Nova Connely
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ONCE UPON A TIME
♦ Personnage: lili la tigresse.♦ Emploi: bibliothécaire.♦ Relations :  |  Sujet: Re: nos souvenirs (nova) Ven 18 Mar - 22:53 | |
| Erik,
Mes mots semblaient disparus. Je me suis assise au milieu des livres posés sur le parquet avec cette lettre encore blanche et le temps n’a fait que défiler sans que je ne me rende compte de rien. Je ne saurais dire pourquoi, mais tout va bien à présent. Les mots étaient simplement perdus et emmêlés.
Je comprends, je crois. Je comprends que tu souhaites la protéger, mais en faisant ça tu ne peux te faire que du mal. C’est toi, Erik, que tu brises en gardant tous ces sentiments pour toi. En voulant la préserver c’est ton cœur que tu accables. Sauf qu’il n’y a personne pour prendre tous ces maux que tu t’infliges. Qui viendra te sauver toi ?
D’accord alors, c’est promis. Tant que je le pourrais, je t’écrirai, d’accord ? Je laisserai les mots glisser sur le papier, même lorsque, comme aujourd’hui, ils semblent difficiles à trouver. J’écrirai tant que tu le voudras, tant que tu voudras toujours de ces lettres et de ces petits bouts de moi. Je suis heureuse de savoir que le soleil brille encore un peu, même si tout doucement dans ton cœur. J’espère qu’il le ferra encore longtemps, c’est tout ce qui compte. Et lorsqu’il n’y aura plus de lettres, plus de mots, plus de rien, il restera dans un coin de ta mémoire ces lignes indélébiles. J’aimerais qu’elles te préservent rien qu’un peu, même quand le soleil s’en ira, mais je ne sais quoi faire de plus pour t’aider, pour apaiser ton cœur. Je suis perdue comme mes mots.
Sans doute oui, cette correspondance ne peut qu’apporter des bleus au cœur. On pourrait tout arrêter, je pourrais te dire au revoir encore dans cette lettre. Mais la dernière fois aussi, nous devions nous dire au revoir. Je n’en ai pas envie, parce que tes mots entourent mon cœur et le décorent à présent.
Je t’ai vu sur le banc ce matin, au milieu de la brume qui accompagne le levé du soleil. Peut-être est-ce pour cela que les mots me manquent ? Je ne sais pas quelle heure il est, alors que je t’écris tu es encore en bas je crois. Je ne sais pas ce qu’il est bon de faire. Je ne sais pas ce que je souhaite. Je m’excuse de te laisser ainsi dans le froid. Je m’en veux mais ta lettre m’a laissé tanguer, rien qu’un peu, pardonne-moi.
Tes mots se glissent encore dans un coin de mon cœur, je les garde précieusement. Je ne l’ai pas écrit, c’est vrai, mais toutes ces lettres ne signifient que ça, finalement. Tu me manques, toi aussi.
Le ciel commence à se colorer de milles couleurs, ou le fera bientôt, il me rappelle l’été, pourtant il fait si froid dehors, les saisons se mélangent.
Tout se mélange aujourd’hui finalement, mais je pense à toi,
Nova
~
En ouvrant la porte de l’immeuble, le froid tombe d’un coup, l’entoure et lui mord les joues. Mais ça n’a pas d’importance. Elle aimerait que ses pas s’impriment dans la neige, qu’elle puisse laisser cette trace éphémère qui disparaîtrait une fois la neige fondue, mais le manteau blanc n’est pas là, il n’y a que le froid humide du presque hiver. Elle avance tout doucement en regardant le sol et non plus le ciel ou loin devant. Pas cette fois. Parce que peut-être que si elle lève la tête la silhouette qui se dessine sur le banc sera envolée, soufflée par le vent pour redevenir mirage. Mais il fait presque nuit, le soleil partira bientôt se coucher, il brille encore un peu, laisse le rose et le rouge prendre place dans le ciel, et du haut de son appartement, la tête posée contre la fenêtre, Erik sous ces couleurs du soir n’avait rien d’une illusion éphémère. Mais cette fois-ci Nova regarde le bitume, avance tout doucement dans le silence. Elle a longuement hésité. Peut-être valait-il mieux laisser les mots sur le papier, plutôt que de les regarder s’envoler sans retour. Peut-être valait-il mieux le laisser partir. Ses pensées embrouillées n’ont pu que se mélanger toujours un peu plus au fil des heures, elle était perdue Nova maintenant qu’il était là. Elle n’a pas osé regarder par la fenêtre, si ce n’est à son réveil, pour vérifier qu’il était bien là. C’était le cas, même si elle n’avait pas douté un instant de ses mots. Mais lorsqu’elle a sentit le jour prêt à s’en aller, elle a pris peur, comme si la nuit allait l’emporter, comme si Erik allait disparaître, et qu’éternellement elle ne vivrait qu’avec cette impression d’entendre au loin ses mélodies. Alors elle est descendue, tout d’un coup, et à quelques pas Erik est là, assis sur un banc tout près de chez elle. Elle s’assoit à côté et fini par lever la tête vers lui. Le temps soudain s’étire et Nova réalise comme il s’est écoulé. Depuis combien de temps ils ne s’étaient plus vu ? Elle ne sait plus vraiment, mais ça lui paraît si loin, ça donnerait presque le vertige. « Tu vas attraper froid. » C’est tout ce qu’elle lui souffle, son sourire empli de douceur au coin des lèvres, même s’il est tout léger, même s’il est un peu triste. Elle pourrait dire des tas de choses mais c’est tout ce qui lui vient. De sa poche, elle sort la lettre qu’elle a écrit tout à l’heure, un peu plus tôt, ou il y a quelques minutes, elle ne sait pas vraiment. « Elle t’arrivera plus vite comme ça. » Elle lui tend en parlant tout bas. Les battements imperceptibles de son cœur n’ont rien de saccadé, comme bercés par ce visage retrouvé. |
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