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 if you call for me you know I'll run (Roxcy)

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Roxane Bedelia

Roxane Bedelia

Messages : 421
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Crédits : romane

if you call for me you know I'll run (Roxcy) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: if you call for me you know I'll run (Roxcy)   if you call for me you know I'll run (Roxcy) - Page 2 EmptyDim 10 Avr - 12:21

Elle se sentait aculée, comme un animal retranché dans un coin, qui sort les crocs et grogne pour faire reculer l’assaillant. Mais Eliott, en apparence, n’avait rien d’un assaillant. Il n’y avait qu’à le regarder, avec son corps dégingandé et maladroit, son regard de chiot abattu et abandonné, ses épaules voûtées. Il n’y avait qu’à entendre la douceur dans sa voix fébrile, ses mots qui s’entrechoquaient, qui s’efforçaient d’être persuasifs, de la convaincre. Mais elle n’entendait pas, tout ça. Tout ce qu’elle sentait, c’était l’invasion, l’approche forcée, le piège qui se refermait sur ce cœur qu’elle avait barricadé comme elle pouvait, avec des sparadraps qui ne collaient plus, avec des points de sutures qui menaçaient de lâcher à la prochaine incursion d’Eliott dans son esprit. Comment un être aussi peu charismatique pouvait-il l’ébranler de la sorte ? C’était presque pire que Mike parce que ça n’avait aucun but malfaisant, c’était juste naturel et instinctif chez lui. N’était-il pas celui qui s’était intéressé à elle ? Qui avait décidé qu’il voulait l’aider alors qu’il ne la connaissait pratiquement pas ? Quelle absurdité pouvait donc expliquer ce comportement ? À moins que, sous ses airs penauds, Eliott manigançait quelque chose… mais à peine l’idée lui traversait-elle la tête que Roxane la chassa violemment. Impossible, elle ne pouvait pas se tromper à ce point, si ? Et s’il avait quelque chose derrière la tête, qu’attendait-il pour manifester le revers de son aide spontanée ? Roxane ne le savait pas, ne le savait plus. Elle ne pouvait que trembler de la tête aux pieds, dans le doute, incapable d’avoir une explication rationnelle. Elle ne pouvait concevoir qu’on lui veuille du bien, qu’on s’intéresse un minimum à elle sans arrière-pensée, qu’on puisse vouloir la découvrir quand elle n’offrait que cette triste façade aux couleurs délavées. Elle ne dégageait aucune joie de vivre, aucune sympathie. Elle n’était qu’une coquille vide et fade sur laquelle les yeux se posaient rarement ou par inadvertance. Et le pire, c’était qu’elle ne cherchait même pas à noircir le tableau pour faire fuir Eliott. Elle laissait à sa carapace le soin de dissimuler le moindre attrait qu’on puisse lui trouver et si, à une certaine époque, elle était la proie idéale pour un reptile assoiffé de pouvoir, elle n’avait même plus cet avantage. Souvent, après l’incident, elle s’était demandée ce que Mike pouvait trouver d’amusant à la conquérir, à la dominer, quand il avait le monde à ses pieds. Mais au moment de l’esclavage, Roxane ne s’interrogeait pas, elle se contentait des moments qu’il lui offrait pour se sentir vivante, quitte à avoir le sentiment d’être encore plus transparente dès que le regard métallique de son prétendu petit ami trouvait une autre occupation, plus passionnante. Alors, vraiment, elle ne voyait pas pourquoi Eliott Green, qui ne l’avait pas connue à l’époque, se donnait tant de mal à s’immiscer dans son quotidien. Espérait-il un objet facile qui ne lui offrirait aucune résistance ? Eh bien, il se trompait et il avait dès lors utilisé son argent à mauvais escient. Pourtant, lorsqu’elle découvrit sa mine effarée, un relent de culpabilité lui mordilla la poitrine. Il était clair qu’il ne comprenait pas, encore moins cet éclat soudain auquel elle ne l’avait pas habitué. Il avait été modelé aux grognements, aux lèvres pincées, aux épaules qui se haussent, aux yeux qui roulent, aux soupirs impatients mais pas à ça, pas à cette voix éraillée, à ce ton amer, à ces vibrations qui émanaient d’elle comme un courant électrique. Les balbutiements du jeune homme eurent tôt fait de terminer de l’accabler et elle regretta presque qu’il ne s’emporte pas à son tour, pour la traiter d’égoïste, d’insensible, pour souligner le fait que si elle en était là, c’était en grande partie par sa propre faute et qu’elle n’avait pas à tout reporter sur lui qui, dans sa grande bonté d’âme, l’avait soutenue quand personne ne le faisait, quand il était le seul à agir comme si elle existait vraiment. Roxane ne savait pas comment elle aurait réagi à ces mots-là mais ça aurait été sûrement plus facile que face à ses excuses embrouillées. La jeune femme pinça ses lèvres tremblantes, incapable de savoir quoi répondre. Elle ne voulait pas qu’il s’excuse, elle voulait qu’il s’en aille, qu’il ne la malmène pas, ce qu’il faisait avec brio, sans même en avoir conscience. Il avait un pouvoir inné pour ce qui était de la faire sortir de sa bulle de confort et elle lui en voulait particulièrement pour ça. Plus que pour son invasion, plus que pour ses gémissements. Il ne pouvait pas lui faire ça, il n’avait pas le droit d’exercer ce pouvoir. Il prononça son prénom et elle secoua la tête en fermant les yeux, comme si elle refusait que le son s’insinue en elle, qu’il s’ancre définitivement et ne la quitte plus jamais. Il n’avait aucun droit, malgré l’argent, malgré l’innocence de ses actes. Il n’avait pas le droit de croire qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec elle. Lorsqu’il se redressa subitement, retrouvant toute sa hauteur, la jeune femme recula instinctivement, le toisant, une lueur menaçante au fond du regard. Elle redoutait la suite, ce que cet élan d’assurance allait amener avec lui et elle ne voulait rien entendre. Elle ne voulait pas lui donner plus de place qu’il n’en prenait déjà. « Pourquoi tu fais ça ? souffla-t-elle en ravalant une nouvelle vague de larmes. Est-ce que tu t’ennuies tellement qu’il faut que tu te mêles de ce qui ne te regarde pas ? Ou est-ce une sorte de défi, d’apprivoiser cette folle de Roxane, c’est ça ? » Elle ne voulait pas assimiler ce qu’il lui disait, elle ne pouvait croire qu’il tenait tant à elle. Il ne connaissait rien d’elle. Peut-être était-il vraiment persuadé qu’il nouait une amitié indissoluble avec elle, mais viendrait forcément un jour où il réaliserait qu’ils n’avaient rien en commun pour s’entendre et que sa lubie, une fois passée, lui apporterait regrets et remords de s’être ainsi évertué à la convaincre qu’il voulait qu’elle soit son amie. Elle le savait, elle ne voulait pas en arriver à ce stade-là. Il en était hors de question. « Pourquoi as-tu tout à coup décidé que je devais être sauvée, hein ? Pourquoi as-tu jeté ton dévolu sur moi? Si tu as besoin d’une cause perdue, je suis sûre que tu peux en trouver autant que tu veux à Fairview et elles seront peut-être prêtes à te baiser les pieds pour ta magnanimité mais je ne veux pas en être. Ça ne m’intéresse pas de faire partie de ta clique, tu m’entends ? » Elle n’avait, après tout, jamais appartenu à un groupe quelconque, elle ne se voyait pas commencer aujourd’hui, sans même avoir choisi ce groupe, en plus. Le cœur lourd et oppressé, elle gardait cet air renfrogné qui était devenu sur coutumier. Elle le dévisageait, guettant le moment où il abandonnerait la partie, où il comprendrait qu’il s’était trompé. S’il voulait jouer les bons Samaritains, il avait misé sur le mauvais cheval pour le faire se sentir mieux. Elle n’estimerait jamais lui être redevable parce qu’elle ne lui avait jamais rien demandé. Tout s’était construit dans son esprit de gamin rêveur, elle n’avait rien fait pour l’encourager dans ce sens et s’il voulait sauver une princesse en détresse, il faudrait qu’il trouve une autre demoiselle en pleurs. Ses larmes à elle, elles reflétaient la frustration et la colère, pas la peur et le désespoir. N’avait-il pas assez de pain sur la planche avec Ginger, comme il s’était plu à le lui démontrer quelques minutes plus tôt ? Elle serra les mâchoires et resta de marbre, même quand il s’approcha. Elle ne cessa de le fixer que pour regarder ses bras ouverts. Pourquoi lui était-il impossible d’y voir quelque chose de réconfortant ? Elle ne voyait qu’un corps presque étranger qui cherchait à l’amadouer et elle sentit la colère retomber légèrement, probablement aidée par la fatigue qui l’enveloppait en même temps que les bras maigres d’Eliott. Parlaient-ils à ce point des langues étrangères pour qu’il n’intègre pas ce qu’elle lui disait ? En tout cas, il était clair qu’il n’était pas prêt à l’entendre, presque autant qu’elle n’était pas prête à accepter son aide. La sensation de la paume d’Eliott contre son dos lui parut incongrue mais c’est l’esquisse de baiser sur son front qui la fit reculer brusquement, comme si elle s’était brûlée à son contact. Comment pourrait-elle ingérer la tendresse quand elle n’avait connu que l’aspect d’être utilisée pour le simple plaisir d’un autre ? Elle n’avait jamais connu d’autre geste que ceux de Mike et ceux d’Eliott lui paraissaient dès lors incongrus et invasifs. Ses paupières se plissèrent légèrement comme si elle cherchait à percer la vérité, toujours certaine qu’elle était que quelque chose se dissimulait sur la surface, que l’amitié d’Eliott ne pouvait être gratuite et qu’elle cachait un désir secret qui ne tarderait pas à faire surface dès qu’elle aurait baissé sa garde. D’où sa détermination à ne pas le laisser faire, ne pas le laisser entrer si facilement. Sans un mot, le visage toujours fermé mais le regard alerte et méfiant, elle l’observa battre en retraite et chaque pas qu’il faisait pour s’éloigner ôtait une partie du poids sur la poitrine de Roxane. Avec la distance, elle se sentit respirer à nouveau et le nœud dans son ventre se dénoua peu à peu. Il fallut une nouvelle fois l’intervention de Zelda pour la sortir de sa torpeur et elle baissa le regard pour voir le chaton se frotter contre ses jambes. Un léger rire lui échappa, mélangé à un reniflement et elle s’agenouilla pour attraper l’animal sous le ventre. Il ne pesait presque rien, tout comme elle, et elle se rassit sur le lit pour le caler au creux de son ventre et caresser son dos rond et ses oreilles minuscules. Eliott ne tarderait certainement pas à venir le récupérer et elle profita de cet instant de calme pour se replier sur elle-même et s’imprégner du ronronnement félin. L’eau se mit à couler dans la salle de bain et Roxane se leva, l’animal toujours calé au creux de son bras, pour approcher la porte  ouverte. Un coup d’œil dans la pièce lui confirma ce qu’elle pensait : Eliott n’avait toujours pas compris le message et avait entrepris de faire couler un bain. D’où provenait l’odeur singulière et sucrée, Roxane ne préféra pas le savoir et quand elle le vit se redresser, elle recula, retournant à pas feutrés dans la chambre. Elle reprit sa pose initiale et sentit son cœur recommencer à battre plus vite, lui qui avait tant peiné à retrouver un rythme normal. Invariablement, elle sentit sa respiration se compliquer et elle fixa la porte, s’attendant à le voir apparaitre. Les secondes s’égrenèrent et Roxane fut bien obligée de sortir de son antre. Zelda lovée contre sa poitrine, elle traversa le couloir, jeta un coup d’œil à la salle de bain, puis poursuivit son chemin jusque dans le salon où Eliott était affalé dans le canapé. Il devait s’attendre à ce qu’elle se soit faufilée dans la salle de bain, être en train de se déshabiller pour s’immerger dans l’eau chaude et, comme il l’espérait, se détendre. Mais elle n’en fit rien. Car après le geste furtif de ses lèvres contre sa peau, ses tentatives de l’enlacer et maintenant son objectif de la dénuder, elle ne pouvait lâcher l’image qui lui vrillait la tête, quand bien même elle ne ressemblait en rien à Eliott et qu’elle le savait parfaitement. « Si ton but est d’avoir une fille facile pour te consoler de Ginger, tu perds ton temps, lâcha-t-elle, son rythme cardiaque prenant des allures de course hippique. Elle est mon amie, elle me connaissait à l’époque. Et je ne fais plus… ça. Tu n’es de toute façon pas mon genre » Elle avait l’impression de déblatérer ces mises en garde comme un robot, effrayée par ce qu’elle sous-entendait et espérant, au fond d’elle, que ces insinuations feraient fuir le jeune homme pour de bon.
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