s'écrouler sans rien tenter pour le remodeler. S'il avait réellement voulu qu'on lui laisse une petite chance pour s'en sortir, il aurait accepté la présence de Tibby à ses côtés. Il se serait raccroché à elle comme il avait voulu le faire l'espace de quelques instants avec Nova. Si son objectif avait été de remonter la pente depuis le début, il aurait laissé Tibby combler le vide qu'il ressentait désormais. Il n'avait jamais regretté de l'avoir lâchement abandonné. Il l'avait répété, encore et encore, se convainquant lui-même qu'il était dans le vrai. S'il l'avait éloigné, c'était pour ne pas qu'elle sombre elle aussi dans le gouffre. Pourtant, ces quelques mots qu'elle prononçait venaient remettre en question toutes ses convictions. Ce n'était pas pour elle qu'il l'avait chassé, mais pour lui-même. Ce n'était pas pour la garder toujours belle et merveilleuse, mais pour ne plus avoir à supporter l'image de la perfection qu'il ne serait plus en mesure de mériter. Ce n'était pas pour garder son sourire toujours intact sur ses lèvres, mais pour ne plus l’apercevoir, ce sourire. Ce visage, il l'avait meurtri bien plus qu'il ne l'avait pensé. Cette présence qu'il avait tant désiré par le passé, il ne l'avait plus supporté. Parce qu'il n'était pas capable d'assumer sa propre faiblesse, il avait menti. Pendant des jours, des mois. Pendant tout ce temps, Tristan, il avait fait honneur à cette lâcheté encore plus meurtrière que sa déchéance. Il n'était pas celui qui cognait l'artiste, il était celui qui fuyait les coups. Les assumer, comme il l'avait fait ce soir, ce n'était qu'une forme de plus pour prendre la fuite. Cette fuite qu'il cherchait pourtant depuis si longtemps sans jamais la trouver, elle venait de lui échapper. Qu'est-ce qu'il avait pensé, qu'on lui donnerait ce qu'il voulait sur un plateau d'argent ? Oui. Resserrant sa main autour du poignet de Sasha, son souffle se fit encore plus court qu'il ne l'était déjà. Il se raccrocha au membre frêle de la jeune femme, cette seule voix résonnant encore dans sa carcasse vidée. Par peur d'apercevoir le visage de Tibby, il garda les paupières fermées, laissant le poids de la culpabilité l'envahir sans qu'il ne puisse le contrôler. Cette culpabilité, elle était encore plus puissante que celle qu'il avait ressenti pour Arya. Cette culpabilité là, elle n'était pas seulement destinée à une seule personne, mais à tout le monde et tout à la fois. Regretter des mois d'errance, regretter les mots blessants, regretter les fuites.. Pourquoi est-ce qu'il détruisait toujours tout ? Comment réellement le savoir ? Il détruisait, c'est tout. Il emportait avec lui qui voulait bien l'accompagner ou non dans sa chute. Par égoïsme, il détruisait des souvenirs et des espoirs. Pensant constamment que malgré tout, il était le plus malheureux, toujours. La détresse des autres, il refusait de la voir. Parce qu'il savait Tristan, il savait que si quelqu'un était encore plus malheureux que lui, alors l'espoir de reconstruire sa vie, il existait toujours. Cet espoir qu'il avait cherché sans même ouvrir les yeux. Sa quête, alors qu'il l'entreprenait, elle avait été perdue d'avance. Il ne pourrait pas se reconstruire, pas tant que ses deux pupilles bleutées ne se poseraient pas sur le monde qui l'entourait. « Je suis désolé. » Qu'il murmura en ne s'adressant pas seulement à Tibby, mais à sa propre existence. Maintenant qu'il avait vu la mort la mort en face, il regrettait. C'était facile de s'excuser après tout ce temps. C'était trop simple de prononcer cette excuse hachurée par sa voix enraillée par le sang, mais à cet instant, il n'était capable de rien d'autre. Luttant contre la douleur insupportable qui le malmenait, il repensa à cette question qui n'en avait pas réellement été une. Cette question qu'elle lui avait posée sur la plage, Tibby. Cette question qu'elle avait posée après des mois d'absence et à laquelle il avait répondu non sans une hésitation. S'il était désolé de l'avoir abandonné ? « Je suis.. » Qu'il recommença en inspirant, cette fois pour s'exprimer à elle et elle seule. « Désolé. » Il y avait mis le temps, l'artiste. Rouvrant difficilement les yeux sur un monde brouillé, une larme se mit à couler le long de sa joue blessée. Une seconde dévala à son tour, puis une troisième. Il aurait bien aimé poser sa main sur la sienne, pour se maintenir à elle aussi fortement qu'il était en train de le faire avec Sasha, sans pourtant réussir à la serrer. Tristan, il n'était qu'un pantin entre les doigts de qui voulait bien l'approcher à cet instant. Il n'était plus rien, si ce n'est une poupée cassée par le temps. Un jouet bon à mettre à la poubelle et qui malgré tout, restait rangé dans le fin fond des cartons entreposés dans un vieux grenier poussiéreux. Attendant simplement que les années passent, jusqu'à ce que finalement, quelqu'un décide de l'ouvrir. « Tu saignes. » Se força-t-il à articuler, plus inquiet pour la douleur de la demoiselle que pour la sienne. Ce n'était pas grave s'il souffrait, lui. Lui, il l'avait cherché. Tibby, elle, elle ne pouvait pas saigner. Son visage ne pouvait pas être souillé par ce filet rouge, seul détail qui lui apparaissait visible à travers ses yeux blessés. Elle ne pouvait pas saigner, non, elle ne pouvait pas. Pas alors qu'il n'était même plus capable de la protéger.
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Clare Waters

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MessageSujet: Re: TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING   TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING - Page 4 EmptyDim 24 Mar - 23:42

Clare envisageait sérieusement de troquer sa liberté contre un petit séjour en prison. Car abattre Arthur sur le champ, le traîner dehors et laisser son cadavre se faire picorer par des corbeaux lui semblait être une option des plus satisfaisantes. Elle l’aurait même fait en son âme et conscience, persuadée de rendre un service à toute la communauté de Fairview en supprimant de la surface de la petite ville cet énergumène qui, dès qu’il était question d’explications et d’excuses, ne savait que filer à l’anglaise. Oh, il ne voulait pas blesser Nessa ? La belle affaire, vraiment, maintenant que le mal était fait et qu’il ne chercherait sans doute pas à réparer les dégâts qu’il avait causés. Clare le regardait, interdite, mortifiée par tant d’impudence, d’ingratitude. Elle l’observa s’ébrouer, tituber comme un homme ivre et la répulsion qu’il lui inspira n’avait jamais été aussi acide, aussi physique qu’à cet instant. Elle voulait le prendre par les épaules et lui filer deux claques, lui ordonner d’arrêter de se comporter en gamin capricieux. Tout le monde souffre, qu’elle avait envie de crier, t’es pas la seul. Le monde entier n’est qu’un vaste océan de pleurs et de cris, de douleur et on a beau se démener, il en arrive toujours plus, vagues intermittentes et infernales qui se pressent contre le grillage, qui écorchent leurs mains grises et innombrables sur les pierres qu’ils s’efforcent de gravir pour apercevoir un p’tit coin de ciel bleu. Tout le monde souffre et rame pour le trouver, ce petit coin et il arrive même qu’on ne réussisse jamais, mais est-ce que c’est une raison pour fondre sur le premier type venu et le rouer de coups ? Est-ce qu’elle, Clare, allait gifler la première fille qu’elle croisait parce qu’elle avait sans doute eu le malheur de plaire à Nathaniel ? Non. Elle se tenait droite dans ses bottes et intimidait à sa douleur de se tenir tranquille. Elle aurait pu péter les plombs, elle aussi, depuis le temps mais elle avait choisi de se battre. Sa souffrance ne lui donnait pas le droit de tout envoyer en l’air comme ça, parce qu’elle en avait envie, parce que les folies de l’amour déçu permettaient tout et n’importe quoi. Elle refusait d’être la proie d’une telle aliénation, et ceux qui s’y laissaient entraîner n’obtenaient en rien son admiration béate. S’ils avaient choisi d’abandonner, alors qu’ils le fassent seuls, sans emmerder le monde de leurs jérémiades perpétuelles. La pitié qu’elle avait éprouvé pour Arthur disparut quand il claqua la porte sans même s’excuser, et elle fixa l’encadrement quelques secondes, incapable de faire un mouvement. Et elle qui avait pensé que cette soirée aurait pu être le moyen de lui pardonner ses écarts précédents… Les membres mous, vidée de toute énergie, elle ne remarqua même pas que Nessa s’était dégagée de ses bras et elle darda un regard stupéfait sur son amie quand elle émit l’idée d’aller chercher le dégénéré mental qui venait de s’enfuir. « Tu plaisantes, là ? » souffla-t-elle. Clare n’envisageait même pas la possibilité de l’éventualité d’une hypothèse incluant qu’elle aurait pu partir à la recherche d’Arthur Widmore sous une pluie battante, alors qu’il venait de prouver une fois de plus quelle lamentable loque il était, et elle n’arrivait pas à comprendre non plus pourquoi Nessa s’obstinait à vouloir le faire. D’autant plus qu’une jeune femme semblait déjà se charger de cette noble mission. Seulement, Clare ne pouvait que voir la détresse sur le visage de la puéricultrice, les traces de ses larmes, et tout ça occultait malgré tout le sang qui perlait encore un peu à ses lèvres. Et s’il apparaissait que Clare était loin d’être la voisine dont on rêve, en revanche, elle était une amie exemplaire. Poussant un long soupir, elle se passa la main dans ses cheveux, balaya la salle d’un regard circulaire (ne prêtant qu’une vague attention à Tristan qui bénéficiait d’ores et déjà de deux sauveuses providentielles) et revint à Nessa. « Il va revenir, d’accord ? Je vois mal où il pourrait aller avec ce temps. Surtout pas jusqu’à son manoir, en tout cas. La route est bloquée, je le sais, j’habite pas loin de chez lui. » tenta-t-elle maladroitement rassurer la jeune femme. Loin de briller dans ce domaine, Clare se mordit la lèvre et planta ses poings sur ses hanches. Toutes ses pensées se concentraient sur la porte, qu’elle priait désormais de s’ouvrir sur un Arthur si possible estropié d’un membre ou même plusieurs, mais tout de même vivant. Et ses prières s’exaucèrent à demi quand un grincement se fit entendre. Pleine d’espoir, la jeune femme leva vivement la tête et ne put contenir sa déception en voyant la jeune femme revenir seule, et dans un tel état. Très bien. Désormais, elle s’autorisait à paniquer. Et à être plus grossière que d’habitude. « Putain de merde. » jura-t-elle entre ses dents. Il allait lui payer. Au centuple. Widmore allait souffrir, elle se le promettait. Et l’agonie serait lente, douloureuse et particulièrement inventive. Mais elle échafauderait ses plans plus tard. « Je crois qu’on a pas le choix, finalement... » lança-t-elle à Nessa, résignée. Elle ramassa la lampe de torche et esquissa un mouvement en direction de la sortie. « Une idée d’où il aurait pu aller ? » Elle posait la question à la cantonade, tant à Nessa qu’à la jeune fille qui venait de revenir, pressée d’en finir avec cette soirée cauchemardesque et de retrouver le confort de son manoir douillet. Si toutefois il était toujours debout quand elle reviendrait.
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MessageSujet: Re: TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING   TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING - Page 4 EmptyMer 27 Mar - 15:53

Nessa n’avait jamais autant pleuré que depuis la disparition de son amie. Elle ne pleurait pas, c’était aussi simple que ça. Elle avait appris à se forger une jolie carapace, refusant d’être l’orpheline, d’être la pauvre petite fille dont les parents étaient morts tragiquement. Elle se devait d’être forte, pour ne pas attirer la pitié sur son compte et elle estimait avoir plus ou moins réussi. Jusqu’à la mort de Polly, du moins. Car, depuis, si ce n’était pas l’éviction pure et simple dont elle était victime, c’était les souvenirs qui embrasaient ses joues et provoquaient des crises de larmes involontaires. Généralement, cela se passait durant la journée et les enfants étaient trop distraits pour remarquer les sillons qui marquaient son visage. Elle détestait pleurer. Elle détestait cette sensation d’être impuissante, inutile. Qu’est-ce que cela lui apportait, au final, ces larmes ? Pas grand-chose à part des yeux rouges et gonflés, une douleur dans la poitrine, une oppression dans la gorge. Et pour couronner le tout, ça avait l’art d’épuiser. Pourtant, en voyant le désastre qui s’était abattu sur eux – et elle ne parlait pas de la tempête qui sévissait dangereusement dehors – elle n’avait pas pu contenir le sentiment de détresse absolue qui s’était emparé d’elle. Arthur était fou. De douleur. De chagrin. D’amertume. Arthur était incontrôlable et il n’y avait décidément rien qu’elle puisse faire pour le tirer hors de cette spirale infernale dans laquelle il semblait s’enfoncer toujours davantage. Y avait-il seulement une fin à tant de souffrance ? La mort était-elle la seule issue possible ? Nessa n’y croyait pas un seul instant mais en voyant le mal-être émaner de toute sa personne, elle n’était pas certaine qu’Arthur en soit aussi convaincu. La stupeur dans le ton de Clare l’atteignit en plein cœur. Non, elle ne plaisantait pas, c’était ça le plus triste. Même après tout ça. Mais elle commençait à se demander si elle n’avait pas tort de s’acharner autant et surtout pour rien. Clare était plus lucide, elle voyait bien que ce genre d’effort était vain, qu’on ne pouvait pas forcer quelqu’un à aller mieux. Ça devait venir d’Arthur, c’était le seul moyen. Mais que faire en attendant ? Comment supporter de le voir se débattre continuellement contre une situation qui les dépassait tous ? Elle ne pouvait pas ignorer sa détresse, agir comme si tout était redevenu normal. Muette, Nessa sentit le découragement s’emparer de chacun de ses membres et ses épaules s’affaissèrent légèrement, comme écrasées par le poids de sa conscience. « Il va revenir d’accord ? » Les mots, s’ils se voulaient rassurants, n’étaient pas très convaincants et Nessa leva un regard dépité vers son amie. Il pouvait ne jamais revenir, laisser un trou béant dans son sillage, comme Polly l’avait fait avant lui. Les gens seraient peut-être moins choqués par cette mort. Peut-être qu’ils s’attendaient même à un geste aussi désespéré. Et puis, Arthur avait dû lasser les gens avec son attitude provocatrice et irrespectueuse, comme si rien, dans ce bas monde, ne valait la peine qu’il s’y attarde. Mais si les gens ne pleuraient pas Arthur, elle le ferait. Abondamment. Avec cette même sensation d’inutilité qui l’étreignait quand elle pensait à Polly. Elle ne voulait même pas penser à l’enfer qui l’attendait si son ami décédait quelque part, sous la pluie, et qu’on retrouvait son corps défiguré, au petit matin, après qu’il se soit gorgé d’eau et qu’une odeur pestilentielle ait commencé à émaner de son cadavre. Un frisson d’effroi lui parcourut l’échine à cette pensée macabre. Perdue dans les méandres de ses réflexions, Nessa ne remarqua le retour de la jeune femme que parce qu’elle entendit le juron de Clare, un juron qui laissait clairement transparaitre de la frustration et de la colère. Revenant à la réalité, Nessa vit la demoiselle s’effondrer, trempée jusqu’aux os et visiblement dans tous ses états. Le cœur de Nessa manqua un battement, puis deux, à l’idée que sa prophétie se soit révélée prémonitoire et elle étouffa un nouveau sanglot derrière ses doigts tremblants. « Oh non » murmura-t-elle, la voix étranglée. « Il lui est arrivé quelque chose » Il est mort, avait-elle eu envie de dire, s’abstenant de justesse de proférer une telle catastrophe. « Je crois qu’on a pas le choix, finalement… Une idée d’où il aurait pu aller ? » Instinctivement, Nessa faillit répondre par la négative mais un éclair de lucidité lui traversa l’esprit et elle lâcha, en un souffle : « Le cimetière ! » Où aurait-il pu aller d’autre ? Quel autre endroit pouvait encore le rattacher à son existence ? Il n’y avait que Polly pour parvenir à l’apaiser. Attrapant la main de Clare, elle se dirigea vers la porte et, sans pousser la réflexion plus loin, poussa le battant pour se retrouver noyée sous la pluie battante. Ses cheveux se plaquèrent contre ses tempes et ses joues et elle oublia la douleur qui lui arrachait la lèvre. « Il doit être au cimetière, je ne vois pas où il pourrait aller, sinon » répéta-t-elle inlassablement tout le long du chemin, ne sachant si elle s’adressait à Clare ou si elle se parlait simplement à elle-même. Elle était tellement obnubilée par leur destination qu’elle en oublia la tempête qui faisait toujours rage autour d’elles et quand elle franchit les portes du cimetière, ses pas la menèrent instinctivement vers la parcelle de terre où reposait Polly. Arthur s’y trouvait bien et un soulagement profond envahit Nessa qui craignait son absence même si elle était persuadée d’avoir raison. Pourtant, elle s’immobilisa à quelques mètres de la tombe de son amie, observant la silhouette prostrée du jeune veuf, incapable de faire un pas de plus dans sa direction. Et s’il la repoussait à nouveau ? Et s’il l’ignorait ? Et s’il se montrait odieux ? Elle n’était pas certaine de pouvoir supporter son regard plein de reproche ni son ton cynique. Pas après une soirée comme celle-ci, en tout cas. Tournant la tête vers Clare, elle lui lança un regard inquiet. A cet instant, plus que tout, elle avait besoin du courage de son amie, de sa force, de sa détermination. « Il faut qu’on le ramène, qu’il le veuille ou non » dit-elle simplement, incapable de savoir si sa voix n’était pas assourdie par le chaos qui régnait autour d’eux. Poussant un soupir las, elle se concentra à nouveau sur la silhouette d’Arthur et elle combla les quelques pas qui les séparaient, annonçant sa présence d’une menace qui, elle l’espérait, aurait le résultat recherché : « Ça suffit, maintenant. On rentre. Et si tu oses encore me donner un coup, volontaire ou non, c’est moi qui t’assomme, t’entends ? » Ou Clare, se dit-elle, surtout, avant de se pencher sur Arthur pour passer un bras sous le sien, attendant que Clare fasse de même pour user de toutes ses forces et relever le jeune homme. Après tant d’émotions, Nessa comptait sur l’épuisement d’Arthur pour lui faire entendre raison et si elle n’y parvenait pas, elle l’assommerait. Pour de vrai. Il était hors de question qu’ils attrapent une pneumonie pour ses beaux yeux tristes.
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