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 de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik).

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Ksenia Nowakowski

Ksenia Nowakowski

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MessageSujet: de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik).   de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik). EmptyMer 22 Juil - 18:54

(erik et ksenia)
“ Maintenant qu'il est fantôme, il s'amuse à tomber des arbres de bien plus haut que le jour de sa mort et ça ne lui fait plus rien. ”
+ zicmu lol

Elle pèse lourd, Ksenia, et elle ne pèse rien.
Elle a en bandoulière des kilos de malheur, d’histoires un peu (trop) tristes, un peu très-sales, elle a des kilomètres de crasse et ça traîne dans son dos. Elle a des trous partout sur le cœur et dans son intérieur, des trous immenses ou minuscules, des trous gris noirs parfois si petits qu’on ne les voit pas et tantôt si gros qu’ils pourraient l’avaler toute entière.
Elle est minuscule Ksenia, et elle est immense. Mais ça ne change rien et les fissures qui courent le long des murs de la Ksenia-dedans pourraient la bouffer d’un coup, et quel impressionnant spectacle ce serait de voir cette poupée de satin poussiéreux disparaître à l’intérieur d’elle-même, s’avaler, se consumer sur place jusqu’à n’être plus qu’un ridicule tas de cendre brûlantes sur le sol. Ou un gros tas de rien.
Un sacré de tas de rien aussi gros que le paquet de conneries et de vide et de choses absentes qu’on trouve accrochés à la traîne qui lèche la terre sous ses pieds. Elle s’en fout partout, de la poussière et de la boue, de la pâtée de souvenirs à demi effacé, elle patauge dans l’ineptie de sa vie, et court après les hommes qui la désiraient. Aujourd’hui elle n’est plus rien, rien d’autre qu’une poupée, un truc comme ça, désirée mais jamais touchée, ou pas touchée comme elle le voudrait, plus touchée comme ils le faisaient. Ils c’est les autres, ou plutôt c’était, les hommes les garçons les sales types et les vieux cons qui la baisaient, lui faisaient l’amour, et qui sous ses caresses explosaient en soupirs. Ses soupirs à elle, plus ou moins vrais, elle leur offrait aussi, parfois (tout le temps, jamais, plus ou moins souvent). Mais aujourd’hui elle n’est plus rien ou plutôt tellement de choses qu’on ne veut plus la toucher, parce qu’elle est Ksenia bientôt (déjà ?) Goodhart et que bon dieu, on ne couche pas avec les femmes mariées. Parce qu’elle ne vient pas d’ici, parce qu’elle vient de loin, parce que plein de choses et autant de riens, parce qu’elle est trop belle, trop maigre, trop lointaine, trop… trop quoi, Ksenia, trop quoi ? Elle est trop depuis toujours, ou pas assez, ça dépend des gens. Pas assez émotive et trop intelligente, pas assez grasse et trop maigre, pas assez ceci et trop cela. Pour les hommes qui la voulaient, et qui dans ses poches glissaient un deux trois dix billets, elle était ce qu’il fallait, ce qu’il leur fallait au moins, pour un soir un matin. Pour ceux d’ici, elle est exactement ça : trop rien ou trop tout. Ça dépend desquels. Et pourtant elle les a laissé, dans son dos et sans regrets, ces grands monsieur aux costumes crasseux, pour foncer droits entre les bras de celui qui lui permettrait de les effacer, en même temps que ses dettes, entre les bras d’un Goodhart pour balancer des grands coups de gomme sur son passé. Mais le Goodhart s’est fait courant d’air, coup de vent, absent, alors Ksenia dans sa solitude et son ennui s’est remise à chercher les garçons qui savaient faire semblant de l’aimer. Il y en a ici aussi.
Ils sont partout et ça ne change rien, elle ne change pas et ne les aime pas. C’est pas dans ses cordes, ça.
Il y en a moins, parce qu’elle n’a pas besoin, et puis Ksenia, tu sais, t’es plus putain.
T’es plus putain alors aujourd’hui quand dans les lits d’autres garçons tu t’enveloppes de leurs soupirs c’est seulement parce que tu l’as voulu. Après tout, c’est entre les bras des hommes que Ksenia a toujours été. C’est à travers eux qu’elle a toujours existé. Alors tandis que la monotonie de sa nouvelle vie dicte à son oubli des nouveaux futurs et des estompes de passés, elle court après elle-même en pourchassant ce qu’elle était. En quelques sortes.
Ou pas du tout.
Elle-même ne sait pas, ne réfléchit pas, et se déteste d’être ça. Se hait et ne se hait pas.
Mais le problème c’est son ennui, tout gris, si gris, et elle a beau faire, Ksenia, l’ennui reste là. Il est gravé, sur ses os, sa peau, dans tous les recoins cachés de son corps à moitié mort. Alors parfois, elle n’essaye pas.
De le tromper.
De l’oublier.
Elle reste là, posée, sur le coin d’un lit, d’un banc, d’un canapé, sur le coin de n’importe quoi, seule avec la solitude qui dégouline le long de ses cheveux et s’infiltre à nouveau, sans cesse et sans fin jamais, par tous les pores de sa peau histoire de ne jamais la quitter.
Aujourd’hui elle est là, seule sur un banc, noyée dans les étoffes de tissus et le vent dans les cheveux. Les gens passent, devant, derrière elle, aucun ne s’arrête et pourtant, elle n’occupe qu’une toute, toute petite partie du banc, physiquement. Parce qu’elle a un physique de souris, de poussin, de colibri, frêle et fragile au point qu’on se demande si rien qu’en les prenant entre les mains, on ne va pas les étouffer, les casser ou les écraser. Elle a de ces corps qu’on a peur de briser d’une caresse et une peau si pâle qu’on pourrait y laisser des bleus rien qu’avec un impact de baiser ; et pourtant, Ksenia, on ne la brise pas, elle ne se brise pas, jamais, jamais. Elle est forte et elle est fière, elle flamboie autant qu’elle est éteinte, elle se consume de rage silencieuse envers le monde et surtout la vie, c’est une bombe d’indifférence prête à exploser de toutes les nuances des riens et des vides qui parsèment son esprit son cœur son intérieur. Et c’est cette partie, ce sont ces riens qui deviennent des tous, chez elle, qui la font impressionnante et peu impressionnable (jamais impressionnée) et qui sur le banc, à ses côtés, prennent tout ce qu’il reste de place. Les passants ne s’arrêtent jamais (ou leurs regards, seulement, sur les parcelles de peau nues et celles que l’on devine sous ses vêtements).
Et seule sur son banc écrasé par la présence de sa présence elle fume sans s’arrêter, elle tire les cigarettes du paquet, une à une, deux à deux, ça dure depuis des heures ce manèges là et partout sur le pont la fumée se mélange au vent.
Les yeux dans l’océan en bouteille du lac elle oublie et s’oublie, s’évapore à chaque expiration dans une nouvelle bouffée de fumée et disparaît, s’échappe. Elle pense sans penser, et sous son crâne rempli de demoiselles en robe-volutes-de-fumées la mécanique infernale de ses pensées ne sait plus s’arrêter. Et d’un autre côté, est complètement enrayé.
Ksenia ne fait rien et n’est rien d’autre qu’elle-même, cet après-midi de juillet, sur son banc depuis des heures à fumer. Elle oublie le temps les gens l’amour qu’elle ne sait pas donner, elle oublie d’exister. Ca fait bien longtemps qu’elle ne le fait qu’à moitié.
Tellement longtemps qu’on pourrait dire toujours, et quand elle se lève enfin, les jambes ankylosées d’être restée toutes ces heures croisées, c’est comme si le banc soupirait. Soufflait d’être enfin délesté d’un poids trop grand pour une seule ou dix personnes, d’un poids trop grand pour le monde. Pas pour elle. Le poids-Ksenia est son fardeau. Aux yeux des autres, du moins. Des autres ou seulement ceux qui pensent, qui la regardent et se disent : cette fille-là elle a vécu, cette fille-là elle vient de loin, et tout un tas de trucs comme ça. Des autres aux noms d’Erik, de Madison parfois, peut-être, des Adrian aussi de temps en temps. Et accrochée à la rambarde, sa chevelure de soleil trop pâle dégoulinant dans les eaux du lac elle mêle à l’horizon noyé dans l’étendu bleuté l’azur de ses yeux glacés. Elle a l’air fragile, comme ça, penchée un peu en avant et l’air absent, elle a l’air fragile comme elle l’a l’air tout le temps, le corps flottant toujours un peu dans des vêtements vaporeux ou trop moulants, mais tant pis, tant pis Ksenia tu as le droit, parce que sur sa peau de porcelaine les étoffes ne sonnent jamais vulgaires. Elles sonnent classes ou désespérées, désespérantes pour les autres, ceux qui jalousent ou ceux qui désirent, pour tous ceux-là et pour personne. Elle a l’air fragile, de dos et de loin, quand on la voit comme ça, on l’imagine femme-plume à peau de neige, assez légère pour basculer au moindre coup de vent, éphémère aussi, le genre qui fondrait sous le soleil si on se prenait à trop la regarder. C’est irréel, tout ça, comme elle.
Mais le vent a beau souffler elle ne bouge pas, ne tangue jamais, et les bourrasques (toutes petites) ne lui apportent que les regards des curieux.
Mais cette fois elle tourne la tête et c’est Erik qui se construit et se déconstruit à ses côtés, comme il sait bien le faire, assommé de malheur et étouffé par son grand cœur. Elle le toise, sans sourire, pas longtemps et sans mot dire repose ses iris sur la surface endormie de l’eau.
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Erik Nordisky

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MessageSujet: Re: de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik).   de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik). EmptyMar 1 Sep - 16:26

~
❝ Les artistes inventent le rêve, les femmes l'incarnent. ❞




    Très loin dans la ville, danse sur les cordes d'un violon un archet aux allures de ballerine. Il se balance en équilibre et fait des entrechats sur l'instrument coincé entre l'épaule et le cou d'Erik. A une certaine distance, le violon et l'archet, gracieux et léger, semblent être une extension des bras de l'artiste et ce n'est pas tout à fait faux car il a fait de la musique son instrument, tout comme un magicien compte sur sa baguette magique. L'homme-mélancolie sème ici et là ses mélodies, il lance des coups d'archet pour oublier que la vie s'amuse, à ses dépends, sur les cordes de son âme. Très loin dans son monde, Erik clos ses paupières et laisse voyager sa musique-médicament, musique-magique, musique-prière. Les notes s'adressent au ciel et aux étoiles, elles adorent et confient leurs prières à un Dieu auquel le musicien ne croit pas. Des prières pour ceux qui s'arrêtent et l'écoutent, pour ceux aussi qui passent leur chemin, les trop occupés, les trop heureux, les trop malheureux, les inattentifs à la vie autour d'eux, pour Nova, pour Bianca, pour Ksenia, pour Abigail et Daphne aussi parfois, pour Ginger ou Rosalie, pour Caleb souvent, pour tous ceux qui peuplent ou ont peuplé sa vie. Pour ceux qui sèment des miettes et s'émiettent contre l'homme mélancolique. Dans la brume, il s'est aujourd'hui perdu. Ou plutôt : il ne s'est pas trouvé. Car, perdu, Erik l'est depuis bien longtemps, il ne se rappelle pas d'une tranche de son existence dans laquelle il ne voguait pas dans la brume écrasante et suffocante qui s'élance vers lui pour l'enlacer chaque matin lorsqu'il ouvre les paupières sur le monde. Lorsque la dernière note s'élance dans l'air, que l'archet glisse sur la dernière corde et qu'Erik vient reposer l'instrument dans sa boîte, il soupire un peu, son à peine audible se mélangeant au vent venu du nord, inhabituel pour ce mois de juillet. Plus loin devant lui, il aperçoit un dos. Un dos et des cheveux. Blonds. Blancs. Si blancs. Une femme faite de glace et de feu, une femme taillée dans les nuages. Erik observe ce dos qui le bouleverse. Plus encore qu'un corps, Ksenia est une silhouette, une ombre, une brise ou un ouragan qui glisse et vous emporte sur son passage. Il lui arrive parfois de penser, épuisé par le mystère toujours entier qu'elle représente, femme-brume au contours flous, que Ksenia est vide. Elle ne serait dont qu'un abysse, un trou noir, une falaise ? Elle ne ferait qu'habiter une enveloppe humaine, un corps à la fois tendu vers le ciel et étendu contre la terre ? Ce qu'il sait cependant, c'est qu'en elle quelque chose s'est éteint. Il semble parfois qu'elle a toujours été ainsi, comme si, à sa naissance, les étoiles dans son regard avaient déjà rendues l'âme. Elle est belle Ksenia, belle comme la nuit, l'orage, le soleil couchant, les grands espaces, les ruines, les villes fantômes. Belle comme l'enfer : une princesse slave aux aires de damnée. Et plus que belle, Ksenia est surprenante. En elle le noir abonde et tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard est tranchant comme l’éclair : une explosion dans les ténèbres. Il fait sombre à l'intérieur de cette poupée de cire, alors personne n'ose jamais s'y aventurer de peur de s'y perdre. Son cœur est un labyrinthe, un dédale sombre dont personne ne serait assuré d'en ressortir indemne. Erik tente quelques pas, ici et là, inconscient, sans jamais vraiment oser mettre totalement les pieds dans son pays lointain, son palais, son jardin secret. « De dos on croirait que tu t'apprêtes à tomber par dessus bord, ou alors que tu vas t'envoler. » De tous les oiseaux, Erik trouve à Ksenia des allures d'albatros avec ses cheveux blonds, presque blancs, claquant dans le vent et nageant dans la brise, avec ses iris si claires qu'elles en paraissent sombres comme la nuit, avec ses ailes si grandes pourtant clouées au sol. Elle s'est envolée, Ksenia, de l'Ukraine jusqu'aux Etats-Unis, migrant vers ce qu'elle avait sans doute cru meilleur, maintenant ses ailes ne lui servent plus à rien. Les mains d'Erik déposent la boite contenant le précieux violon à ses pieds et s'accrochent à la rambarde devant eux, ses yeux se perdant en dessous, jusque dans l'eau. Ksenia, jamais il ne la touche. Il ne pose pas sa main sur sa peau, il ne s'approche pas trop près, même pas par mégarde, il se tient à distance comme on observerait une œuvre d'art. Il lui apparaît soudainement qu'il ne connaît pas cette femme et que personne ne la connaitra jamais. Erik n'a d'ailleurs jamais prétendu le contraire, il le sait : ce qu'elle daigne montrer aux autres n'est qu'une leurre, un jeu d'ombres, un vulgaire spectacle de marionnettes dans lequel elle est à la fois une poupée de cire et celle qui tire les fils. Il a haussé Ksenia sur un piédestal, au rang de l'imaginaire et de l'irréel. Il a fait d'elle, dans ses mélodies, une muse comme on en croise rarement de nos jours.
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Ksenia Nowakowski

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MessageSujet: Re: de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik).   de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik). EmptyDim 8 Nov - 11:31

Erik s’est approché, tout doucement, sans un bruit. Il ne fait jamais de bruit, de toute façon, le garçon au cœur en coton.
Il ne fait jamais de bruit jamais rien s’approche toujours tout doucement, avec une infinie douceur et s’il ne tirait pas dans ses dos des kilomètres de malheur on pourrait dire aussi qu’il le fait légèrement. Mais tout ce qu’on entend quand il arrive c’est les dix milles petits soldats de sa vie qui enfoncent leurs épées et posent des bombes partout dans son bonheur. Ca fait des années qu’ils font ça, sans s’arrêter, sans cesser de se multiplier, aussi, et aujourd’hui Erik n’a plus rien.
Plus rien que son malheur qui s’est élevé, immense et dévorant, des ruines de ses bonheurs et il les a oublié, toutes ces choses qui ont un jour fait un peu briller sa vie.
Tout ce qu’on entend à l’intérieur de lui c’est sa douleur et les battements de son cœur-coton. Complètement étouffés.
Son cœur il est immense, immense et tout en coton, tout blanc avant, et puis un jour le temps s’est mis à renverser des vagues de mélancolies et plus le temps passait plus les vagues étaient sales, et plus le temps passait, plus le coton saturait si bien que maintenant il n’éponge même plus et à l’intérieur de lui tout n’est plus que débordement.
De sentiments, de peine, que des choses comme ça.
Il est beau, Erik, pourtant, beau avec tous ces malheurs imprimés dans ses traits. Il a au fond des yeux des restes d’une vie en couleur, complètement ensevelie sous des montagnes de gris. Il est comme elle, au fond : tout en nuances de noir et de blanc. Mais si lui oscille tout le temps entre les deux, Ksenia depuis longtemps est bloquée dans le gris. Tant pis.
Ça ne la dérange pas, ça ne la dérange plus, ça ne l’a jamais fait parce que c’est ce qu’elle a toujours connu : le gris. Une vie toute grise dans des rues grises et sales qu’on a quitté pour du gris trop propre qu’on appelle l’ennui, du gris partout à l’intérieur parce qu’à l’intérieur tout a brûlé, les sentiments, le cœur, la vie ; ne reste plus que son esprit. Son esprit, rien ne l’a jamais enseveli et c’est lui qui contrôle l’uniformisation de tout ce qui est déjà éteint en dedans de ce corps qui n’a jamais connu que l’ennui.
Elle se lasse vite, Ksenia, s’est toujours lassée et lassée de tout, surtout. Des appartements crades et puis de ceux, géants, de ses clients suivants, de devoir faire l’amour toute la journée à des milliers d’étranger, de ne plus le faire, de ne plus rien faire que de vivre avec un courant d’air dans une maison trop grande pour une personne et demie. Adrian depuis leur union, n’a jamais rien fait d’autre que passer.
Passer prendre des affaires, passer pour vérifier, passer pour on ne sait quoi mais passer quand même, prier pour qu’elle ne soit pas là, toujours la croiser, jamais lui parler. Il ne l’a jamais même regardé vraiment.
Mais Erik, lui, la regarde et le fait souvent, chaque fois qu’ils se voient il la regarde la détaille et avec ses yeux qui débordent de larmes sait trop bien essayer de chercher des réponses aux questions qu’il ne pose pas. Il la regarde comme on regarde un tableau, comme on regarde la mer comme on regarde ces choses qu’on ne comprend pas mais qu’on trouve incroyablement belles. Elle lui échappe, Ksenia, comme elle échappe à tout le monde, elle lui échappe sans le faire parce que lui, elle le tolère.
Un jour peut-être qu’elle se lassera, de lui et de sa mélancolie, de lui et de leurs silences, de sa musique, des choses qu’il compose pour elle, sur elle. Elle se lassera de lui et de son cœur débordé par les sentiments et la douleur.
- De dos on croirait que tu t'apprêtes à tomber par dessus bord, ou alors que tu vas t'envoler.
Il dit ça de sa voix très douce d’homme brisé puis dépose l’étui de son violon à ses pieds avant de venir tout à côté d’elle, les mains sur la rambarde et les yeux qui se perdent sous eux, qui se s’enfoncent et puis se noient dans les eaux troubles du lac. Il ne la touche pas. Il ne le fait jamais.
Elle ne le touche pas non plus, le regarde à peine, encore. Il se noie en lui-même en permanence et jamais elle ne cherche à l’aider. Il ne lui demande pas de le faire.
Pour l’heure c’est son regard qui coule sous le pont et elle le laisse faire sans répondre, ses yeux à elle posé sur l’horizon. S’envoler, avant, elle le faisait. Quand elle dansait c’est toute la lourdeur infiniment légère qu’elle laissait de côté et puis quand la vie a éteint la machine à faire vibrer son cœur en écrasant ses presque-rêves en deux, elle a laissé ses ailes se consumer. Elles auraient pu être grandes, comme elle, mais en chassant de son avenir les pointes et les ballets c’est ses ailes qu’elle a abandonné. Et quand elle a quitté l’Ukraine, elle a achevé de les déchirer en s’envolant avec des ailes artificielles d’avion pour oublier.
Elle ne sait que répondre à Erik parce qu’il n’y a rien à répondre, n’a pas vraiment envie de le faire parce que parler juste pour meubler les silences, ce n’est pas ce qu’elle sait ou aime faire. De toute façon Ksenia n’aime rien sinon que les silences et puis parfois, fumer. Alors en lui jetant un regard plein du vide de ses émotions elle tire de son paquet une énième cigarette et la porte à ses lèvres pour l’allumer. Elle hésite à lui en proposer une.
- Tu fumes ? l’interroge-t-elle froidement.
Elle lui demande à travers ça s’il en veut une, toujours en le toisant du haut de toute son indifférence glaciale de reine-flocon aux bords coupants.
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Erik Nordisky

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MessageSujet: Re: de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik).   de peur qu'ils s'en aillent pour toujours (erik). EmptyDim 10 Jan - 17:09

~
❝ You speak almost no words, but your heart screams. And somehow I hear it. ❞





    Il y a beaucoup de silence avec Ksenia. Elle lâche un mot ou deux, parfois à peine une syllabe, parfois même elle n'offre en réponse qu'un seul regard furtif. Ses paroles sont des cadeaux rares, inestimables, qu'elle distille au compte goutte à qui le mérite. Il se demande ce qu'elle dirait si elle parlait, si elle entrouvrait la porte de son âme ou la fenêtre de ses lèvres, si elle étalait un peu de son passé dans le ciel de ses conversations. Peut-être qu'elle serait plus vivante, plus printemps et moins hiver, plus blanche et moins grise. Peut-être que si elle parlait cette aura étrange autour d'elle se dissiperait. Il y a aussi beaucoup de silence en elle. Elle ressemble à une montagne. Touchant le ciel de son parterre blanc, recouverte de neige, de verglas, de froid, difficile à gravir, impressionnante. Il doit y avoir des mondes en elle, des univers, des constellations, dont elle tait l'existence. Ksenia est fascinante dans son mutisme. Magnifique. A vous couper le souffle. Mais Ksenia est belle tout le temps et c'est d'ailleurs la première chose que l'on remarque chez elle : sa beauté. Alors parfois, il est vrai, on oublie qu'elle n'est pas qu'un corps, qu'un visage, que des traits esquissés avec précision, qu'elle est autre chose qu'une poupée ou un trophée devant lesquels s'extasier. On oublie. Elle n'a pas besoin de parler avec lui, d'ailleurs il ne la force jamais à vomir ses pensées, il accepte sa réserve, sa distance, ses airs de femme-glaciale, car Erik conçoit son silence. C'est le même que le sien. Lui aussi il ne parle pas, ou peu. Des fois, il en rirait presque de se conformer ainsi au cliché de l'artiste torturé. Mais il n'est pas qu'un cliché, un stéréotype banal et risible, il est Erik, tout entier, le silence et la distance qu'il instaure entre le monde et lui font partis de sa personne. Alors, à défaut de comprendre Ksenia, il saisit son mutisme. Il tourne la tête lorsqu'enfin elle ouvre la bouche et la dévisage sans pudeur. « Oui. » Sa voix est grave et clair, plus sonore qu'il ne l'aurait voulu. De ses doigts de musicien, il attrape une cigarette et l'allume avec le briquet traînant dans sa poche gauche. Il se ruine la santé, Erik, il détruit son corps à petit feu à l'aide de cigarettes, d'alcools en tout genre, de nuits blanches ou tardives, de pluie coulant tout le temps en lui. Ils restent là tous les deux, debout, clopes au bec, fumée dans l'air, aucun mot entre eux. Peut-être que, finalement, Erik préfère Ksenia dans son silence. Peut-être que si elle parlait l'enchantement se briserait. Peut-être que si les mots coulaient hors d'elle, l'œuvre d'art s'émietterait. Peut-être. Mais personne ne saura jamais, n'est ce pas Ksenia ? « J'ai commencé une nouvelle mélodie.... » Il s'arrête là, quelques instants, en plein milieu de sa phrase, les yeux plantés sur l'horizon, avant de reprendre : «... seulement, je ne sais pas comment la finir. » C'est tout lui ça. Lui qui ne sait pas dire au revoir à ses amours et à ses histoires, lui qui s'arrache le cœur pour en offrir des morceaux aux femmes défilant dans sa vie, lui qui ne finit jamais rien - ses nuits, ses repas, ses compositions, ses phrases, ses relations. Lui qui dit adieu sans jamais y arriver. Lui qui revient toujours, lourd de tous ses malheurs. Souvent, Erik compose pour et sur Ksenia, mais cette fois ci il ne sait pas sur qui ni pour qui il joue, il doute, il cherche, alors c'est difficile, il tâtonne dans le noir sans savoir si, sur les cordes de son violon ou entre les lignes de notes, ce sont Ksenia, Bianca, Nova ou Abigail qui dansent. Ou peut-être qu'il s'agit de sa mélancolie. Tout simplement.

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