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 TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING

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MessageSujet: Re: TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING   TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING - Page 2 EmptyJeu 11 Avr - 20:55

Les mots avaient franchis la barrière de ses lèvres avec une facilité qu’il n’avait pas imaginée. Bien évidemment, il n’essayait pas de se montrer bienveillant et doux à l’attention du gosse qui s’était présenté à lui. Il n’essayait même pas de chercher, quelque part en son for intérieur, les mots qu’une mère ou un oncle aurait pu lui dire. De toute façon, de telles paroles étaient proscrites et bannies de son vocabulaire, il devait superbement les ignorer. Avec cette simple phrase, lâchée à la dérobée, de cette voix monocorde et lassée qui était la sienne : il trahissait la frivolité de la peur qu’il sentait rebondir sur les murs des sous-terrains. Ces sous-terrain qui les abritaient tous de l’orage grondant qui semblait claquer dans l’air sans jamais vouloir s’arrêter. Il en voulait au monde entier d’être ici plutôt que là-bas, dehors, sous la pluie déferlante et les éclairs déchirants. Alors il avait bien le droit de s’amuser un peu, il avait bien le droit de faire croire à un stupide gamin paumé qu’il allait tous clamser mais que la vie serait belle tout de même. La vie ou la mort, dans le fond, c’était la même chose à ses yeux. Il n’avait pas pris garde à la présence de la Maire qui, d’un pas félin, se dirigea droit sur lui pour le choper par le col. Il posa un regard dédaigneux sur la main qu’elle avait osé poser sur lui et laissa un rictus amer déformé ses traits alors qu’elle élevait la voix. Visiblement satisfaite de son petit effet, elle le délaissa là, à son plus grand plaisir. Lui lançant un dernier regard, il cracha dans sa barbe un : « Sinon quoi ? » qui énonçait clairement que les menaces de la belle n’avait sur lui pas plus d’effet que la perspective d’un voyage à Disneyland. Désabusé, il avait donc rejoint son petit groupe et avait décidé d’ignorer de son mieux la présence de tous ces tarés rassemblés. Pour lui qui adorait les gens, quel plus beau cadeau qu’être tous entassé dans une cave dégueulasse ? Se fermant totalement au monde qui l’entourait désormais, avachis dans son coin, Reid ne prêta pas la moindre attention à ce qui pouvait se dire. Il se moquait éperdument de ce gamin qui n’arrêtait plus de chialer et de toutes les paroles qui pourraient être dites pour le consoler : ça ne le regardait pas. Il n’avait, de toute façon, aucune prédisposition pour la vie en société et s’il avait tâché de faire un effort, on l’aurait probablement renvoyé d’où il venait. Autant s’épargner un supplice, à lui comme à eux. Pour passer le temps, qui déjà lui semble infiniment long, Reid se mit à compter les moutons. Ouais, il comptait les moutons. Un mouton, deux moutons, trois moutons et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il fasse une overdose de moutons. Il en était à presque cent quand une jeune femme s’approcha de lui et lui adressa la parole. Premièrement, c’était qui celle-là ? Deuxièmement, pourquoi est-ce qu’elle venait lui parler à lui, avec toute la ribambelle de crétins finis qu’on lui avait servis ? Troisièmement, pour qui se prenait-elle d’ainsi le tutoyer ? Quatrièmement, pensait-elle vraiment qu’il en avait quelque chose à foutre d’elle et de l’image qu’elle pouvait refléter ? Et cinquièmement, allait-elle rester planter là comme une imbécile jusqu’à ce qu’il daigne lui grogner un truc ? Poussant un profond soupir qui se voulait suffisamment audible pour toute l’assemblée, Reid posa un regard vide sur le visage de la jeune femme. « Et ? C’est pas dans mes projets. Tu peux disposer. » Elle pouvait disposer parce que, de toute façon, il ne lui ferait pas la conversation. La personne qui avait fait les groupes avait été stupide de le placer là, elle aurait été stupide de le placer à n’importe quel endroit à vrai dire, alors il n’allait pas faire le moindre effort. Sentant les regards qui se portaient sur lui et la colère monter alors qu’un corps était bien trop proche du sien, Reid gronda et se releva. Comme un lion en cage, il se mit à tourner autour de tout le monde, de tout, de rien. Il allait ici et là, il faisait le cent pas. Où qu’il aille et quoi qu’il rencontre, ça finissait inlassablement par l’agacer. Ce lieu l’irritait à un point insoupçonné. Toutes les babioles entreposées là avaient l’allure de trucs inutiles et il se demandait bien pourquoi tout cela était conservé. Saisissant un objet pour l’analyser, il le replaça bien vite à sa place quand il constata l’amas de poussière qui s’était déposé sur ses doigts. Alors qu’il s’apprêtait à, définitivement, quitter ce lieu de malheur, son regard se porta sur une dague qui attisa sa curiosité. Sans pouvoir réfréner l’envie de la toucher, Reid y posa les doigts et senti, au moment où le tonnerre gronda plus fort que jamais, une décharge électrique parcourir l’entièreté de son être. Ses deux pupilles figées fixaient l’objet et pourtant, c’était tout un film qui se dessinait sous ses yeux. La première image qui s’imposa à lui était celle d’un enfant, un enfant qui se faufilait partout avec une agilité déconcertante. Un enfant qui, pour survivre, semblait voler tout ce qu’il pouvait. Et il s’était justement saisi de cette dague, cette arme qui serait sa première, la seule qui ne quitterait jamais. Et il entendant ce cri de vieillard qui lui hurlait combien il avait de la chance. Chance. C’était le nom qu’il s’était choisi après cette escapade dans la forêt. À ses images, des nouvelles vinrent se mêler. Celle d’une rousse flamboyante qui lui souriait, lui susurrait des mots en secret. Son cœur, qu’il soupçonnait éteint depuis toujours, s’agita dans sa poitrine. Il cherchait dans sa mémoire le nom qu’elle pouvait avoir, mais il ne pensait qu’à Amélia. Cette femme qui, parfois, s’asseyait sur son banc comme s’il lui appartenait. Le tout s’estompa et un autre visage glissa sur ses prunelles. Geva. Petit corps de poupée, petite fée désailée. Et il repensait à Taddie. L’exact opposée de celle qu’il avait connu. Connu où ? Connu comment ? Tout était là, dans sa tête et pourtant tout était flou. Il ne trouvait ni les mots, ni les sensations. Tout était entrelacé, mélangés, dangereusement désarmant. Et pourtant, deux visages réveillèrent le pire sentiment qu’il avait en lui. Le seul qu’il avait trainé jusqu’ici. La haine pour tout ce qui avait deux jambes et étaient dotés de paroles. Grace et Jude. Les deux personnes qui lui avait tout pris autrefois et qu’ici, avait tout pour avoir une vie tranquille. Il se demandait ce qui pouvait bien déconner dans ce monde, ce qui pouvait bien déconner avec lui, ce qui pouvait bien déconner dans cette foutue pièce. Perturbé, immobile, ses doigts se décrispèrent de la lame et il relâcha la dague qu’il avait bien trop pressé contre sa paume fermé, l’abîmant légèrement. Chance, Reid. Était-il l’un, était-il l’autre ? Que pensait Reid de Chance et que pensait Chance de Reid ? A l’intérieur de lui, c’était le désordre le plus complet, l’incompréhension la plus totale. Il avait eu deux vies, l’une lui semblait si floue mais si réelle. Alors que l’autre lui semblait limpide et presque artificiel. Il réalisait qu’il avait préféré se complaire dans sa solitude ici, que dans sa trop grande empathie là-bas. Bien sûr, il ne regrettait en rien les décisions qu’il avait prise autrefois, il ne regrettait pas les bons sentiments qui l’avait animé. Mais ici, ici, les déceptions ; il n’en n’avait pas connue. Il n’avait pas eu le cœur piétiné par les sentiments, il n’avait pas eu le corps déchiré par des sorts, il n’avait été le pantin de personne. Ici, il avait le seul maître sur toute la ligne. Mais Chance, cette parcelle bien trop humaine qui faisait de nouveau son trou en lui, lui imposait des sentiments dont il n’avait pas envie. Il n’avait eu que des souvenirs volés, des moments partagés. De ses bribes de mémoire, il reconstruisait quelque chose dont il se rappelait à peine. Son cœur, plus douloureux que jamais, battait si fort dans sa poitrine qu’il avait l’impression qu’il finirait par exploser. Sa respiration, même s’il ne l’avait pas remarqué, s’était coupée et il suffoquait sans pouvoir retrouver l’air qu’il cherchait. Les yeux qu’il avait gardé grands ouverts jusqu’ici se fermait et n’avait plus envie de s’ouvrir. Qu’est-ce qu’il verrait après cela ? Qu’est-ce qu’il verrait ? Serrant les poings, désorienté, Reid sentit son corps chancelé malgré lui. Et même avec toute la bonne volonté du monde, il ne pouvait pas rester dans cet endroit confiné. Il ne pouvait pas être là, à trois pas de Geva… Taddie… L’une ou l’autre, les deux à la fois, il ne savait pas. Il ne pouvait pas voir que les actions passées pour la sauvée n’avait pas le moindre impact ici. Qu’il ne pourrait rien vendre, rien offrir pour panser son cœur malade. Il n’était, finalement, dans un monde comme dans l’autre, qu’un échec orgueilleux. Il avait cru que c’était pour les autres, peut-être l’avait il fait pour lui… Inspirant soudainement une grosse bouffée d’air pour renouer avec cette réalité aussi dérangeante que… réelle ? Irréelle ? Il fit demi-tour d’un geste brusque, bouscula peut-être des gens sur son passage, ne s’en rendant même pas compte et il fonça vers la sortie. Cette sortie dont il avait besoin pour ne pas s’intoxiquer de tout ce qu’il venait de voir et qui était à la fois trop brutale et tangible, trop soudain et trop incompréhensible. Il couru sous la pluie, longtemps, il couru sans s’arrêter, s’essayant à ne pas penser, s’insufflant de ne pas penser. Il laissa son corps s’imbiber d’eau jusqu’à le trouver trop lourd à transporter et se laisser retomber sur un banc. Ce banc qui avait été sa maison, ce bon qui n’avait rien d’une forêt enchanté. Et il resta là, longtemps, les yeux fermés à contemplés les morceaux brisés de deux vies mélangées. Il resta, l’esprit en éveil mais mort. Et il s’endormit sans même s’en apercevoir. Il sombra dans un sommeil sans songe, comme ça ne lui était plus arrivée depuis… depuis toujours, maintenant qu’il vivait ici.

hj :
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