AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez
 

 when we were young (b)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Poppy Montgomery

Poppy Montgomery

Messages : 18
Inscription : 24/12/2015
Crédits : wild heart + anto

ONCE UPON A TIME
Personnage: izia/alecto
Emploi: étudiante en médecine, prof de danse à l'Heavenly
Relations :

when we were young (b) Empty
MessageSujet: when we were young (b)   when we were young (b) EmptyMar 26 Jan - 2:11

Poppy danse. Elle glisse sur le sol, les yeux mi-clos et l’air absent quelque part entre ici et un ailleurs qu’elle rêve toujours plus beau et lumineux. Quand elle s’oublie derrière la grâce insoupçonnée de son corps minuscule, Poppy se sent libre. Elle n’est plus Poppy, cet automate qui prétend jour et nuit et qu’elle remonte chaque matin pour trouver la force, le courage de colmater ses failles et ses plaies béantes jusqu’à en faire de jolis jardins et des forêts ensoleillées. Elle est autre chose, une illusion, un mirage ou plutôt un miracle, onirique et éphémère, à la beauté ensorcelante. Poppy danse, effleure ou s’envole et dans ses pas, dans ses gestes, elle écrit des mots à l’encre éthérée et impalpable qu’elle seule peut lire. Elle n’est jamais plus sincère que lorsqu’elle danse et paradoxalement, jamais si peu elle-même entièrement abandonnée à la musique, papillon quittant sa chrysalide pour trois, dix ou soixante minutes. C’est la sonnerie du réveil de son portable qui la coupe en pleine chorégraphie. Poppy touche terre lentement, comme une plume qui tombe au sol. Comme sortie d’un long sommeil, elle cligne des paupières à plusieurs reprises et il lui faut bien quelques secondes pour se replonger dans cette réalité, sa réalité. Le réveil résonne encore et elle réalise enfin la raison. Brody. Elle est en retard ou du moins le sera si elle prend le temps de repasser chez elle. Mince. Poppy se relève prestement, range ses affaires en un temps record et emprunte une serviette qui ne lui appartient pas pour sauter sous la douche. Elle pourrait écrire, s'excuser, décaler, mais c'est Poppy alors elle n'en fera rien. Elle préfère se plier en quatre, courir à s'en brûler les poumons plutôt que de prendre le risque de le décevoir, Brody comme quiconque. L'eau chaude roule sur ses muscles souples, à peine endoloris par un long entraînement et elle ne se sèche qu'à moitié, renfilant bien vite un justaucorps à manches, une jupette fluide et ses guêtres sur sa peau moite pour ne pas être en retard. Souvent dans ses pensées, perdue dans les affres de sa mémoire, Poppy se révèle étourdie. Aussi est-elle partie sans vêtements de rechange persuadée de ne faire que l'aller-retour entre ici et chez elle. Ses cheveux détrempés coulent dans son dos et ne manqueront pas d'onduler de la plus folle des façons mais tant pis, Poppy fonce. Elle avale la distance en entrechats gracieux, aussi vive et naturelle que l'eau d'une rivière, pour rejoindre le point de rendez-vous. Le même point de rendez-vous qu'il y a cinq, dix, quinze et même vingt ans. Le quatrième banc sur la droite, en partant de la rive ouest. Il porte même leurs initiales, entourées non pas d'un coeur d'amoureux mais d'un cercle, symbole d'infini et de pureté. Un B et puis un P entrelacés, gravés à l'opinel sous le regard effarouché de Poppy pour qui la discipline était un concept très important, auquel on ne devait pas déroger, jamais. Le souffle à peine bousculé, elle a le toupet d'arriver en avance devant le banc inoccupé. Elle sourit dans le vide, à tout le monde comme à personne, peut-être qu'elle sourit pour ce frère qu'elle imagine toujours veiller sur elle, et finalement se laisse tomber sur le banc. Poppy s'assoit en tailleur, caresse de la pulpe de l'index le cercle qui signifie tant pour elle et attend son bel inconnu, l'étranger devenu familier au fil des rendez-vous jamais manqués. Malgré les interdictions, malgré les hématomes ou les plaies parfois voyantes pour lesquelles on la confinait à l'intérieur, malgré la météo, malgré la vie et ses aléas, Poppy a toujours bravé les obstacles pour ne jamais manquer Brody. Elle l'a fait, une fois, une seule, quand la police la questionnait sur le drame de la veille et qu'elle persistait à s'accuser sans se douter qu'elle ne faisait qu'aggraver le sort de son frère. Mais c'est tout. Enfant, elle imaginait même Brody comme un ami imaginaire ou un ange gardien, en tout cas un être bienveillant issu de son imagination qui apparaissait comme par miracle une fois par mois pour la baigner d'une aura rassurante, l'écouter sans juger, l'étreindre ou juste se taire et serrer sa main minuscule entre ses doigts. Dans ce monde d'enfant recluse et soumise aux pires travers des adultes abusifs, on ne pouvait pas être gentil ainsi, sans raison, alors Brody était devenu une chimère de son imagination. Et au fil des rencontres, Poppy a fini par réaliser que le monde ne se bornait pas à ce qu'elle en connaissait et que dehors, tous ne lui voulaient pas du mal. Elle a mis longtemps à s'ouvrir, à dépasser ses craintes et sa méconnaissance de tout ce dont on la privait mais elle sait, avec une intime conviction, qu'elle lui doit beaucoup. A lui,  enfant plus mature que les autres qui un jour a posé son regard sur une môme silencieuse et isolée. Ce n'est plus le cas aujourd'hui même si Poppy n'est qu'un mécanisme monté à la va-vite, susceptible de sombrer à tout instant. Ce n'est plus le cas parce qu'elle lutte chaque jour, elle nage à contre-courant au lieu de se laisser noyer par son passé, sourit au lieu de s'effondrer et tente de répandre le bonheur autour d'elle en espérant que quelques miettes l'atteignent, elle. Et pourtant ce rendez-vous tient toujours, doté des mêmes règles qu'auparavant. Ils ont seulement grandi. La silhouette significative de Brody se découpe au loin et le visage de Poppy s'éclaire d'un naturel éblouissant, nimbé de la jolie lueur d'une joie reconnaissante. Elle le suit du regard et se lève à son approche pour l'étreindre avec sa délicatesse de poupée. Elle se sent minuscule entre ses bras et le parallèle la fait sourire : il fut un temps, elle était plus grande que lui. Mais il a poussé, se dotant d'une stature élégante quand elle a oublié d'en faire de même, restant minuscule et facilement fondue dans le paysage. « Bonjour. » note-t-elle de sa voix rauque, basse mais presque inaudible. Un sourire effleure ses lèvres alors qu'elle le dévisage avec sa tendresse coutumière et il ne la quitte pas, quand elle embrasse sa joue pour le saluer. Un seul baiser, là encore c'est un grain de souvenir, une relique de leur protocole d'enfants. Poppy se rassoit en tailleur sans prendre de place, ses jambes nues sous son manteau traversées d'un frisson, et darde sur lui ses opales mouillées au sein desquelles on se noierait. Poppy dévisage d'une façon singulière, avec une infinie douceur qui caresse mais aussi un intérêt accru qui ne diminue jamais. Quand elle fixe, elle donne l'impression de voir plus loin, de déceler et d'apprivoiser l'âme, de démêler les secrets et surtout de ressentir une profonde empathie. Rien d'autre que des beaux sentiments, ceux qui élèvent et apaisent. Et toute à son observation, elle conserve un silence saisissant, qui n'est jamais gênant entre eux. Poppy est conciliante, elle laisse toujours la main, poupée docile. Alors elle offre à Brody les rênes de la conversation et même de leur après-midi, sans piper mot : c'est implicite et surtout c'est déjà écrit. 
Revenir en haut Aller en bas
 

when we were young (b)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» young but not that bold. (r)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Fairview's Tales :: Long Creek Bridge-