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 ces longs silences. (bianca)

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Brody Mayer

Brody Mayer

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MessageSujet: ces longs silences. (bianca)   ces longs silences. (bianca) EmptyJeu 6 Aoû - 1:24

Les étalages lui font perdre la tête. Il jette des coups d’œil vers un premier rayon, se tourne vers un second qui lui semble plus judicieux, pour revenir ensuite sur le troisième sur lequel il s’était d’abord arrêté. Brody est très ordonné dans son travail. Les dossiers sont rangés par ordre alphabétique, et aucune feuille volante ne reste très longtemps sur son bureau. Chaque chose est à sa place. Quand il s’agit de sa vie privée, les choses sont tout de suite plus compliquées. Si son appartement est au premier abord chaleureux et accueillant, il cache quelques salles dans lesquelles il vaudrait mieux ne pas s’y aventurer. Sa cuisine est un champ de bataille. Sa vaisselle est à l’abandon pendant des jours avant qu’il ne se décide à la faire – et ce, seulement lorsqu’il se rend compte qu’il ne lui reste plus de cuillères propres. Il ne prend pas le temps de faire le ménage, ne voyant, selon lui, qu’une perte de temps qui pourrait largement servir à quelque chose de plus important. Il s’y oblige quand il reçoit du monde, mais de toute façon, le vide intersidéral de sa vie sentimentale ne lui permet pas d’en faire une habitude. Ca le rassure lorsqu’il a la désagréable impression que la montagne de vaisselles ne cesse d’augmenter à vue d’œil. Personne ne s’aventure plus loin que son salon, ce qui est une aubaine, et un bon lot de consolation – qu’il tente encore de se persuader. Son frigo vide depuis une semaine, Brody décide contre toute attente qu’il serait peut-être temps de faire une petite escapade. Le voilà donc à parcourir la supérette sans trop savoir quoi acheter. Il aurait pu préparer une liste de courses avant de s’y aventurer, mais il serait encore là-bas et n’en aurait pas fini. Il traverse les allées en saluant parfois deux-trois connaissances qu’il connait de près ou de loin, sans jamais vraiment s’arrêter. Décidant qu’il lui fallait de toute manière remplir ses tiroirs, il jette dans son panier mille et une denrées, fruits, légumes, viandes, conserves, et tout ce qui lui passe à la main, avant de s’attaquer au prochain rayon, auquel il en fait de même. Sans se poser de questions, il tente d’en finir au plus vite pour pouvoir se consacrer à une activité plus intéressante que celle de faire des courses dans une supérette. Distraitement, il longe l’allée jusqu’au coin des lessives pour en prendre une, avant que ses doigts n’effleurent involontairement une femme, qui de surcroit, était prête à vouloir la même. Retirant immédiatement sa main, par gêne et par politesse, Brody lève la tête et aperçoit celle qu’il n’avait plus revue depuis bien longtemps. Comme une apparition divine, la femme de la bibliothèque est juste devant lui. Il la pensait disparu, reparti dans son quotidien accompagné de son mari, et ne se serait jamais imaginé un seul instant la croiser autre part qu’entre deux rayons de livres poussiéreux. Leurs rendez-vous silencieux ne s'étaient jamais passés ailleurs que là-bas. « Désolé, » répond-il dans un sourire timide. D’un geste, il lui laisse la place et lui sous-entend qu’il lui laisse volontiers le paquet de lessive. Les femmes d’abord, il se contentera d’autres choses. Sans la quitter des yeux, il reste un instant interdit, cherchant son prénom dans les quelques souvenirs qu’elle lui a laissé lorsqu’elle et sa famille venaient partager un moment chez eux. Ils sont un peu flous, et il se souvient surtout de l’extravagante Darcy qui était l’animation de leurs dîners. Sa sœur, elle, était toujours à l’écart, jamais un mot de trop, ni un sourire plus sincère que poli. « Bi… Bianca, c’est ça ? » Il a hésité, il est prudent, mais il a quand même tenté, et il espère vraiment ne pas s’être trompé. Ce serait dommage de la vexer si vite. Rattraper l’erreur serait difficile. « Brody, » se présente-t-il à son tour, avant d’ajouter : « on se croisait souvent à la bibliothèque, » au cas où elle ne verrait pas le rapprochement immédiatement. Il a ostensiblement utilisé le passé, parce qu’elle ne vient plus, qu’elle a simplement... disparu.
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Bianca Reeves

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MessageSujet: Re: ces longs silences. (bianca)   ces longs silences. (bianca) EmptyJeu 27 Aoû - 17:00

Elle connaît presque les rayons par coeur. Elle déambule par automatisme. Pourtant cette fois elle hésite, ne se déplace pas de rayon en rayon en sachant exactement ce qu'elle veut y trouver, elle n'a pas non plus de liste pour savoir ce qui lui manque. Elle est un peu perdue, comme si on avait tout changé de place. Pourtant tout est en ordre, il n'y a que dans sa tête que tout est chamboulé. Elle s'est décidée à faire les courses pour Liam, pour faire un moins un geste, quelque chose. Pour ne pas avoir l'impression de simplement séjourner chez lui, parce qu'elle ne veut pas. Elle se sent déjà mal d'occuper son espace, de lui prendre du temps. Alors elle a voulu aider un peu, l'idée lui a prise précipitamment, elle est sortie sans vraiment réfléchir. Mais maintenant qu'elle est face aux rayons, elle est perdue Bianca, parce qu'elle n'a pas même fait attention à ce qu'il manquait ou non, ni a ce qu'il achetait d'habitude. Elle ne pouvait pas acheter des choses qu'il n'aurait pas acheté, elle ne voulait pas changer ses habitudes, alors elle hésitait devant chaque rayonnage pour ne presque jamais oser prendre quelque chose. Elle laisse finalement tous les rayons alimentations de côté, après de longues minutes d'errance devant chacun d'entre eux. Elle aurait dû lui demander ce dont il avait besoin, attendre son retour et y aller le lendemain. Mais elle n'avait pas réfléchi, elle qui d'habitude faisait attention à tout, elle avait simplement voulu faire quelque chose d'utile dans la précipitation. Et elle se retrouvait perdue dans le supermarché. Finalement elle s'arrêta devant les produits d'entretient, puisqu'elle était certaine de pouvoir en acheter, comme le savon et la lessive. Voilà, elle allait acheter de la lessive, elle ne risquait pas de bouleverser ses habitudes cette fois, l'image du paquet déposé près de la machine encore en mémoire. Elle regarde les différents produits et puis s'arrête devant celui qu'elle reconnaît, et puis ses doigts alors effleurent ceux d'un autre au moment d'attraper le premier présenté. Elle retire sa main rapidement, manque de sursauter, elle n'a pas fait attention. Elle tourne la tête prête à s'excuser mais les mots restent silencieux lorsqu'elle croise son regard. Probablement que son coeur rate un battement face à lui, parce qu'elle ne s'attendait pas à le croiser de nouveau. « D-désolée. » Ses mots font écho aux siens, dans un sourire gêné. En réalité, après les derniers évènements, son souvenir s'était dissipé, enfoui sous des tas d'autres choses, des tas de nuages noirs et gris. Mais c'est comme si tout revenait d'un coup, il réapparaissait dans sa mémoire, et son visage aussi, surtout son visage. Elle hoche la tête, elle voudrait répondre mais les mots ne viennent pas. Elle est un peu perdue, elle sent qu'elle pourrait ne plus dire un seul mot, alors elle reprend ses esprits rapidement sans trop savoir comment. « Oui, je me souviens. » Elle sourit timidement, délicatement, c'est le seul geste qui lui revient, toujours. Bien sûr qu'elle s'en souvient. Brody Mayer. Il n'avait pas même besoin de rappeler son nom, il s'était immiscé dans sa tête tout doucement, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Elle se retrouve presque paralysée, sans savoir quoi lui dire, elle s'était habituée au fait de simplement le croiser, de n'échanger qu'un bonjour dans un murmure, parfois pas même des mots mais juste un regard et un sourire qui signifiaient la même chose. Et ça s'arrêtait là, à cette banalité. Même si malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher par la suite de continuer à l'observer, en tournant une page de son livre elle le cherchait du regard, ses yeux se portaient vers lui lorsqu'elle apercevait sa silhouette s'animer dans son champ de vision, c'était un réflexe qui ne durait qu'une fraction de secondes, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Finalement elle s'est retrouvée à guetter ses venues, ou plutôt les espérer. En arrivant dans la bibliothèque, elle espérait le croiser, et si ce fut d'abord inconscient, comme lorsqu'elle traînait plus longtemps entre les rayonnages à la recherche d'un nouveau livre, elle a fini par se rendre compte que son coeur battait un peu plus vite et s'emballait lorsqu'elle le croisait. Comme à l'instant. Encore plus même cette fois-ci, parce qu'il était associé à la bibliothèque, elle n'imaginait pas même possible de le croiser ailleurs. L'idée de le croiser dans la rue ne lui avait jamais traversé l'esprit. Pourtant il est là, et elle se retrouve complètement prise au dépourvue. En vérité elle n'a jamais pu observer son visage d'aussi près, et elle est presque en train de s'y perdre. Elle a peur qu'il s'en rende compte, lorsqu'elle réalise qu'elle ne bouge pas et qu'elle a les yeux posés sur lui encore, alors elle détourne le regard vers ce paquet de lessive qu'elle tient entre les mains. Elle se rend compte que son coeur bat trop vite encore, elle voudrait que ce ne soit que l'effet de surprise, mais elle sait très bien que s'il avait s'agit de quelqu'un d'autre, elle serait capable de réagir normalement. Et cette idée ne fait qu'amplifier le rythme des battements de son coeur, jusqu'à prendre peur qu'il ne l'entende battre si fort. Elle se sent ridicule de réagir ainsi pour si peu, à sentir son coeur s'emballer, à ne plus savoir comment réagir, à presque paniquer. C'est ce qui lui arrive très (trop) souvent à présent, mais cette-ci tout est amplifié, parce qu'il s'agit de Brody. Elle ne sait pas depuis combien de temps le silence s'est installé, elle espère que cela ne fait que quelques secondes, pour elle cela semble être une éternité. Il faut faire quelque chose, c'est ce qu'elle se répète. Il faut faire quelque chose, alors dans un presque sursaut, elle lui tend le paquet de lessive, délicatement, et en attrape un autre. « V-voilà, désolée. » C'est tout ce qu'elle est capable de dire, sans même réussir à ne pas balbutier. Elle sourit timidement encore, sans qu'elle n'ose vraiment, c'est tout léger.

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Brody Mayer

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MessageSujet: Re: ces longs silences. (bianca)   ces longs silences. (bianca) EmptyJeu 7 Jan - 23:28

Ses mots s’envolent, glissent dans l’air. Elle esquisse un sourire, et le visage de Brody s’illumine, parce qu’elle se souvient de lui. Aux yeux des autres, il a toujours eu l’impression d’être transparent, un homme parmi la foule qu’on salue par réflexe, par politesse, qu’on fait mine de reconnaitre parce qu’il est aux côtés de l’un de ses frères, plus charismatiques, plus beaux, plus grands, plus intéressants. Il vient vers eux, et on s’oblige à lui répondre que oui, bien sûr, qui d’autres que ce bon vieux camarade de Mayer, parce que c’est pratiquement écrit sur son visage, et ce nom suffit à la conversation. Brody, on y jette quelques regards mais on ne s’y attarde pas, on préfère écouter les récits des autres, rire aux plaisanteries de ceux qui savent les raconter, parce qu’on se dit qu’il a l’air bien chiant comme garçon. Ca l’étonne toujours quand on se rappelle de ses allers et venues furtives – celles qui n’étaient pas censées s’inscrire dans l’histoire - qui plus est dans une bibliothèque, là où ils n’avaient échangé rien d’autres que des salutations trop formelles, trop rapides pour marquer un esprit. Elle fait peut-être semblant, elle joue la comédie parce que ce serait indélicat de lui avouer son oubli, elle parait presque embarrassée de se retrouver face à lui, alors il s’imagine que le doute est permis. Il n’est pas blessé de cette pensée, il a pris l’habitude. Il ne perd pas de son sourire, Brody, parce qu’après tout, ils ne se connaissent pas, lui-même s’est senti soudainement piégé quand il a tenté de retrouver son nom dans ses vieux souvenirs. Il a hésité, parce que leurs échanges ont toujours été si brefs qu’ils n’ont jamais pris le temps de se présenter correctement. Il aurait eu l’air bien stupide, s’il l’avait écorché alors même qu’il cherchait la conversation. Il la sent mal à l’aise malgré le sourire timide esquissé sur ses lèvres, et c’est déroutant de ne pas parvenir à la cerner complètement. Elle lui échappe, ne laisse que quelques traces dans son esprit, puis s’envole avant qu’il n’ait le temps de pouvoir la retenir et s’y accrocher. Elle faisait partie de son quotidien, elle était présente, mais absente de son esprit, jusqu’à ce qu’elle disparaisse, qu’elle ne vienne plus. C’est intriguant. Fascinant. Il aimerait la découvrir, parce qu’elle s’est toujours effacée au profit de sa sœur, il l’a vu à l’œuvre aux soirées mondaines qu’ils ont partagé tout le long de leur jeunesse. Il ne sait rien d’elle, ne connait que le strict minimum, qu’elle s’est mariée, mais que ça n’a pas duré. On raconte dans les couloirs les choses qu’elle a vécu. On dit qu’elle a survécu à la tyrannie d’un homme. Il le voit dans ses yeux qu’elle est fatiguée par la vie. Mais Brody ne connait que les rumeurs qui circulent à son sujet. Elle ne dit pas grand-chose, mais elle cache très certainement des choses plus jolies sous la surface abîmée par la vie. La conversation retombe, remplacée par un silence pas assez long pour le gêner puisqu’elle lui tend soudainement le paquet de lessives pour lequel leurs mains se sont effleurés. Ses balbutiements confirment le malaise et aussitôt, il comprend qu’il en est la raison. Il n’aurait peut-être pas dû s’imposer à elle en entamant cette conversation, en pensant que ce serait une bonne idée que de se présenter à elle de cette manière. Et le voilà lui-même embarrassé par la situation, par sa stupide idée d’avoir voulu faire connaissance. Hébété et nerveux, il secoue de la tête en reculant quelques pas, levant les bras en signe de protestation. « Non-non, c’est moi, il est à vous, vous l’avez vu la première. » Il n’est pas certain que cela soit vraiment le cas, mais aucun d’eux ne peut prouver le contraire. Il lance ces paroles hâtivement, peut-être même un peu trop en jetant un coup d’œil vers un paquet qui y ressemble, à l’exception de l’emballage. Sans lui laisser le temps de répondre, il l’attrape pour le lui montrer. « J’vais prendre celui-là à la place, il est tout aussi bien, regardez, ‘développé avec les dermatologues’ » lit-il sur le paquet. Il a lu la première chose qui était inscrite sur l’emballage, sur le même ton qu’il prend pour convaincre ses clients, dans l’espoir d’effacer la gêne et détendre l’atmosphère. « Parfaitement adapté à mes besoins, j’en suis sûr. J’vous en dirai des nouvelles… » Il dit des bêtises, Brody – comme si savoir que son linge est tout doux sur sa peau était une information qui pourrait l’intéresser – avant de s’interrompre, réalisant qu’il n’a aucun moyen de la recontacter s’il l’avait réellement voulu. « …si l’on se recroise... » là-bas. Ils se voyaient encore y’a quelques semaines, à la même bibliothèque. C’était leur rendez-vous de la semaine, celui qu’on ne rate jamais, l’endroit que secrètement, ils partageaient, mais elle a fini par partir et ne plus y revenir. C’est comme ça, qu’il l’a remarqué. Il s’est senti étrange, Brody, comme aujourd’hui, en la revoyant. Il s’arrête, observe les deux billes qui le scrutent toujours, retenant la question qui lui brûle les lèvres. Ce ne sont pas ses affaires, il ne veut pas s’imposer dans sa vie privée, et encore moins la pousser à se confier à un parfait inconnu, mais c’est plus fort que lui. « Vous ne venez plus à la bibliothèque ? »
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Bianca Reeves

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MessageSujet: Re: ces longs silences. (bianca)   ces longs silences. (bianca) EmptyDim 11 Sep - 19:26

Elle ne pensait pas que son geste allait entraîner tant de mots prononcés trop rapidement. Il est probablement mal à l’aise ou embêté, la gêne de Bianca entraîne la sienne même si elle ne s’en rend pas compte, mais elle s’en veut parce qu’elle sait que c’est de sa faute. Elle voudrait dire que ce n’est rien, le remercier, mais elle l’écoute simplement, garde le paquet de lessive entre les mains, il parle de toute façon trop vite pour répondre quoi que ce soit. Mais ça la fait sourire cette précipitation, ses lèvres s’étirent un peu plus que d’habitude, même si elle fait passer son sourire pour un merci silencieux. Mais sa voix à lui se perd un peu tout d’un coup, elle a juste le temps de comprendre qu’il parle de la bibliothèque avant que la question qu’il lui pose n’arrête presque son cœur le temps d’une demie seconde. Les mots lui tombent dessus, surement que ses yeux se sont légèrement écarquillés sans qu’elle ne puisse le cacher. Parce que cela signifiait qu’il l’avait remarqué, surtout, qu’il avait remarqué qu’elle n’était plus là. Alors qu’elle pensait n’être une silhouette à qui il disait bonjour par mécanisme, par politesse, sans y faire vraiment attention. Parce qu’elle s’est toujours effacée derrière sa famille, sa sœur, son mari, alors Bianca est persuadée qu’elle disparaît des esprits une fois les présentations faites, elle prononce son prénom avec tellement de délicatesse qu’il ne peut que s’envoler des mémoires instantanément. « N-Non mais… » Sa voix s’essouffle sans qu’elle ne sache quoi dire d’abord. Pourtant elle n’a jamais eu de mal à cacher les choses derrière ses mensonges, elle récitait sa vie douce et tranquille de femme au foyer sans hésitation, sans fausse note. Pourtant cette fois Bianca se retrouve perdue, peut-être sous le coup de la surprise encore, ou à cause de la question en elle-même. Au même moment un caissier lance un appel, sa voix résonne dans tout le magasin lui laissant le temps de se reprendre. Elle a pensé abandonner ses faux-semblants en quittant son mari, mais elle en était incapable. Parce qu’elle ne pouvait pas expliquer ce qui l’avait mené à tout cela. Les rumeurs avaient rapidement fait le tour de la ville, racontant à sa place son histoire sans pour autant la libérer complètement des mensonges. Elle n’a jamais réussi à dire quoi que ce soit, pas même à Erik, pas même à sa sœur, les mots sont restés bloqués, tout ce qu’elle a su dire c’est que tout allait bien maintenant, sans que ce ne soit tout à fait vrai. Les gens l’apprennent et se font leur propre histoire, ils imaginent les disputes, les reproches qui pleuvent et puis ensuite les menaces, les coups, les bleus qui parsèment sa peau de porcelaine. Mais finalement ils ne savent rien. Personne ne connaît vraiment l’histoire, sauf lui, sauf elle. Et lorsque Brody lui pose la question elle s’imagine un instant tout raconter, dire qu’elle ne venait plus à la bibliothèque parce que son mari avait fini par la faire tomber dans les escaliers, laissant pour toujours une trace de lui dans la cicatrice à peine visible sur sa lèvre. Elle parlerait de Liam, de comment ses mots l’ont sauvé de la noyade. Tout s’est précipité, ou bien le temps est resté suspendu, jusqu’à aujourd’hui encore elle ne sait plus ce qu’elle doit faire, quel chemin elle est censée prendre, et au milieu de ce vide elle en a oublié la bibliothèque. La silhouette de Brody elle aussi avait disparu de son esprit. Mais tout lui revient d’un coup par sa simple présence. Seulement Bianca est incapable de dire toutes ces choses. Il est surtout la dernière personne à qui elle aimerait les dire. Elle se demande s’il est au courant, s’il n’a ne serait-ce qu’entendu des murmures. Sans vraiment savoir pourquoi elle espère qu’il n’en saura jamais rien, qu’elle ne lira pas la compassion ou la pitié dans ses yeux. Simplement que son regard ne changera pas. Mais elle sait que la ville est trop petite, que les rumeurs se répandent vite, encore plus dans les familles comme les leurs. Peut-être qu’il sait déjà. Elle ne posera pas la question. « J’ai été très occupée ces dernières semaines, je me suis laissée emporter par le temps... » Ce n’est qu’un demi-mensonge. Elle n’a plus vraiment de notion du temps, elle est perdue au milieu des jours qui défilent sans elle, ses journées sont particulièrement vides de sens. Cela n’a finalement rien de nouveau puisque sa vie jusqu’à lors n’a été qu’une succession de jours dénués de toute raison d’être. Seulement ce n’est qu’à présent qu’elle s’en rend compte, et elle ne sait pas comment y remédier. Elle ne sait pas comment sortir du vide maintenant qu’elle le comprend. Elle réfléchit sans quitter des yeux Brody. « Mais les choses se calment, alors j’espère pouvoir y retourner bientôt. » Elle sourit délicatement avant de réaliser encore une fois qu’elle le fixe depuis probablement trop longtemps, alors elle pose les yeux sur le paquet de lessive entre ses mains. En réalité non, rien ne se calme, pourtant il ne se passe rien. Elle prononce des phrases toutes faites mais elle sent toujours son cœur et l’océan qui s’y cache. Peut-être que comme ça les choses prendront un sens, en reprenant certaines de ses habitudes peut-être que Bianca saura quoi faire. Elle retrouvera les rayonnages, sa place habituelle un peu éloignée de l’entrée, et puis elle recommencera à espérer croiser Brody pour lui sourire. « V-Vous pourrez me dire si elle est efficace, dit-elle en désignant le paquet de lessive qu’il tenait à présent, si l’on se recroise… » Sa voix se perd dans un souffle mais elle sourit toujours. Elle répète les mots qu’il a prononcé juste avant sans faire attention. Elle a l’impression en disant ça qu’ils ne se reverront plus, que c’est écrit, alors qu’elle espère tout le contraire. Mais c’est surprenant de le croiser ici, elle a une sensation étrange mais pas désagréable qui s’accroche à son cœur, même si elle ne sait pas quoi en faire. Peut-être que c’est juste la surprise encore, parce qu’elle avait l’impression qu’il n’existait plus qu’entre les murs de la bibliothèque.
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