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 born to die

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Clara Chamberlain

Clara Chamberlain

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ONCE UPON A TIME
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MessageSujet: born to die   born to die EmptyVen 21 Aoû - 0:37

Clara a toujours plus ou moins aimé sa vie. Elle n'a jamais été digne d'une comédie romantique ou d'un épisode de Gossip girl, elle a été plutôt banale et conforme à celle d'une famille nombreuse de classe moyenne mais elle croit qu'elle a toujours réussi à en faire un truc plutôt bien, satisfaisant. Elle a bossé dur pour ça, vraiment dur. Elle a bossé à l'école, à la maison, pour se construire un avenir, pour gagner du fric, pour aider ses parents, pour gâter ses petites soeurs et surtout pour sa gueule, pour s'échapper d'une existence qu'elle n'a jamais trouvée à sa hauteur, pour trouver mieux, ailleurs. Malgré ses mauvais choix, son égoïsme assumé et ses névroses, Clara n'est pas mécontente de son parcours et s'est toujours arrangée pour réussir, plus ou moins, pour retomber sur ses pattes et continuer la course haletante jusqu'à sa vie parfaite, son avenir radieux, sa carrière brillante. Mais l'illusion s'est finalement brisée, le karma est venu lui coller la sacrée claque qu'elle mérite depuis des années et sa vie maîtrisée, chronométrée à la minute près, a déraillé dans un grand brasier dévorant tout sur son passage. Clara a frappé, crié, hurlé, pleuré, elle est devenue l'une des héroïnes tragiques qu'affectionne Elijah, ces filles sublimes dans leur pathos, pleines d'émotions et de sentiments, sensibles et mauvaises, tout ce qu'elle n'est pas, elle qui se targue d'être une nana cool, un peu chiante mais loin d'exploser en coup d'éclat pitoyable digne d'une drama queen sur le déclin. Elle est passée par tous les stades, Clara, par toutes les couleurs du spectre émotionnel jusqu'aux affres qu'elle aurait cru ne jamais ressentir. Tous l'ont frappée en même temps et la main de fer qui se referme sur son existence a décidé d'arrêter les frais. Elle tape du poing au lieu de tout ranger, détruit les cases et les grands plans de carrière, elle brise les recettes healthy et les smoothies à cinq heures du matin, détruit les joggings matinaux et les listes interminables, jette ce coeur carnivore aux oubliettes, incapable d'aimer sans dévorer, infichu de choisir sans renoncer. Elle en a marre, des efforts qui ne payent pas, des rêves (même vains) qui partent en éclats, elle en a sa claque putain, sa claque. Alors après cette journée minable en forêt, les larmes et les grands fracas, elle a décidé de s'oublier. De s'oublier pour de bon, pour de vrai, comme elle ne l'a jamais fait de toute sa vie. A l'époque où les adolescents de son âge s'abrutissaient d'alcool, Clara cumulait deux jobs et une place de première de la classe à conserver précieusement. Elle était plus mature que la moyenne, aînée oblige, et méprisait autant qu'elle l'enviait cette classe frivole qui buvait et baisait là où elle rêvait déjà à mieux. Elle n'a jamais été débridée autrement que sous la coupe de l'amour, elle n'a jamais eu de crise d'adolescente, laissant celle-ci à Faye. Clara a toujours été ainsi, déterminée et ambitieuse, étoile filante parmi les astres. Pas ce soir. Ce soir, elle a besoin de se débrancher, de s'oublier, de tout oublier. Sous la douche, elle frotte les mots d'Elijah qui restent accrochés à sa peau, elle suture la plaie causée par Brandon, cette révélation qui fait mal et perle encore, elle nettoie rageusement sa peau jusqu'à ce qu'elle rougisse sans pour autant se sentir mieux. Elle oublie sa tenue de sport, elle oublie ses costumes de working girl échevelée et ses fringues de blogueuse fashionista, elle oublie tout ça au profit d'une robe trop courte jamais portée, d'un corail si clair qu'il se fond avec la pêche de sa peau. Elle se pare d'atours qu'elle réserve aux occasions spéciales, sort du fond du placard sa lingerie la plus affriolante et se cache derrière un maquillage moins léger que celui qu'elle arbore généralement. Clara ne se reconnaît qu'à peine dans le miroir et ce constat renforce encore sa détermination. Ça lui plaît, d'être autre, une autre moins vive et plus féline, au sourire paresseux qui en dit long au lieu de son minois cynique. Elle détaille ses yeux noirs aux longs cils et ses lèvres vermeilles, sa bouche pulpeuse et son regard robotique, convaincu de son entreprise, déjà en pilotage automatique. Clara ne pousse pas l'audace jusqu'à se rendre à l'Insomnia même si ce serait le lieu parfait pour s'y noyer. C'est pas sa faute mais cette péniche délabrée la révulse plus que de raison et cela, depuis toujours. Ce pub qu'on dit authentique, elle le trouve un peu beauf et ne comprend pas comment un espace confiné qui sent la transpiration et la mauvaise bière peut jouir d'un tel succès. Elle lui préfère nettement l'ambiance feutrée et lascive du Whiskey Blue Bar, sa clientèle raffinée à laquelle elle rêverait d'appartenir si elle avait les moyens de ses exigences, sa décoration soignée, son jazz lancinent, sensuel. Là où le WBB se dévoile en s'effeuillant avec langueur, l'Insomnia arrache ses fringues immédiatement pour se jeter sur toi et ça ne lui plaît pas des masses, à Clara. Elle aime à se croire trop bien pour ce lieu, bien au-dessus de ses crachins de rock vu et revu et de ses filles trop ivres qui dansent à moitié nues sur les vieilles tables en bois. Mais la vérité, c'est qu'elle ne l'est pas. Clara a sans doute bien plus de points communs avec ce pub délabré qu'avec son cousin de la rive gauche mais ce soir, elle décide de l'oublier. Ses talons trop hauts la portent jusqu'au bar classieux et elle s'installe au comptoir d'un pas trop vif, trop elle, pour lui offrir l'entrée licencieuse qu'elle espérait. Dans les films, tous les hommes se seraient retournés sur elle et il ne lui aurait pas fallu une minute pour se faire offrir un verre. Dans les faits, le bar est presque vide la faute à cette chasse au trésor qui a épuisé les troupes et personne ne se soucie d'elle. Seule devant un verre de blanc trop sucré pour lui plaire, Clara a tout l'air d'une escort prête à fondre sur le premier porte-feuilles à sa portée et c'est loin d'être un tableau plaisant pour son ego. La soirée passe et les verres s'enchaînent, les bourbons remplacent le vin et quelques tristes esseulés, comme elle, osent plus facilement l'approcher, maintenant qu'elle est plus ou moins ivre et nettement moins intimidante. Les heures passent et Clara fatigue tant et si bien qu'elle envisage de se casser, en pleine discussion avec ce type aussi intéressant que Stuart est sain d'esprit. Elle ne l'écoute qu'à moitié, rit en décalé à ses tentatives minables de traits d'esprit et se met à chercher ses clefs sans essayer de cacher son départ proche. Elles lui échappent et le geste mesuré, élégant, devient une fouille archéologique rageuse. L'autre continue de bavasser, son pied entre en collision avec sa cheville et entame ce qui semble être un ballet nuptial et Clara capitule. Elle fait mine d'avoir trouvé ce qu'elle cherchait – un rouge à lèvres, summum de la superficialité – et adresse un sourire qu'elle espère enjôleur à ce brave homme. Il ne le sait pas encore, mais s'il espère la baiser, ce sera chez lui et avec une nuit à la clef parce qu'il est hors de question qu'elle s'inflige l'humiliation d'aller frapper à sa propre porte au beau milieu de la nuit, sapée comme une pute. Et la faute à son taux d'alcoolémie avancé, Clara n'a pas d'autre idée brillante. Tout son entourage est soudainement parti en fumée, ne laissant que les braises fumantes de Bran, Elijah et de cette petite fille aux grands yeux tristes, morte avant même d'être née. Sa perception du temps devient hasardeuse et après ce qui lui semble une micro-seconde où elle n'a fait que cligner des yeux, Clara est effeuillée à tâtons dans un appartement minable. Elle ignore combien de temps s'est écoulé ou combien de temps a duré son absence, ce qu'elle a pu dire ou non. C'est un sentiment terrible, pour une fille autant dans le contrôle qu'elle, mais elle ne se souvient de rien, absolument rien. Sa tête tourne un peu, elle se sent groggy, étourdie, mais c'est presque libérateur et elle n'oppose aucune résistance aux mains qui la touchent, caressent ou empoignent, font glisser sa robe et frémir sa peau. Le type l'embrasse et elle lui rend son baiser à l'aveugle, dans une pénombre dense, mais loin de la faire chavirer, ce contact lui donne la nausée. Elle s'imagine déjà vomir à ses pieds des litres de vin et de ressentiment, de pleurs et de cris, sa tristesse et sa souffrance, sa honte et sa rage mais Clara se retient. Elle se retient au mur pour diminuer la sensation de vertige qui la prend jusqu'aux tripes et enclenche sans le vouloir un interrupteur qui la sort un peu de ce songe cauchemardesque. Ses grands yeux trop fardés papillonnent et se fixent finalement sur son amant d'un soir. C'est un homme normal, ni plus, ni moins. Il est un peu plus poilu que la moyenne mais possède un beau visage, un visage doux qui rassure. Il commence à avoir un petit ventre mais ce n'est pas déplaisant. C'est un homme normal pour une fille normale sauf que Clara, par un coup du sort qu'elle ne s'explique pas, elle n'a jamais attiré les hommes banals. Elle n'a connu que des hommes exceptionnels et ne veut pas de ce morne spectacle. Même sa queue la révulse, elle est moche, un rien pointue et elle lui donne l'allure d'un rongeur, d'une fouine et elle a envie de tout, sauf qu'elle vienne fureter près d'elle. En réalité, Clara se cherche des excuses, elle n'a pas envie de lui comme elle n'aurait envie de personne. Il n'y a bien que dans les films que ça marche, que la nana oublie ses tracas en baisant comme une déesse avec un bel inconnu qui tombera fatalement amoureux d'elle. Dans la vraie vie, ce genre de situation est juste gênante et Clara n'est pas à la hauteur de ses ambitions, elle n'a pas les couilles de devenir une caricature d'elle-même, un pauvre scénario de série télé de seconde zone. Alors elle repousse les mains avides qui glissent sur elle et se fend d'un « J'ai plus envie. » penaud et presque timoré, loin de ses phrases brutales à la franchise décoiffante. Clara est à vif et elle croit qu'elle pourrait chialer d'être aussi naze, aussi paumée, aussi peu... elle. Elle voulait ne plus être elle ce soir mais elle souhaitait devenir une superhéroïne, une version améliorée de sa personne, qui aurait de la gueule et du charisme, qui serait audacieuse et conquérante, qui pourrait décider de se foutre de Brandon, d'Elijah, des ragots et de l'opinion des gens. Qui se foutrait bien d'un travail, d'une carrière et de fric, de réussite sociale et d'un coeur un peu con. Mais ça ne marche pas comme ça. « Tu te fous de ma gueule ?! » balance la voix rêche de l'éconduit mais le masque trop maquillé de Clara se fend en deux, libérant son visage en détresse et elle secoue piteusement la tête, d'un pauvre non de rien du tout. Et puis, elle est fatiguée. Elle a trop bu, elle a le coeur qui renverse de désespoir ou d'ivresse et finalement, elle s'écroule sur le lit à sa portée, comme ça, dans sa robe trop courte et ses escarpins trop hauts, avec son maquillage qui va souiller sa peau et les draps et son coeur lourd, mais lourd... Le type normal est finalement plutôt brave, il laisse la belle au bois dormant roupiller à sa place et s'allonge de l'autre côté du lit, prenant soin de ne pas la toucher. Clara se réveille à l'aube, avec la sensation qu'une enclume s'est écrasée sur elle et qu'un marteau-piqueur fore l'intérieur de son crâne. Elle n'en mène pas large, la môme, avec sa bouche sèche et sa nausée, son maquillage coulé, sa robe froissée et son estomac qui menace de lâcher d'un instant à l'autre. Elle est crevée et misérable et il ne lui faut que quelques minutes pour disparaître d'ici sans demander son reste. En pilotage automatique, elle traverse la ville encore déserte et n'espère qu'une chose : une douche. Puis son lit. Ou l'inverse, elle ignore son degré de volonté. Clara clopine jusqu'à chez elle, retrouve ses clefs exactement où elle les avait mises et retient son souffle en ouvrant la porte, priant tous les dieux de la création pour ne pas croiser Elijah et pouvoir se terrer jusqu'au siècle prochain en laissant ses soucis aux oubliettes. Clara pénètre à l'intérieur sans faire de bruit – qu'elle pense – mais ses gestes n'ont rien d'aérien dans son état. De toute façon, c'est inutile. Malgré l'heure matinale, elle voit parfaitement la silhouette qui se découpe au bout du couloir, dans le salon : Elijah. Clara se fige, dans un marasme de sentiments confus, mais c'est la honte qui domine. La honte d'être surprise dans cette walk of shame qui ne l'honore pas, quand tout porte à croire qu'elle est allée s'envoyer en l'air au lieu d'affronter ses problèmes ou d'agir décemment, pour une fois. C'est faux mais c'est l'image que ça renvoie et il est trop tard pour battre en retraite. Pour autant, Clara n'ouvre pas la bouche, incapable de trouver quoi dire, incapable de s'exprimer après les mots incendiaires qui sont allés frapper Elijah seulement la veille. Elle se contente de le regarder, stoppée en plein vol, une main déjà posée sur sa poignée de chambre. Quelle carte vont-ils abattre cette fois ? La paix, la guerre ou cet entre-deux troublant dont ils ont dynamité les fondations ?
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Elijah Wingham

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MessageSujet: Re: born to die   born to die EmptyVen 21 Aoû - 20:00

Elijah n'avait pas pu travailler ce jour-là. Son coeur bouillonnait et son esprit ne cessait de répéter les prénoms Clara et Brandon suivit d'insultes fleuries. Il n'avait pas décoléré. Bien au contraire. Plus les secondes filaient plus sa colère atteignait des nouvelles hauteurs sans jamais parvenir à son paroxysme. Plus que tout, Elijah était en colère d'être en colère. Il haïssait comment cette vive émotion s’immisçait partout dans son système nerveux, polluait son cerveau et le vidait de toute substance. Il n'était plus que courroux et rage, une tempête enfermée dans une cage de chair. Sa poitrine se soulevait tandis qu'il naviguait sur différents sites. Il n'arrivait pas à se calmer et frisait la crise de nerf. Il voulait hurler, juste hurler et se déchaîner, extérioriser ce trop plein de sentiments. Il devait se calmer, il se mit à respirer lentement, prenant chaque bouffée d'air précautionneusement, de peur qu'elle l'étouffe. Si son sang pulsait à nouveau d'une manière régulièrement, ses pensées étaient toujours aussi désordonnées. Rongé par la fureur, il revoyait cette scène, ces gens, ces expressions faciales, ces messes-basses, ces regards appuyés, ces sourires entendus. Il voudrait tout oublier, tout effacer. Il aurait aimé que sa vie ne soit que le fruit d'un auteur, que celui-ci puisse simplement presser la touche « effacer » et transformer son humiliation publique en une page blanche. Mais plutôt qu'un personnage de roman, Elijah n'était qu'un personnage pris au piège dans sa pièce éponyme et dont les faits et gestes étaient commandés par une force externe. Un démon ? Une déesse vengeresse ? Elijah n'en avait cure. Il souhaitait juste briser les chaînes qui le maintenait dans cet état d'agitation et retrouver une certaine paix. Elijah ne méritait pas à son sens cette vie. S'il avait commis le péché d'orgueil, il était encore loin d'être le dernier des salauds. Certes, il était un cauchemar sur le lieu de travail et pas toujours un cadeau en société mais Elijah n'était pas si haut dans la liste karmique. D'autres dans cette ville étaient bien au-dessus de lui dans le classement des gens à foudroyer. Et pourtant, le voilà dans son bureau au théâtre, enfermé à double tour, le nez bandé et gonflé, naviguant férocement à travers le web pour jeter au plus vite dehors Clara. Cette pensée s'était délicieusement logé dans son esprit entrecoupé de moments d'incohérence. C'était sur la route menant à l'hôpital alors que la douleur de son nez fraîchement brisé lui arrachait des gémissements de peine et des grimaces peu amènes. Il ne voulait plus jamais la voir. Et par jamais, il voulait vraiment dire jamais. Il le pensait, ce n'était pas juste un de ces jamais qu'on jette pour donner du poids, de la gravité à ses propos. C'était un « plus jamais » revanchard, aveugle et sourd à tout sauf au pincement de la honte, de la colère et de l'amour-propre bafoué, un curieux mélange qui n'avait de différent de la haine que son absence d'aigreur. Il aurait aimé être un homme violent, un enfoiré de la pire espèce, pouvoir oublier sa morale et ses principes de base et jeter les affaires de Clara par la fenêtre. Il aurait aimé avoir des tendances pyromanes et juste mettre le feu à leur appartement. Faire de leur habitat l'expression externe de ses habitants : des ruines enflammés par la flamme de la vengeance. Depuis, cette idée s'était cristallisée à l'intérieur de sa boîte crânienne jusqu'à virer à l'obsession. Frénétiquement, le metteur en scène imprimait des pages entières contenant des offres d'emploi et de logement. Il lui balancerait tout ça à la tête et lui dirait de se trouver un autre chez-elle. Ou c'était peut-être pour lui qu'il faisait toutes ces recherches. Qu'elle parte ou qu'elle reste, lui ne pouvait plus supporter ni sa vue ni celle de leur habitation. Il avait cette sensation d'insectes sur le corps, des petites pattes glissant contre son épiderme et provoquant son dégoût instantané. C'était des démangeaisons après coup, des névroses et des souffles de plus en plus douloureux. Il devenait allergique à tout ça. Allergique à son appartement, allergique à Clara, allergique à cette vie qui ne rimait plus à rien et lui riait même au nez. Pour pouvoir respirer, pour s'entendre encore penser, il continuait les recherches et regardait même dans toute la région, dans les profondeurs de la campagne encerclant Fairview, à Portland, à Salem, au bord de la mer, au sommet de la montagne. Tant qu'elle ne se matérialisait plus devant ses yeux, Elijah pouvait respirer sans être asphyxié par sa propre frénésie. Il l'aurait bien envoyé au diable, s'il y croyait. Il ne pouvait que se tapir dans le noir complet, espérant que cela le calmerait. Mais rien n'y faisait. Elijah n'y arrivait plus. Même la perspective de la jeter à la rue ne parvenait pas à ralentir le feu impétueux de son incendie interne. Il s'arrêta enfin de chercher, de taper mécaniquement les mêmes mots clés. Il n'était pas en paix, ni même en guerre d'ailleurs. Il était dans cet intermédiaire émotionnel semblable à une mutinerie. Il préparait les armes et sonnait les cloches de la révolte, prêt à tout casser et à renverser un pouvoir qui accumulait les excès et déchaînait les passions. Sauf qu'ici, ce pouvoir n'était rien d'autre que sa raison. Il rentra dans cet appartement qu'il détestait avec l'abrutissement d'un somnambule espérant se réveiller d'un cauchemar. Il voulait se coucher et ne pas sortir de son sommeil mais ses yeux refusaient de se fermer. Il se retourna encore et encore dans son lit jusqu'à ce qu'il ne devienne plus qu'un amas de plis et froissements. Les images encore vives de la veille brûlaient sur ses paupières fermées. Il n'y arrivait tout simplement pas. Alors il se leva et fit les cent pas dans sa chambre. Il était seul, Clara n'était pas là lorsqu'il était revenu. Il trifouilla sa tignasse bien fournie avant de se retrouver dans la salle de bain, penché sur le lavabo. Il y avait les traces de Clara partout dans cet appartement. Sa brosse à dents rouge qui se collait contre la sienne, jaune, ses longs cheveux bruns accrochés à une brosse, ses produits de beauté dégoulinant du placard. Même son odeur s'était suspendue dans l'air. Elijah rinça son visage et quitta la pièce, déjà écoeuré. Tournant en rond, il s'occupa comme il put. Il essayait de se fatiguer pour forcer son corps à abdiquer et à le laisser se reposer. Il nettoya chaque parcelle de l'appartement, sauf la chambre de Clara. Il se refusait à rentrer là dedans, de peur que la colère l'emporte et le pousse à faire ses bagages, à tout jeter contre le mur. Il regarda la télé après, ne trouvant plus trop grand-chose à faire. Elijah ne regardait pas d'ordinaire cette machine d'uniformisation collective, preuve qu'il était particulièrement chamboulé. Il n'y avait rien de bien consistant, des programmes insipides créés dans le seul but d'endormir l'auditoire. Des mauvais pornos, des clips des années 80, des vieux films en noir et blanc se succédaient devant son écran. Il éteignit finalement lorsqu'il eut zappé l'ensemble des chaînes. Il soupira, le sommeil ne le gagnant toujours pas. Il se leva derechef et se mit à plastifier l'ensemble des annonces qu'il avait imprimé. Il les rangea par la suite par ordre alphabétique et géolocalisation, puis, il décida de les ordonner par gamme de prix. Il ajouta des couleurs ici et là, pour s'occuper et pour tuer le temps. Bientôt il vit les rayons du soleil percer à travers les stores fermés. Il vérifia l'heure. Six heures. Six heures et il était plus que jamais éveillé et alerte. Il avait peut-être besoin de sortir un moment, de faire une randonnée ou un saut en parachute pour se vider l'esprit. Il y avait toujours Brandon et Clara qui hantaient ses pensées. Il se haïssait d'ailleurs de laisser ces deux individus le soumettre à la fébrilité. Il entendit des bruits de clés, une serrure qui se tournaient et des talons qui se précipitaient sur le sol boisé. Clara, de toute évidence. Il aurait préféré surprendre un cambrioleur ou un criminel en cavale plutôt qu'elle. Il ne put s'empêcher de l'observer évoluer dans l'entrée. Il ne put s'empêcher de ressentir une certaine chaleur à sa vue, un fatras de désir, de familiarité et d'irritation. De toute évidence, elle revenait d'un lit étranger. Cette idée qu'elle se soit jeté dans les bras d'un autre tandis qu'il n'arrivait pas à dormir n'éveilla rien en lui. Ni jalousie, ni dégoût, ni même colère. C'était bien son genre, de penser que tout pouvait se résoudre par le sexe. Elle l'avait amadoué comme ça après tout et elle avait causé tous leurs problèmes par ça. Le sexe, toujours le sexe. Quand il pensait que Clara ne pouvait plus l'étonner, qu'elle avait déjà touché le fond, elle creusait encore. S'il ressentait bien quelque chose en cet instant, ce n'était qu'une pitié tout bonnement humaine, de celle que l'on ressent devant des spectacles désolants. Elle était déchéance faite femme. Un manque d'intérêt, une perte de temps. Il l'aurait presque compatit s'il ne souvenait pas à quel point elle avait traîné son orgueil à terre. Qu'elle souffre, qu'elle meurt de chagrin, elle était le cadet de ses soucis. « Approche. » Il lui intima, recroquevillant son index pour correspondre à l'ordre. Son timbre presque monotone trahissait une pression forte des cordes vocales pour les maintenir à ce niveau.  « Tiens. » Il lui tendit les feuilles plastifiées, retenues par une reliure, contenant l'ensemble de ses recherches informatiques. « Ceci est ma dernière preuve de civilité envers toi. »


Dernière édition par Elijah Wingham le Dim 25 Oct - 23:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: born to die   born to die EmptyDim 20 Sep - 2:00

Il lui suffit d'apercevoir l'éclat ombrageux dans les prunelles d'Elijah pour sentir chacun de ses muscles se tendre. Un courant alternatif, glacé, ondoie dans sa colonne vertébrale pour la prévenir d'une catastrophe imminente, d'un danger, mais il est déjà trop tard. Sa cheville est coincée dans la morsure du piège et elle ne peut plus faire marche arrière. Pour faire quoi ? Pour aller où ? Clara n'est pas un animal traqué, elle a toujours refusé de fuir, de s'échapper, de se dérober même si c'est par instinct de préservation, même si c'est pour assurer sa survie. Elle refuse d'être une victime et si sous l'oeil de son ancien petit-ami elle éprouve la panique timorée commune aux proies, elle ne file pas à travers champ. Elle se contente de l'observer à la dérobée, dans la demi-pénombre de leur appartement. Clara discerne sa beauté inégalée, son charisme brut que rien ne peut diluer pas même le brûlant de l'humiliation ou la froideur polaire de la vengeance. Elijah a les traits tirés, la peau pâle et elle devine sa mâchoire crispée sous ses joues mais même comme ça, il la domine de toute sa stature. De toute sa dignité d'homme bien au-dessus de ça, bien au-dessus d'elle. Ils s'observent comme des lions en cage se jaugeraient de loin et c'est un peu ce qu'ils sont : des bouffons en représentation, des acteurs de second rôle juste bons à abreuver les petits gens demeurés de leur vaudeville nauséabond. Clara est lucide, elle est chiante, cruellement imparfaite, mais elle ne s'idéalise pas, jamais. Elle a conscience de ses défauts, de ses erreurs, de tout ce qui la rend dysfonctionnelle et égoïste. La différence c'est qu'elle l'embrasse et l'accepte. Elle est résignée à n'être qu'une ébauche de celle qu'elle aurait pu devenir, à ne pas être assez gentille, aimante, attachante. Elle compense par une hygiène de vie irréprochable et une ambition dévorante, un travail acharné et une vitalité inénarrable mais elle n'en reste pas moins douloureusement consciente de ce qu'elle, à cet instant plus qu'à aucun autre. Elijah est là, placide alors qu'il doit brûler de rage, il la dévisage sans l'ombre d'une émotion alors qu'elle, à côté, est en disgrâce complète. Sa robe est froissée, ses pieds en compote et le plâtre de maquillage qu'elle a porté pour la première fois a dû se fendiller pendant sa courte nuit, libérant tout ce qu'elle essaye de se cacher. Le brouillon de ses émotions, la colère et la honte, le poids du secret qui ravage tout mais aussi ce sentiment d'injustice. Ils ne méritaient pas ça. Certainement pas Elijah, qui n'a jamais rien fait d'autre que de l'aimer mais elle non plus. Elle croit que personne ne mérite ce genre d'esclandre publique, pas même Mike c'est dire. Elle n'a pas bougé, figée dans un sentiment d'attente insoutenable, incapable de savoir s'il faut se battre ou rendre les armes, rédiger un traité de paix ou mettre un terme à toute relation diplomatique. Ce serait peut-être ça, la solution. Un grand rien. Un mur de Corée, un mur de Berlin, des briques jusqu'au au ciel pour séparer deux idéologies trop proches pour ne pas s'effleurer, s'écorcher. Clara ne sera jamais indifférente à Elijah, c'est son problème. Tout serait plus facile si elle était capable de ne plus rien ressentir à son égard. Plus de culpabilité, plus de colère, plus d'amour, d'amitié ou nostalgie. Juste un grand vide au lieu de marasme qui coule toujours dans ses veines et rend leur relation si électrique. Parce que c'est la même chose pour lui, elle le sait, et c'est sans doute leur coeur de tous leurs soucis. Ils sont des mondes à la dérive, un continent scindé en deux qui se percute et cause à chaque partie de lui des dégâts irréparables. Ils pourraient s'ignorer pour aujourd'hui parce que trop de sang a coulé hier mais non. Non. Ca, ils ne savent pas faire. La voix grave d'Elijah, profonde, s'élève pour l'intimer d'approcher et Clara avance. Elle voudrait protester, lui dire qu'elle est crevée, qu'ils n'ont pas besoin de faire ça maintenant, que ça ne rime à rien et qu'elle n'a pas envie de le confronter. Ce serait vrai. Mais comme un papillon attiré par une flamme, Clara se dirige droit sur lui avec son menton relevé et son port altier, défiant, qui tente de sauver ce qui peut l'être. Son timbre monotone et dur ne trompe personne et elle a l'impression d'avancer vers l'autel. Pas celui qu'ils se destinaient un jour ou l'autre, plutôt celui qui attendait Iphigénie, la mort au lieu du mariage. Clara a le sentiment d'avancer vers son propre sacrifice sauf qu'aucune biche ne se substituera à elle. Elle se demande, l'espace d'un instant, ce qui peut bien clocher chez elle, si elle n'est pas un peu masochiste à accumuler les erreurs juste pour en souffrir et pouvoir s'y noyer. Mais c'est idiot comme raisonnement, c'est complètement con parce que les trois quarts du temps, Clara ne souffre pas, toute verrouillée qu'elle est. Ses pieds nus foulent le sol et à mesure de ses pas, une boule d'appréhension grandit dans son ventre jusqu'à prendre toute la place, diluant la faim, la nausée et le malaise d'une soirée trop alcoolisée. Tout s'efface au profit d'Elijah, comme au ralenti dans le moment marquant d'un film, celui qui change tout et fait tout basculer. Et quand il lui tend un dossier, c'est exactement ce qu'il se produit. Tout s'efface, tout disparaît. Le ralenti s'estompe pour ne laisser que les battements de son propre coeur envahir ses tympans et la boule d'appréhension se crève contre les falaises écharpées d'Elijah. A l'intérieur, il n'y a que de la colère, ce sentiment qu'elle maîtrise mieux que les autres parce qu'il est facile, à portée de tous. Il ne demande ni grandeur, ni réflexion et encore moins de la dignité. C'est facile de s'énerver, de créer des problèmes au lieu de chercher des solutions. Et quand la déception s'en mêle, le reste disparaît derrière un voile rouge sang. Parce que c'est ça, qui l'anime. La déception. Clara ne cherche pas à cacher la stupeur qui l'anime quand ses yeux volent sur la première page pour se stopper net devant une annonce. Pour un appartement. Elle relève des prunelles hagardes sur Elijah, sans vraiment comprendre que le point de non-retour a été atteint, qu'il a décidé de ne plus jamais se retourner dans sa direction. C'est peut-être égoïste, gonflé ou inapproprié mais Clara vit ce moment comme une trahison, une putain de trahison, l'anéantissement de tout le reste. De ce qu'ils ont été, de ce qu'ils essayent d'être, de ce qu'ils auraient pu devenir. Pas nécessairement des amours, mais au moins des amis, des soutiens, un pilier dans la vie de l'autre. Ils se connaissent sur le bout des doigts, ils forment ce tout dysfonctionnel qui puise tout de même quelque chose dans cette complétude malsaine, toxique mais indispensable comme une drogue. Et lui, il fout tout en l'air. Il décide de reprendre ses cartes comme ça, sans un mot juste en tendant son petit livret débile aussi parfait que lui avec sa petite reliure et sa couverture plastifiée minable. La colère grimpe en elle, le sentiment d'injustice qui l'accompagne aussi même si elle n'en a pas le droit. Clara s'en fiche d'avoir le droit, elle s'en fiche que ses émotions soient justes ou pas, elles sont là et elle les éprouve. Elijah le preux chevalier envisage de la foutre à la porte. De chez lui, mais aussi de chez elle, de chez eux, de cet appartement rempli de souvenirs, qui a tout vécu. Il est rempli de belles choses, d'éclats de rire et de soupirs sulfureux, de complicité toute bête et de tendresse, de toutes ces perles d'une routine tranquille qui ont roulé sagement dans les coins, sous les tables et qui se fichent parfois dans le coeur quand on n'y fait pas attention. C'est sûr, leur chez-eux est parfois ombrageux, témoin des balles perdues, du sang et des larmes, des cris jetés au vent et des mots-poignards qu'on ne pense pas. Tantôt ensoleillé ou orageux, il a subi les affres d'une histoire mais Clara l'aime. Elle chérit leurs souvenirs même les moins reluisants et jamais elle ne pense à quitter cet ancien nid qui a parfois la dimension d'une cage, d'un ring de boxe. Elle aime l'idée de vivre avec lui, de conserver quelque chose d'Elijah près d'elle, à elle, même si ce n'est que sa présence furtive et ses silences qui en disent long. Alors elle feule, comme un chat abandonné grifferait la main qui tente de le nourrir. « J'en veux pas, de ta pitié. » Les offres de logement, les offres d'emploi, qu'il se les garde. Il croit quoi, qu'elle n'est pas capable de prendre soin d'elle, de se débrouiller toute seule comme une grande ? Des offres, elle en a collectées des tas mais aucune ne lui convient réellement parce que Clara vise grand, elle vise haut et refuse de recommencer à s'ennuyer dans un poste qui ne lui offre rien et ne promet pas grand chose. Elle ne s'est pas tuée à être la meilleure, tout le temps, pour voir les secondes s'étirer derrière un bureau ennuyeux. Elle a le temps de trouver un travail et elle ne déménagera pas. T'entends Elijah ? « T'as pris ton pied au moins ? » lance-t-elle en pâture en se débarrassant de l'arme du crime. Clara le jette sans un regard en direction du canapé mais bien entendu, rate sa cible et le joli dossier plastifié s'écroule sur le sol, ouvert et inutile. Comme ce qui reste d'eux. « Ca t'a soulagé ? Défoulé ? Tu te sens mieux maintenant que t'as organisé mon départ ? Mais je partirai pas, moi je l'aime encore cet appart. » Y a un ton de reproche dans sa voix, il ne devrait pas vibrer ainsi mais ça ne fait rien, Clara s'en moque. Elle s'en fiche qu'il note sa déception, qu'il la trouve naze à se rattacher à des conneries comme un appartement qui n'a aucun autre atout que celui de les avoir hébergés. Clara soupire, en fixant Elijah comme elle fixerait un étranger. Elle commence à ne plus le reconnaître alors qu'elle saurait redessiner ses traits les yeux fermés. Ce sont ses réactions si coutumières qu'elle peine à appréhender, à anticiper alors qu'avant elles étaient toujours si limpides. « T'avais vraiment besoin de faire ça maintenant ? Je sais pas, tu peux pas nous laisser le temps de digérer, de laisser tomber ? C'est qu'une dispute... » Et un nez cassé mais ça ne fait rien, n'est-ce pas ? Clara ment, elle se ment à elle-même mais pour une fois, ça ne prend pas et elle se marre, d'un rire bref et sec comme du bois mort qui s'envole pour être fauché et s'évanouir aussi sec. Elle s'écarte un peu de lui pour se laisser choir dans le canapé, sans idée, sans prise, sans rien du tout. Clara se sent à poil, dénudée mais surtout désarmée, incapable de savoir quoi dire ou faire panser les plaies ou percer l'abcès. Elle croit bien que le fil sur lequel ils virevoltent est à un rien de la rupture et alors qu'ils sont sur la corde raide, ils sont bons pour s'écraser. « Tu veux qu'on en parle ? » Clara est trop vidée pour une engueulade, elle est vide et accablée par le jusqu'au boutisme d'Elijah. L'idée de le perdre définitivement lui fait plus peur (et mal) qu'elle ne veut bien l'admettre et elle n'est pas prête pour un nouveau deuil, moins de 24h après avoir enterré Brandon Rose.

Bon j'étais censée attendre d'en écrire plusieurs avant de poster mais comme je suis pas prête d'écrire plusieurs rps Arrow born to die 2130416874
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Elijah Wingham

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MessageSujet: Re: born to die   born to die EmptySam 10 Oct - 22:47

Il y avait une phrase toute simple qui disait que, dans une relation, amicale ou amoureuse, il y en avait toujours un qui aimait plus que l'autre. C'était scientifiquement prouvé, démontré, approuvé, bref, il n'y avait pas d'exception ni d'autres règles prêtes à tout remettre en question. Elijah avait toujours cru que c'était lui qui aimait le plus, sans doute à cause de ses sensibilités artistiques. Il était constamment entouré par des mots à l'eau de rose, sans cesse entrain des histoires d'amours qui attiraient toujours leur pesant de sentimentaux. Il avait cru Clara cartésienne, toujours à gribouiller sur la politique, à décortiquer froidement les classes dirigeantes. Il voyait peu à peu cette image qu'il avait fabriqué d'elle, fragments mélangeant fantasme et réalité, rêves et désillusions, s'effacer. Il n'avait, en fait, jamais été celui qui aimait le plus des deux, il était juste celui qui le montrait le mieux. Ou peut-être qu'il se trompait, peut-être que ça avait toujours été lui mais que c'était lui qui haïssait le mieux, le plus vite. Il était toujours dans les extrêmes Elijah et ses sentiments oscillaient trop rapidement. Il ne détestait pas Clara, il ne pouvait même pas admettre ne pas l'aimer. C'était juste qu'il ne la supportait plus. S'il devait faire une analogie, il verrait Clara comme un plat qu'il aurait autrefois préféré à tous les autres. Et puis un jour, la préférence vacille et laisse un goût amer dans la bouche. On n'en peut plus de ce plat, il nous donne la gerbe et tout ce qu'on a envie c'est de l'avoir hors de sa vue, hors de son odorat. Les bons souvenirs s'estompent pour laisser place au dégoût, à l'horreur et au ras-le-bol. Clara était ce plat et tout ce qu'Elijah voulait c'était de l'éloigner. « Clara, je sais que c'est difficile à avaler pour toi donc je vais parler doucement. » Il prit une inspiration pseudo-dramatique qu'il emprunta à un de ses nombreux personnages. « Je ne veux plus vivre avec toi. Et, oui, je veux faire ça maintenant parce qu'il n'y a rien à digérer. Et, non, je ne veux pas en parler parce que je n'ai rien à te dire, enfin rien que je ne voudrais voir être déballé devant tout Fairview. » Voilà, c'était dit. Il aurait voulu que ça se passe en douceur, il aurait souhaité n'avoir qu'à énoncer quelques sous-entendus pour qu'elle comprenne le message et ne cherche pas plus loin. Mais Clara compliquait toujours les choses. Elle devait les rendre plus poignantes qu'elles ne l'étaient réellement. En la voyant fébrile et résistante, il se demandait pour quoi elle se battait. Qu'y avait-il encore à dire qu'ils ne s'étaient pas déjà dit ? Que restait-il à sauver des miettes qu'était devenu tout ce qu'ils formaient ? Ils n'avaient plus rien à se dire tout comme il n'y avait plus rien à sauver. « Et puisque tu refuses de partir, alors c'est moi qui m'en vais. » Elijah partit dans sa chambre et en quelques mouvements attrapa une valise qui traînait par là et commença à la remplir. Il prit tout ce qui était dans son champ de vision sans vraiment discerner l'utile de l'inutile. Il était juste dans une de ces énièmes frénésies.  « Je ne voulais pas en arriver là et te laisser dans le dénuement. » Il ajouta en lui lançant un regard à la dérobée en fixant son visage, comme s'il la voyait pour la première fois. Il avait cette curieuse impression qu’un mur se dressait entre eux, le mur de Berlin. La muraille de Chine même. Désagréable impression d’être à des lustres, des années lumières et pire encore, de Clara pourtant accessible rien qu’en tendant le bras. Mais c'était mieux comme ça, de se dire au revoir de loin, d'éviter tout dérapage, cris et reproches. Elijah s'était suffisamment échiné. Il n'avait plus de volonté ni d'énergie pour un troisième acte. Ça sonnait faux et irréaliste à ses yeux qu'ils puissent continuer à jouer aux idiots et vivre dans le passé. Clara l'avait trahi et trompé, elle n'avait pas hésité à lui mentir allègrement et à le tourner en bourrique. Elle pouvait faire semblant que tout allait bien, que des excuses et des mea culpa guérissaient toutes les plaies mais Elijah n'était pas de ceux qui fermaient les yeux et allaient de l'avant. Non, Elijah s'y refusait, c'était une question de principe. Il savait comment les humains étaient. Si on ne s'affirmait pas, si on se laissait abuser alors on en n'en voyait jamais la fin. Parce qu'il se rendait bien compte qu'elle s'était moquée de lui, qu'elle n'avait pas eu la moindre considération pour lui, pour elle-même et surtout pour eux. Clara était une foutue égoïste et ne pouvait s'empêcher de tout ramener à elle, de vouloir tout s'accaparer combien même elle était mal placée pour le faire. « Mais je me dis que tu as un riche petit ami et que c'est pas comme si c'est la première fois qu'il va payer pour toi. » Elijah regarda Clara longuement. Il la regarda comme il ne l'avait jamais regardée auparavant, avec des yeux de psychanalyste, d'expert, cherchant une faille sur son visage. Clara, il en aurait rempli des cahiers, écrit des notes en tentant de la cerner. Non pas qu'elle était une énigme à déchiffrer mais plutôt un être humain qui défiait toute logique. Il chercha encore dans ses yeux, à travers deux-trois œillades. Il chercha un signe qu'il n'était pas fou, qu'elle s'entêtait réellement dans ce qu'elle ne devrait pas. Il n'y avait ni bon sens ni cohérence, juste qu'un puits sans fin d'illogisme sentimental. Il voulait la secouer. Il voulait la marteler contre quelque chose de dur. Il voulait la réveiller et se réveiller lui-même, la sortir elle de sa fantaisie et lui de ce cauchemar. Elijah n'en fit rien cependant, il n'était pas assistant social. Il se contenta de la jauger tandis qu'il attrapait ses mugs préférés dans le placard. Et ainsi, alors qu'elle aussi le dévisagea, ils se regardèrent l'un l'autre, un peu comme des inconnus qui avaient des impressions de déjà-vus. « Et puis, ça t'a jamais gênée de prendre l'argent des autres alors pourquoi je prendrais des gants ? » Il avait un ton neutre, vidé de toute passion. C'était un fait. Clara aimait l'argent et les jolies choses. Cela ne manquait jamais de le surprendre d'ailleurs qu'elle ait pu à une époque lui courir après. Il n'était pas bien riche et pas le moins du monde influent. Tout ce qu'il avait pour lui, et c'était triste à dire, résidait sur son visage. Peut-être était-ce donc ça, il conclut non sans sourire amèrement. Typiquement Clara. Il secoua la tête et continua à attraper ce qui lui tombait sous la main et lui appartenait après vérification. Il voulait pas trop penser à ce qu'il faisait, ça avait le don de le rendre irrémédiablement nostalgique.  
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Clara Chamberlain

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MessageSujet: Re: born to die   born to die EmptyLun 23 Nov - 21:18

Clara est une obsédée du contrôle. Il n'y a pas de remède, pas d'alternative, c'est comme ça, elle est comme ça. Elle a toujours été ainsi, elle a besoin de listes, de grandes prévisions pour se sentir un peu confiante, elle déteste l'imprévu alors qu'elle même se montre désastreusement tête brûlée, imprévisible, dès qu'elle se sent perdre pied. Et ce moment, son pire cauchemar, elle est en train de le vivre : elle ne contrôle plus rien et sent au plus profond d'elle-même que ce moment charnière aura des conséquences terribles. Elle ne veut pas perdre Elijah, c'est aussi simple que ça. Simpliste et égoïste sans doute mais c'est ainsi. Clara a besoin de lui, elle a juste passé deux années de rupture à se convaincre du contraire mais l'illusion de ses mensonges lui revient en pleine gueule, comme un boomerang. Elijah reprend ses cartes, il est en train de la quitter avec un calme olympien et elle a l'impression de perdre pied. Ensuquée par l'alcool, le manque de sommeil et la peur panique qu'il s'en aille pour de vrai, pour de bon, Clara met de longues secondes à réaliser ce qui est en train de se produire. Elle entend sa voix de maestro et ses mots durs, elle entend ses soupirs mélodramatiques et ce ton condescendant dont il use et qu'elle déteste mais le tout  est trouble, déformé. Ce ne sont pas de vrais mots, palpables et durs, plutôt un bruit de fond parasite à cause d'un mauvais réseau. Elle entend, mais elle refuse d'écouter, elle refuse de laisser les sons pénétrer jusqu'à son cœur, jusqu'à sa tête. Elle leur interdit de faire sens mais son autorité naturelle ne fonctionne pas sur eux. Elijah ne veut plus vivre avec elle. Elijah s’en va. Ca ne devrait pas la bouleverser autant, après tout c’est la logique des choses non ? Un couple qui se sépare, c’est brutal, radical, c’est arracher des années de souvenirs à l’épiderme comme un pansement. Il faut le faire vite, d’un coup sec. Ca fait un mal de chien mais c’est la seule façon d’éviter une douleur constante, lancinante. Mais eux, ils n’ont rien écouté, ni le bon sens, ni les conseils d’amis, ni la logique. Ils se sont crus au-dessus des autres, plus matures et plus forts, capables de tout encaisser et de s’épargner la déchirure. Ils ont eu la prétention de rester amis, de ne pas briser tout à fait leur intimité rassurante. Pour quoi au final ? Le payer au centuple aujourd’hui. Clara a l’impression que le pansement qu’Elijah s’acharne à ôter n’arrache pas seulement sa peau, mais qu’il embarque tout jusqu’à l’os, jusqu’à l’âme. Elle est calme pourtant. Etrangement calme pour quelqu’un comme elle, sujette à la mauvaise foi et aux coups de sang qui n’arrangent jamais rien. Toujours actrice de sa vie quitte à l’entraîner dans des débâcles de série b, elle se retrouve spectatrice forcée. Elle est là, plantée devant à Elijah à le regarder s’éloigner d’elle pour de bon. Elle le fixe de ses grandes opales ambrées qui fusillent et implorent à la fois et elle a l’impression de contempler l’une de ses pièces de théâtre, d’être happée dans l’un de ces vaudevilles comico-tragique et c’est à la fois frustrant et saisissant. Clara voit clair, pour la première fois depuis longtemps. Elle observe le ballet auquel elle participe pourtant de l’extérieur et elle ne voit plus ce couple déchiré qui s’est un jour aimé. Qui s’est tant aimé que les braises ne se sont jamais éteintes et ne s’éteindront probablement jamais. Mais ça ne fait rien, ils évoluent à nu sur elles et s’y crament. Ce qu'elle discerne c'est une mise à mort, celle d'un immense gâchis qui ne mérite ni enterrement, ni oraison funèbre. « Très bien. » C’est tout ce qu’elle trouve à dire alors que sa lèvre inférieure tremble déjà, de colère ou de tristesse elle ne sait pas encore. Elijah remballe ses affaires dans une frénésie désintéressée qui l’irrite. Il souille tout. Tout est déjà sale, bouffé par les vers depuis la veille et lui, en faisant sa valise comme un robot, donne l’impression d’arroser gaiement à l’essence le peu qu’il reste d’eux, le peu qui n’est pas gâché pour y mettre gaiement le feu. Elle pourrait rester là, en retrait, aussi digne que puisse l’être une fille loin d’être drapée du sublime que supposent ces scènes d’adieux, mais Clara entre en scène, dans l’arène. Sans haine et sans brusquerie, comme si pour la première fois, les rôles étaient inversés. Elijah l’inconséquent et Clara la parfaite, lui le feu et elle la glace alors que ça a toujours été le contraire. Elijah est ce soleil, cette météore, cette aurore boréale, ce putain d’univers qui laisse béat et elle a toujours été une étoile commune dans son sillage. « Laisse-moi t’aider, tout va être froissé. » Clara se raccroche à ses névroses, son besoin crucial de choses contrôlées et bien rangées. Elle ne peut pas agir sur la motivation d’Elijah qu’elle sait de fer, elle ne peut pas agir sur le dénouement de cette histoire qui a brûlé pendant des années avant de ne laisser que des cendres au goût amer mais elle peut se raccrocher à quelque chose, n’importe quoi. Alors sans lui laisser le choix, elle s’impose dans son champ de vision, comme souvent. Elle évolue autour de lui avec sa robe trop courte qui lui colle au corps et ses cheveux en bataille pour participer elle aussi à cette fin inéluctable. Clara est redoutablement efficace, comme souvent. Elle rattrape en quelques minutes le bordel immense qu’est la valise d’Elijah et s’attèle à ranger, à plier, à mettre dans l’ordre dans ce qui est pourtant saccagé comme si cette dernière relique d’eux devait être jolie, nette et ordonnée. Mais Elijah ne veut pas de ça, c’est un dramaturge. Alors que le silence plane paisiblement entre eux, il balance l’air de rien la première attaque. Qui la surprend. Clara relève un regard plus étonné que courroucé quand il parle de dénuement et serre entre ses petits poings rageurs la chemise qu’elle s’évertuait pourtant à plier. Elle observe son visage cryptique, illisible malgré les années passées à tenter de déchiffrer ce qui se cachait derrière ce masque de dignité et soupire. Non, tu ne feras pas d’éclats, tu vaux mieux que ça, ne gâche pas tout répète en boucle sa conscience. Et Clara l’écoute, au lieu de se consumer en vol comme elle sait si bien le faire. « Ne prétends pas t’inquiéter pour moi. » C’est sifflé sans élever la voix mais c’est un signal d’alerte avant la soupape de sécurité. Elijah doit le sentir parce qu’il est aisé de lire en Clara. Non pas qu’elle soit sensible mais elle se montre impétueuse et un peu puérile, soumise aux pires débordements humains. Il doit l’entendre oui, et pourtant il continue. Ils se regardent, se jaugent du regard comme deux adversaires avant une joute et il lance le premier coup. Un coup bas, évidemment, qu’elle encaisse en jetant définitivement cette chemise et sa tâche. Qu’il se débrouille de ses vêtements froissés. Le couvercle de la valise retombe bruyamment alors qu’elle adresse un regard noir, vexé, sur les traits sereins de celui qui l’a un jour tant aimée. C’est facile de frapper où ça fait mal quand on se connaît par cœur et pourtant Elijah tourne autour du pot, comme un félin autour de sa proie. Parce qu’évoquer Aiden ne la blesse pas. « Très amusant. C’est tout ce que tu as trouvé pour m’énerver ? Allons t’aurais pu faire mieux. Aiden est mon ami même si tu refuses de le voir et je fais ça pour l’aider. » Clara soupire, déjà lasse de marteler des mots d’un ton dur sans tout à fait perdre pied et offrir à Elijah ce qu’il souhaite. Parce que c’est ce qu’il espère, non, la faire sortir de ses gonds ? Clara résiste. Elle le suit à la cuisine pour poursuivre ce démantèlement brouillon en dépit de tout bon sens. Il attrape un mug, elle se saisit de ses livres pour tout fourrer dans un grand sac. Mais c’est là qu’il a le mot de trop, le mot traître lancé l’air de rien alors qu’ils se dévisagent sans un mot. Clara est soufflée, toutes ses bonnes résolutions, sa maîtrise et son calme bâtis tant bien que mal sur des fondations hasardeuses s’écroulent subitement sous la violence du choc. Tous les livres tombent au sol, comme des fragments d’elle. Voilà, il est là le moment. Elijah a frappé au bon endroit, au bon moment. Son visage livide et fatigué gagne des couleurs sous la colère brûlante qui grimpe en elle. « Attends tu plaisantes ?! » croasse-t-elle de sa voix cendrée qui a toujours l'air de râper sa gorge quand elle vrombit sous la rage. Mais non, il ne plaisante pas et il lui suffit d’un regard pour s’en assurer. Choquée et blessée aussi, Clara rompt la distance qui les sépare pour lui offrir ce qu’il semble chercher de ces adieux : une dernière confrontation. « Comment t’oses dire ça ? Oui j’aime l’argent, oui j’aime les fringues et tous ces trucs trop superficiels pour intéresser le grand Elijah Wingham et oui je n’envisage pas l’idée de me priver toute ma vie comme mes parents mais y a pas de mal à ça. Je veux une carrière, je veux gagner mon argent. Pas celui des autres, le mien et si t’as vraiment cette image de moi et bien je suis ravie que t’aies enfin le courage de partir. » Clara hausse le ton, elle a le regard brillant sous la rage et le menton défiant, relevé dans une stature de princesse bafouée. « Je n’en reviens pas que tu oses me balancer ça alors que t’es sans cesse en train de faire des courbettes pour sauver tes sacro-saintes pièces de théâtre. Dans ces cas-là, il te plaît assez l’argent des autres, non ? Plus que tes grands principes.  Mais tu vois, jamais je n’aurais eu l’idée de te reprocher quoi que ce soit parce que je sais combien c’est important pour toi. » conclut-elle avec fureur sans cesser de le fixer de ses yeux scintillants sous l’affront. Elle n’aime pas s’énerver contre Elijah. Elle n’aime pas ça car c’est un combat perdu d’avance. Il y a toujours cet instant qui lui revient en pleine tête, celui où elle se souvient que sa colère, à lui, est légitime, peu importe combien elle lui paraît injuste et mesquine sur le coup. Y a toujours un moment où elle lit autre chose dans ses yeux glaciaux qui la foudroient, une blessure, quelque chose de plus profond qu’une dispute stérile. Alors elle se tait. Toujours. Elle se tait car elle aura tort, c'est indéniable. Elle aura tort parce qu’Elijah a le droit de lui faire du mal, il a le droit de se venger à sa façon, autant de fois qu’il le voudra parce que rien, absolument rien, ne sera pire que ce qu’elle lui a fait subir avec une insouciance terrible. Clara le sait et c’est pourquoi elle est si vulnérable face à lui : il a le monopole de la douleur, de la trahison. Mais ça ne l’empêche pas d’être irritée ou peinée, ça ne l’empêche pas de montrer les dents et de mordiller un peu, elle aussi. Seulement, ça ne dure jamais bien longtemps et déjà, elle capitule. Pas tout à fait, mais elle esquisse un pas en arrière, un pas précautionneux de ballerine, puis un second. La proximité la rend fébrile et mal à l’aise parce qu’elle lui rappelle tout ce qui lui plaisait chez lui, qui lui plaît encore. Elle lui rappelle l’agacement et le désir, la complicité et les rancoeurs et tout ce marasme fumant entre eux qu’elle ne sait appréhender dans toute sa globalité. Alors Clara recule et se baisse pour ramasser les livres comme elle essaierait de recoller les morceaux d'eux, tous ces éclats gâchés, fissurés. Avariés ?
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MessageSujet: Re: born to die   born to die EmptyLun 21 Déc - 19:14

Lui rangeait, elle l'aidait. Il y avait une sorte de symbiose entre les deux, dans le côté mécanique de leurs mouvements, dans la rudesse et la sécheresse de leur actions. Clara avait finalement cédé, plus vite qu'il ne l'avait cru Elijah. Elle déposait les armes face à une bataille perdue. Mais il ne décolérait pas, cela ne suffisait pas, elle ne pouvait le lénifier. Rien n'y ferait en réalité. Elijah était toujours dans les mouvances extrêmes : le tout ou rien, le maintenant ou jamais. Il ne connaissait pas la demi-mesure, la modération et l'équilibre. Il fallait toujours que ça penche d'un côté pour qu'il soit satisfait, qu'un paroxysme soit atteint et que le trouble gagne les alentours. C'était sans doute pour cela qu'il avait été attiré par Clara au début. Elle le complétait dans son jusqu'au-boutisme. Elle et son amour des éclats, des grosses colères et des mots de travers. Ils étaient beaux autrefois, lorsque tout allait mal ensemble, que tout vacillait et tout semblait leur échapper à eux et à leur raison. Si la fin de leur idylle avait accentué leurs ressemblances, c'était bien l'après qui mettaient en exergue ce qui n'allait pas chez l'un comme chez l'autre. Clara et Elijah avaient eu droit à un amour imparfait, mais tandis que lui dilapidait le sien, elle l'entretenait, soufflant comme elle le  pouvait sur les braises de leur échec, pour que la flamme vive et ne meure pas. En vain, bien sûr. C'était fini, il suffisait de le lire sur les traits droits et déterminés de l'homme et sur les paupières clignotantes de la femme. C'était la fin d'une mauvaise tragédie sentimentale. Le genre de nanar où les répliques sonnent toujours bien, où l'histoire est clichée au possible et finie sous une note pseudo dramatique. Sauf qu'ici, les mots d'Elijah n'avaient pas leur panache habituel. Il peinait, le metteur en scène, à coller des sentiments sur ses mots, à la toucher réellement. Il pataugeait, l'effleurait au mieux. Il était mauvais surtout, mauvais et d'une bassesse qu'il se découvrait. Clara répondait à chaque attaque à sa manière à elle, à coup de sparadrap imaginaire. Et puis Elijah alla trop loin, il n'avait pas voulu interpréter les signaux d'une Clara en détresse. Sa bouche se résumait désormais à un robinet qui déversait mots, piques et rancœur. Il eut un silence abominable lorsqu'il en eut fini. Seul le son de leur respiration respective s'échappait d'eux, leur échappait tout court. Elle le brisa ce silence par une longue tirade. Elle lança sa chemise à la tâche flavescente à terre avant de l'acculer, de le mettre face à la réalité. Elle n'avait pas tort, Elijah le lui concédait, elle avait raison sur toute la ligne même. Il n'était qu'un hypocrite qui ne s'ignorait pas autant qu'il aimerait le faire croire. Une sorte d'astrophysicien prétendant découvrir la lune et les étoiles qui la borde. « La colère te va mieux au teint que le désespoir. » Elijah attrapa un livre lui appartenant qui traînait là. Il l'observa un instant, l'air distrait et les sourcils froncés. Il n'aimait pas Clara tremblante et gémissante. La faiblesse ne lui seyait pas. Elle restait une femme qui se mariait mieux au rouge coquelicot plutôt qu'à la fadeur des couleurs tristes. Une fleur printanière plutôt que nivéale. « Je suis un hypocrite, je l'admets. » Il haussa les épaules, autant admettre l'évidence. « Et peut-être est-ce mieux ainsi. » Il sortit de la cuisine pour s'approcher d'elle. Il s'accroupit pour récupérer sa chemise fraîchement jetée à terre pour la plier. « Je ne suis pas parfait et je suis heureux que tu t'en rendes compte. » Il ne la regarda pas, trop occupé à vider son armoire. « Ne vois-tu pas qu'il n'y a rien à sauver ? Je ne suis pas un trophée que tu dois t'obstiner à récupérer. » Elijah était déjà las de ranger proprement ses affaires. Il se mit à attraper n'importe quel chiffon qui tombait sous sa paume pour le balancer à l'intérieur de la valise ouverte. « Tu ne perds rien, vraiment. » Il ne méritait pas le moindre discours dithyrambique, pas la moindre petite adoration. C'était plutôt risible que Clara s'accroche aux miettes de leur passé. Elijah en était convaincu, si elle refusait de lâcher prise c'était bien parce que, comme lui, elle avait tout idéalisé. Il entendait bien alors disperser les paillettes qui brillaient encore dans ses yeux, annihiler l'espoir qui perdurait quelque part en elle. « Je ne suis pas exceptionnel mais je mérite mieux que toi, ça tu peux en être certaine. Et toi, tu mérites que cette vie que tu mènes. » Il rajouta cependant, ne voulant pas lui donner de fausses idées. Elle restait une infidèle, indigne de toute confiance et toute considération. Il espérait sa parole cristalline et son message compris. Il souhaitait aussi, malgré l'amertume qui le rongeait, qu'elle s'épanouisse et qu'elle trouve sa vocation plutôt que se limiter au simulacre d'existence qu'elle vivait. « Pas la peine de m'aider. Tu devrais plutôt aller dormir, tu fais peur à voir. »  Il passa presque à travers elle pour prendre ce qui gisait à terre: parapluie, bottes et besace. Il ne la regardait plus, il était déjà loin Elijah, hors d'atteinte.
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