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 we could be heroes, just for one day. (abigail)

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Felix Gray

Felix Gray

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MessageSujet: we could be heroes, just for one day. (abigail)   we could be heroes, just for one day. (abigail) EmptySam 20 Juin - 23:39

Son corps nu est en face de moi, ce corps qui est un mélange inexplicable entre l'enfant et l'adulte qu'elle est, et je ne parviens pas moi-même comment je peux rester stoïque, face à la sculpture que je fabrique, que je bricole, alors qu'elle m'offre son intimité totale, chacune parcelle de sa peau que j'ai envie de recouvrir de baisers. Pourtant, mon professionnalisme, mais surtout ma passion pour le bois me permet de tenir, et de ne pas devenir cet homme brûlant de désirs. Ce n'est pas de la prétention, mais je suis toujours parvenu à être confiant dans mon travail, traduisant chaque fois précisément mon imaginaire. Seulement, maintenant que je ne dois plus me fier à ma tête mais à mes yeux, et que je suis confronté à une telle perfection, il me semble que je ne parviendrai jamais à être totalement satisfait, puisque la réalité sera toujours meilleure que mes figures en bois. Parce qu'il faut la voir nue, la douce Abigail, elle n'a pas beaucoup de formes mais elle est malgré tout marquée par une grâce que je n'avais jamais perçu chez une femme auparavant, et j'en ai scruté assez pour dire que le corps d'Abigail est en dehors de la norme, il est unique, tellement en réalité, que je pourrai passer l'intégralité de mes journées à le contempler. Plus qu'une inspiration, Abi, elle est la muse dont tous les artistes rêvent. Et puis un téléphone retentit, d'une sonnerie si particulière que je sais immédiatement qu'il ne s'agit pas d'un des miens, mon intuition se confirme lorsqu'Abigail change de position pour se diriger vers son sac, et alors je cours jusqu'à elle et l'attrape le plus doucement possible – mais avec ma maladresse continuelle et mon esprit encore dans mon travail, il me semble être malgré tout un peu brusque- par les poignets, afin qu'elle garde sa position initiale pour que mes perspectives ne soient pas chamboulés. « S'il te plaît, ne bouge pas d'un pouce, tu es divine comme ça, il faut que je finisse ce que j'ai commencé. » Si j'étais dans la totale séduction, ma voix serait moins brutale, elle serait plus chantante, sur le ton du flirt et surtout de la douceur, mais la vérité est que lorsque je suis dans mon travail, je suis transcendé, à un tel point que tout passe au second plan, même cette déesse qui m'offre un spectacle dont elle n'a probablement pas conscience. Je me dirige vers son sac à main et tente de trouver le portable, mais c'est magique les sacs de filles, on croirait avoir affaire à Mary Poppins, tant d'affaires dans un si petit contenant. Je ne veux pas fouiller dans son intimité, ce n'est pas le but de l'opération, mais voilà qu'entre mes mains se retrouvent un pochon de poudre blanche, et je ne suis pas naïf, Abigail n'est pas ce genre de femme qui se promène avec un sac de sucre, juste au cas où. Cocaïne. Le masque tombe, l'illusion de perfection, aussi. Instantanément, je me raidis face à cette découverte, et pourtant, je n'en dis rien : je me contente d'éteindre le portable comme initialement prévu, et retourne à ma place, sans piper mot. Je tente de reprendre mon œuvre, mais la vérité, c'est que le silence me paraît à présent pesant. J'aimerais lui faire la morale, lui demander des explications, pourquoi elle se drogue, il y a quelque chose qui cloche dans sa vie ? Je commence à ouvrir la bouche, pour la refermer aussitôt, et il n'y a alors que mon souffle qui résonne dans l'atelier. Ouais, j'aimerais lui dire quelque chose, mais la vérité, c'est que je n'ai pas légitimité de le faire : je ne suis pas son petit ami, encore moins son ami, nous ne sommes que deux individus qui reconnaissons les qualités de l'autre sans avoir une relation quelconque définie. « Je ne savais pas que tu te droguais. » Je dis, d'une voix maîtrisée pour qu'elle soit douce, voulant cacher ma déception. Je ne veux pas la faire fuir, et je réalise que je vois Aby comme un animal sauvage, pas forcément dangereux mais difficile à dompter, à un tel point qu'un geste de travers fait, et il s'enfuit, l'animal, il part en courant sans regarder derrière lui. Et moi, je ne peux pas la perdre, ma muse, même si elle a ses péchés, même si maintenant il me semble que ma sculpture pourra être écorchée et abîmée, puisqu'elle sera le reflet de cette réalité soudaine. « Tu le fais depuis longtemps ? »



Bon, j'ai rien changé, tu m'en voudras pas, et puis c'est symbolique, c'était mon premier RP sur FT. Arrow
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Abigail Fairchild

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MessageSujet: Re: we could be heroes, just for one day. (abigail)   we could be heroes, just for one day. (abigail) EmptyVen 3 Juil - 23:54

Sous son regard elle se sent renaître, ce soir comme tous les autres. Quand il n'est pas là, Abigail est en apnée, elle se noie, se contente de vivre au lieu d'exister. Mais lorsque Felix la regarde, lorsqu'elle sent ses yeux couler sur sa peau avec une intensité peu commune, elle respire, elle s'éveille, elle reprend goût à tout et surtout à elle-même. Même le poids continu qui l'accable est plus doux, sous l'éclat chocolat de ses iris. Abigail ne l'a pas cherché, elle ne sait même pas quand et comment cela a bien pu se produire mais Felix est rapidement devenu le centre de son univers. Il est le soleil autour duquel elle tourne inlassablement, un peu trop près, et tant pis si ça brûle et ça consume. Sauf que Felix n'est pas un soleil, c'est plutôt une lune, avec les mystères et la fascination que cela implique. Et elle, c'est une planète détraquée, capable de se détourner de l'astre solaire pour lui préférer une nébuleuse qui file l'ivresse et les vertiges. Entièrement nue dans la fraîcheur de l'atelier, Abigail ne se sent pas pour autant vulnérable. Son corps osseux, noueux, sa pâleur d'albâtre ou sa frêle poitrine de môme s'évanouissent et il ne reste que les battements de son coeur, les papillons frémissants et la douce chaleur qu'il répand en elle. Elle s'infiltre partout, baigne ses os fatigués et répare les fondations brisées, colmate les failles béantes et vient se ficher dans son coeur. Silencieuse, Abigail savoure la sensation grisante de compter pour quelqu'un. Docile, elle se laisse manipuler comme une poupée, brûle sous les doigts experts qui relèvent son menton ou dégagent une mèche de cheveux de son visage et elle conserve la pose. Il la fixe et elle l'observe en retour, absorbée par le spectacle insoupçonné qu'il lui offre. Felix est habité, lorsqu'il sculpte, et Abi ne le désire jamais autant que lorsqu'il ne lui appartient pas. Dans ces instants fugaces où elle s'offre à lui et qu'il se donne à l'Art, au bois, l'amour qu'elle ressent pour lui la frappe comme une vague et elle comprend que ses sentiments sont plus forts que ce qu'elle n'osera jamais lui avouer, pas même à demi-mot. Mais Abi, elle pense que ça se voit, qu'elle irradie de lui et d'amour, de tendresse et de passion. Admirative, elle le regarde s'adonner à ce qu'il fait de mieux quand sa bulle s'effondre sous une sonnerie stridente. Instantanément, son corps est en alerte, il se raidit, perd en grâce et en poésie alors qu'Abigail s'apprête à s'agiter, anxieuse et peinée à la fois : c'est le motel. C'est forcément le motel et elle entend déjà la voix de sa belle-mère retentir pour lui rappeler quelle étourdie elle fait ou inventer une urgence quelconque pour la forcer à rejoindre sa prison de verre. Mais Felix est plus rapide, il attrape ses poignets pour ne pas la voir s'évanouir et elle frémit sous ce maigre contact. Elle hoche la tête, sagement, comme une enfant désireuse de plaire, et amorce l'ombre d'un sourire. Lorsqu'il revient, l'atmosphère est différente, électrique, chargée de l'orage qui menace l'air et Abigail le ressent, parce qu'elle l'a dans la peau. Elle perçoit ses gestes moins fluides, plus mécaniques et le soupçon ombrageux qui teinte ses yeux expressifs. Un frisson la parcourt de part en part et finalement, elle loupe un battement, son monde s'écroule, s'affaisse sur lui-même en silence. Felix sait. La douceur de sa voix sonne faux, ses mots sont trop objectifs pour être vrais, trop détachés et factuels et Abigail accueille l'impact comme un animal traqué : elle pose timidement sur lui un regard de biche aveuglée par des phares de bagnole, acculée, perdue. Elle ne sait pas comment agir, elle ne sait pas quoi dire, tout se bouscule et les mots se perdent sur le chemin de ses lèvres. Alors elle ne dit rien. Ses lèvres tremblent un peu mais restent closes alors que Felix lui affuble une étiquette de droguée dont elle ne veut pas. Paralysée, incapable de faire montre d'autre chose que d'une passivité alarmante qui présage le pire, Abigail n'ose même plus le regarder. Sa nudité lui saute à la gorge et ça lui fait mal, d'être aussi vulnérable sous son regard. Ce regard qui l'élève et la transcende lui semble dorénavant la juger et elle se sent décortiquée alors elle baisse les yeux, croise les jambes, et ses bras filaires viennent entourer pudiquement sa poitrine minuscule dans un repli sur elle salvateur. La question de Felix l'accule encore un peu et elle aimerait juste disparaître, s'évanouir dans le vide ou remonter le temps pour l'empêcher de découvrir son secret le plus inavouable. « Non... » souffle-t-elle comme seule réponse, incapable de se justifier. Abigail a la voix qui flanche, le timbre cotonneux qui tremble comme elle à l'intérieur. Malgré tout, elle rassemble le peu de courage qu'elle possède pour réparer ce moment d'osmose perdu, envolé, disparu pour toujours. Elle refuse de le laisser partir alors elle essaye de tout réparer, même si c'est maladroit. « Ce n'est pas important Felix... S'il te plaît. » Elle l'implore, elle le supplie, sa voix se brise mais Abigail s'en moque. Elle n'est pas encore en colère, encore moins résignée, elle veut seulement qu'il oublie, qu'il laisse tomber, qu'il referme cette parenthèse qui lui vrille le coeur pour mieux poursuivre. Felix, elle ne peut pas le perdre. Ni maintenant, ni jamais.
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MessageSujet: Re: we could be heroes, just for one day. (abigail)   we could be heroes, just for one day. (abigail) EmptyDim 26 Juil - 12:38

Personne ne peut comprendre véritablement. Voilà la première pensée qui me traverse l’esprit lorsque je suis amené à parler d’Abigail, cette femme qui habite mon atelier, même lorsqu’elle n’y est plus présente. Parce qu’autour d'Abigail réside une magie inexplicable, de celles qui ont le don de rendre le reste du monde plus beau simplement en la regardant. C’est l’espoir, qui te traverse, quand tu aperçois un sourire, c’est l’amour, qui t’anime, quand tu as la chance de croiser son regard. C’est l’effet Abigail Fairchild, il suffit d’être dans la même pièce qu’elle pour se perdre, pour se sentir à la fois plus vivant que jamais, mais aussi complètement déconnecté de la réalité. Pourtant, voilà que nous sommes rattrapés par la vérité, maintenant que je suis tombé sur le pochon de drogue. Nous ne sommes plus seuls, l’évidence s’est invitée dans l’atelier et semble bien décidée à ne plus jamais s’en aller : Abigail n’est pas parfaite. L’ombre de la drogue danse autour de la silhouette de la sublime rousse, m’empêchant alors de continuer ma sculpture, tant son obscurité enveloppe Abigail. J’agite la tête, en espérant que ce simple mouvement me ramènera ma muse, en vain. Allez, viens Abigail, emmène-moi dans ta magie qui me fait tant rêver. Elle est si forte, ta sorcellerie qui me fait tourner continuellement la tête, qu’elle doit bien pouvoir nous emmener quelques minutes en arrière ? Allez, s’il te plaît, fais-moi oublier. Moi, qui connais chaque parcelle de ton corps, moi, qui voulais connaître l’intégralité de ton âme, voilà qu’en découvrant une partie de celle-ci, je sombre. Attendons encore un peu, je ne suis pas prêt encore, à comprendre ce qui se passe derrière ce masque de perfection. « D’accord. » Je dis, convaincu sur l’instant de ne pas vouloir en savoir plus. Comment pourrais-je, alors que son corps tout entier tremble, que sa voix est suppliante, et qu’elle se sent désarmée ? Involontairement, Abi subit ce que j’aurais aimé toujours lui épargner. Face à cette réaction physique, traduisant sa vulnérabilité, je voudrais m’approche d’elle, l’étreindre jusqu’à en perdre l’esprit, mais n’en fais rien, comme si je n’avais plus la permission. Le rêve, il est terminé, la réalité, elle nous a rattrapés, en plein fouet. Sans qu’on s’y attende, sans qu’on le veuille. Pourtant, je ne suis pas encore prêt à y céder, alors je retourne à ma sculpture, tendant de la terminer, ou au moins de la continuer, même si tes maigres bras cachent ta poitrine, même si ton aura magique qui me transcende s’est envolé. « Je…Je suis désolé. Je n’y arrive plus. » L’air est pesant, j’étouffe. Comment en quelques minutes, tout peut s’inverser? Sa présence était mon unique remède, voilà qu’elle m’empoisonne. Je me relève de mon tabouret, me précipite auprès de son sac à main, et en retire l’objet du délit. Sans prononcer mot, je fixe longuement la drogue, en me demandant comment un si petit sachet peut tout faire basculer. « Je vais la jeter, d’accord ? Je vais la jeter, parce qu’elle m’embrouille l’esprit. » Étouffer la réalité plutôt que de l’admettre. Cacher l’arme du meurtre pour repousser la résolution du crime. Je le jette immédiatement dans la poubelle, mais cet acte ne semble pas suffisant, alors je l’enfonce un peu plus en profondeur, afin que d’autres déchets recouvrent l’horreur et la désillusion. Une fois que les preuves sont enfouies, je me rapproche d’Abigail, contraint à laisser une distance entre nous, celle que l’on ne connaissait pas, ne sachant à présent plus comment me comporter avec elle, alors que tout semblait auparavant naturel. J’ose enfin affronter sa bouille d’enfant, celle à laquelle on ne peut résister, celle pour qui on se briserait afin que ses désirs soient exaucés, juste pour la possibilité de voir apparaître un sourire sur son visage. En la regardant plus attentivement, c’est l’évidence, à présent. Abigail porte sur elle une fragilité qui lui est propre, une fragilité qui révèle combien sa vie n'a pas été facile, si jeune et pourtant, ses yeux ne me trahissent pas, ils ont vécu tant de choses, ils ont connu tant de larmes. Il y a chez elle cette capacité à traduire une force, une force de caractère, la peur et la douleur, elle ne connaît pas, mais c'est dans son sourire brisé que l'on constate la supercherie, le faux-semblant. En prenant conscience de la vérité, je ne peux m’empêcher de m’approcher davantage d’elle, mes doigts balayant les mèches rebelles de son visage, en profitant pour caresser sa peau. « Ce n’est pas régulier, de toute façon, non? C’est juste pour s’amuser, tu peux très bien t’en passer. » Je ne sais pas s’il s’agit d’une question ou d’une affirmation, tant je cherche à me convaincre que ce n’est rien, alors que mon coeur, lui, entame une danse frénétique. Il bat si fort, dans ma poitrine, que je pense qu’il cherche à s’expulser pour ne plus avoir à ressentir les sentiments vécus actuellement.
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MessageSujet: Re: we could be heroes, just for one day. (abigail)   we could be heroes, just for one day. (abigail) EmptyLun 31 Aoû - 0:08


Il y a ces moments, ces moments rares et oppressants où on donnerait tout pour revenir en arrière. De quelques minutes seulement, d'une poignée de secondes et promis, ensuite on ne demandera plus jamais rien, jamais, alors, c'est d'accord ? Abigail en a vécu beaucoup de ces moments là, elle a passé de nombreux pactes avec quelqu'un, là-haut, qui ne l'écoute jamais. Enfant, elle a promis tous ses jouets, ses robes préférées, les rubans qui illuminaient ses cheveux, ses bonnes notes et son cartable. Elle a tout offert à qui voulait l'entendre, tout pour sauver sa maman. Pour chaque mois gagné, pour chaque jour remporté, elle se séparait d'un tout, d'un rien. Abi dispersait des petites touches d'elle partout, sur les bancs, au bord du lac, dans les bois. Elle laissait des offrandes à cette lueur là-haut, cette étoile qui veillait sur elle et offrait à sa maman de quoi voir demain et puis aussi le jour d'après. Mais la lumière s'est éteinte, dans le ciel, dans son coeur et aussi sur le visage de sa maman si blême le jour de sa mort. L'étoile est partie et a emporté un bout d'Abi avec elle. Les objets, les cadeaux, sa maman et une parcelle de son coeur aussi. Depuis, elle a compris qu'il n'y a rien que du vide là-haut et que les étoiles ne veillent pas sur elle comme sur personne. Elles sont jolies mais inutiles, clouées sur la voûte céleste avec des années-lumières de retard et Abigail ne les aime pas beaucoup. Pourtant, ce soir elle se surprend à se laisser avoir, à monnayer, à supplier pour une seconde chance. Elle promet tout, Abi, tout. Des mois de sa vie, un an, dix ans, peu importe, qu'il les prenne et la préserve du regard de Felix qui la crame et la tue. Il veut quoi ? Son sourire, ses bras, ses jambes, ses yeux, sa voix, son coeur ou ses reins ? Qu'il prenne, Abi, elle donne tout, tout pour effacer et recommencer autrement. Elle promet même d'arrêter, d'arrêter la drogue, la vraie ou Felix, elle promet tout mais rien ne fonctionne et le d'accord de son menuisier sonne si faux qu'il lui crucifie le coeur. Elle sent, qu'il essaye. Abigail le regarde à la dérobée comme un animal craintif, quand elle est convaincue qu'il ne la détaille pas en retour. Et elle lit la déception sur son visage, elle lit aussi quelque chose d'autre, quelque chose qui fait mal et qu'il affiche lorsqu'il évoque ce papa qu'il aime tant. Et c'est sa faute. Elle voudrait se lever. Elle voudrait se lever, le rejoindre, l'enlacer, l'enfermer entre ses bras trop maigres et chasser son chagrin, les vilaines ombres qu'elle a causées sur son visage. Elle aimerait embrasser le pli contrarié de son front, embrasser sa mâchoire crispée et ses lèvres serrées. Elle aimerait promener son nez contre son visage froissé pour le lisser et lui assurer que ça va, que tout va bien. Elle voudrait le dire et y croire pour retrouver les rails de leur belle histoire qui n'en est pas vraiment une. Felix n'y arrive plus et l'onde de choc qui la parcourt lui vrille l'âme. Il est passionné, Felix. Entier, sincère, c'est pour tout ça qu'elle est amoureuse de lui, parce qu'il ne ment pas, il ne prétend pas, il est là avec ses paumes ouvertes, ses plaies, son coeur dedans et elle, elle a tout saisi. « C'est moi qui suis désolée. » murmure Abi, faute de mieux. Elle est désolée. Elle est désolée de ne pas être celle qu'il espérait, de n'être qu'elle, fêlée, cassée, brisée, fragile, vulnérable, pétrie d'imperfections. Felix ne peut détacher son regard du sachet et elle, reste ancrée à son port, à son unique phare. Il jette le tout et Abigail sait qu'elle devrait s'emporter au moins un peu, comme une vraie droguée, lui dire qu'il n'a pas à faire ça, que ça ne le regarde pas, que ça lui a coûté cher, et tout ça serait vrai. Abigail n'est plus une enfant, même si elle en conserve les traits. Elle n'a jamais été une enfant, elle a du grandir trop vite face à la maladie, à la mort, à l'abandon et n'a jamais supporté l'infantilisation. Elle désapprouve, vraiment, mais elle rend les armes avant même de les porter. La vérité, c'est qu'elle est incapable de le décevoir encore plus, alors elle le laisse tout balancer sans un mot, sans colère, sans rien du tout. Elle est là mais elle flotte déjà au-dessus d'elle-même dans une vaine tentative d'échapper à cette scène qui fait trop mal. Ce qu'il la ramène, c'est lui. Son aura, son odeur, son regard attentif, toujours doux, ses gestes. Abigail oublie de respirer, l'air se raréfie dans ses poumons alors que sa peau redécouvre le bonheur simple d'être touchée par lui. L'espace d'une seconde au goût d'éternité, il n'y a plus de drogue. Il n'y a plus que lui, plus qu'elle et une longue nuit. Mais Felix parle et l'illusion se brise à leurs pieds. Abigail sent l'espoir dans son timbre velouté, elle entend la conviction qu'il espère trouver dans sa propre réponse et elle ne peut pas lui donner ça. Ils sont au-dessus des mensonges, elle se l'est promis. Sa main, telle un papillon, se pose délicatement sur la sienne pour la couvrir. Elle suit le rythme de ses caresses et c'est à son tour de les bercer de paroles, même si les siennes sont recouvertes d'une chape de plomb. « Non, Felix, ce n'est pas pour m'amuser. » C'est pour oublier, c'est pour tenir une journée de plus, c'est pour avancer chaque jour un peu plus, un pied devant l'autre et un sourire en prime. C'est parce que je vais mal Felix, c'est pour repousser l'ombre de la dépression qui avance plus vie que moi, c'est pour m'alléger le coeur et le corps, tu comprends ? Mais non, il ne comprendra pas. Alors Abi se tait. Elle tait sa mélancolie et son mal-être, elle tait sa souffrance et le reste parce que ce n'est pas son fardeau. Felix en porte un bien assez lourd et elle refuse de l'accabler du sien. Elle se relève enfin, Abi, éthérée et gracieuse, minuscule figurine face à lui. Elle le regarde de ses grands yeux qui lui hurlent combien ils l'aiment, qui lui avouent tout ce que ses mots ne diront pas. Je suis amoureuse de toi, Felix. Me laisse pas. A la place, elle esquisse un sourire voilé, composé de tous les morceaux d'eux-mêmes qui viennent de se briser au sol, en silence. C'est un sourire triste, résigné, un sourire aux allures de reddition, de drapeau blanc et d'armistice. « C'est fini n'est-ce pas ? Ça ne sera plus jamais comme avant... » Elle ne sait plus si elle affirme ou si elle interroge, ce qu'elle sait c'est que la réponse qui se dessine la tue. Abi serre la main de Felix entre ses petits doigts, la porte à ses lèvres et y dépose une pluie de baisers. Des baisers qui signifient pardon, au revoir je t'aime ou tout ça à la fois.
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MessageSujet: Re: we could be heroes, just for one day. (abigail)   we could be heroes, just for one day. (abigail) EmptyMer 27 Jan - 22:57

J’aurais aimé être de ceux qui se moquent de tout. De ceux qui ont pas vraiment de principes, qui ne se mettent pas de bâtons dans les roues, qui avancent, de manière linéaire, vers le bonheur. Les obstacles? On les écrase, on les ignore, on s’en moque. Je voudrais lever la main et broyer le malaise qui vole dans l’air, sourire de travers, jouer à l’insouciant. Au lieu de ça, la muse présente ses excuses, et à l’entendre, j’ai envie de hurler, de taper du pied. Je pourrai reconnaître son honnêteté, mais je préfère être encore un enfant, mettre mes mains devant mes oreilles afin que la vérité ne m’atteigne pas. Après tout, Abi, t’as menti tout ce temps, pourquoi t’as pas choisi de continuer ? Prétendre qu’elle n’est pas la tienne, toute cette drogue, que tu l’as trouvé par terre, que tu l'as ramassée par principe, que tu comptais la jeter, mais que t’as oublié. Ou bien celle d’un ami, qui essaye d’arrêter, et t’as confisqué ce petit pochon qui le piétine, qui le détruit. J’attrape un couteau et me met soudainement à griffer la sculpture inachevée représentant Abigail, officiellement pour m’occuper l’esprit et essayer d’éviter d’admettre la distance qui s’installe, la lourdeur de l’air. De manière moins assumée, les griffures sont une manière de me défouler, de crier, et de dévoiler la triste réalité : Abigail Fairchild, à l’enveloppe si douce, si parfaite, n’est en réalité qu’égratignures et plaies ouvertes. « Alors c’est pour quoi, si ce n’est pas pour t’amuser? Pourquoi tu fais ça? » Je dis, plus agacé que je ne le voudrais, et m’en excuse sans prononcer un mot, seulement en lui adressant un regard, qu’elle saura déchiffrer, après toutes ces heures passées dans l’atelier. Une fois que le message est passé, je cesse à nouveau de la regarder, mes yeux à nouveau concentré sur cette sculpture qui ne connaîtra jamais de fin, cette oeuvre à laquelle j’essaie de me raccrocher : c’est toujours elle, Felix, c’est toujours elle. Cette femme, que t’as contemplé, longuement, en te demandant si elle était bien réelle, comment pouvait-elle l’être ? Celle qui te semblais plus que parfaite, alors que tu ne savais pas encore que cela pouvait être possible, celle qui était au-dessus des mots - comment décrire une femme aussi éblouissante, presque surnaturelle ? Tu l’as abordé, tu as même effleuré son coude, pour vérifier qu’elle était bien faite de chair et d'os, bien présente à côte de toi. Tu te souviens Felix, quand elle t’a souri ? Comment oublier ? Ce rictus timide, révélant de légères fossettes, que tu voyais déjà imprégnées dans le bois. Un sourire et voilà que tu t’es imaginé en quelques secondes à peine tout ce que ta vie pourrait être en étant près d’elle. Beaucoup de choses qui ne se résument qu’au bonheur. Alors je l’admire à nouveau, en espérant retrouver la rousse que mon regard a croisé, ce soir-là, mais tout ce que je vois à ce moment, c’est cette âme abîmée, corrompue. Cette fois-ci, je ne parviens pas à détourner mon attention, même si je le voudrais : en ne lui faisant plus face, je retrouverai du courage, et ma respiration, reviendrait à la normale, elle ne ressemblerait plus à des soupirs, à des hurlements étouffés. Mais je peux pas. Parce que l’effet Fairchild, il ne s’efface pas comme ça, comment le pourrait-il alors que ses yeux hurlent la douleur, et le regret? Sa main rencontre la mienne, cette dernière qu'elle recouvre de baisers, et alors qu’il y a quelques encore minutes, cela aurait eu le don de me faire sourire, peut-être même rire, et j’aurais poursuivi en répondant, plus fort, plus ardemment, mon premier réflexe est de retirer ma main vivement de la sienne, comme si elle en avait perdu le droit. « Excuse-moi… » J’enchaîne, presque immédiatement après avoir fait ce geste, réalisant combien ma réaction est extrême, à la fois contre mon gré et voulue. Ma main, recouverte de son odeur, de sa douceur, se retrouve auprès de ma bouche, et j'en profite pour renifler profondément en espérant attraper les arômes de ses lèvres, pour finalement me frotter violemment le visage, synonyme de réflexion profonde chez les Gray. Je décide de lui faire face, et attrape son visage entre mes mains, caressant sa peau, me répétant qu’elle est toujours la même. Mais les gestes ne sont plus instinctifs, plus naturels. Ils ne sont que faux-semblant, comme Abigail Fairchild, et un long soupir s’échappe de ma bouche face à ce constat. « Je ne sais pas si ça ne sera plus comme avant, j’ai juste besoin de comprendre, d’accord ? D’analyser cette nouvelle, et puis, de l’accepter. Admettre que tu es une droguée. » Le mot échappé, je ne peux m’empêcher de rire, surpris par mes propos. Droguée. Il y a quelques instants, t’étais encore ma muse, Abi, et t’es passée directement par la case droguée. Allez en prison, ne passez pas par la case départ. « Je ne veux pas que tu te drogues. » Tu vois, dans quel état tu me mets ? Il n’y a que toi, qui a ce tel pouvoir. Un semblant de compréhension, pour passer à un rire hystérique, pour ensuite succomber à la colère et à l’autorité. Ce cocktail de sentiments qui s’affrontent, se confrontent, qui ne peuvent co-exister, il n’y a que toi, qui peut parvenir à les faire vivre ensemble, comme l’être magique que tu es. « Je ne veux pas que tu sois de ces personnes faibles, qui pensent que se droguer arrangent leur vie. Tu vaux mieux que ça, merde! » Voilà que je hurle. Fallait s’y attendre, t’as toujours su ressortir en moi l’extrême, cela ne pouvait pas être qu’en bien, il fallait un peu d’équilibre. Je m’éloigne d’elle, en espérant que mes cris seront moins synonyme de fureur et d’exaspération, avec de la distance. « Sur quoi d’autre, tu m’as menti? »

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MessageSujet: Re: we could be heroes, just for one day. (abigail)   we could be heroes, just for one day. (abigail) EmptyLun 7 Mar - 22:46

A la dérobée, elle observe son visage concentré qui détruit son propre travail et elle sent chaque entaille, chaque minuscule griffure contre sa peau nue, à vif. Felix la blesse et Abigail ignore comment agir, que faire pour arranger son pire cauchemar, ce nouvel espoir qui se brise entre ses phalanges. Il devait l'aimer, toujours, aussi fort qu'elle se consume pour lui et à la place, elle réalise qu'ils sont pulvérisés en vol par la première difficulté. Ca fait mal et Abi étouffe. La tristesse enserre sa gorge dans un étau douloureux et elle cesse de le détailler la saccager, elle, pour les saccager eux. Elle se détourne d'un spectacle funeste pour chercher ses vêtements : Abigail ne supporte plus sa nudité, ses insécurités qui resurgissent pour la frapper en plein visage alors qu'elle est déjà à terre. Sous son regard qui l'a toujours élevée, elle se sent salie, presque souillée. Elle ne veut plus qu'il la contemple car il n'y a plus de dévotion dans ses yeux. Felix est blessé, elle le sait, elle le sent. Quand il relève la tête dans sa direction, c'est le jugement de la déception qui rougeoie dans ses pupilles. Il est en colère, déçu, et Abigail se dérobe bien vite, protégeant sa chair à vif de la plaie béante de trop. Elle se drape dans une robe enfilée à la va-vite, mal ajustée, loin de la grâce éthérée de ses gestes. Elle ressemble à une poupée désarticulée, ainsi. Une figurine hallucinée dont on aurait oublié de remonter le ressort et qui tressaute sur place dans un dernier souffle. Et c'est le cas parce qu'Abi, elle est désorientée sans Felix, sans son regard, ses gestes coutumiers, sa tendresse un peu bourrue. L'agacement qu'elle sent perler dans sa voix la bouscule et elle le fixe de ses grands yeux délavés, épuisés d'avoir tant pleurés, à deux doigts du chagrin de trop. Elle a envie de hurler, Abi, mais regarde-moi Felix, regarde-moi, c'est pas évident la raison pour laquelle je me drogue ? Elle aimerait le secouer pour lui faire ouvrir les yeux, qu'il cesse d'agir comme un enfant qui clôt les paupières en pensant ainsi être caché aux yeux du monde. Mais sa frustration est lourdement lestée, verrouillée à l'intérieur et rien ne passe le mince filet de sa trachée obstruée de remords, de regrets, du marasme qu'est cet immense gâchis. « A ton avis, Felix ? » C'est un soupir las qui répond à sa colère alors que ses traits brisés sont aussi lisibles qu'une carte aux trésors. Mais Felix ne répond pas alors Abigail renchérit, plus doucement, plus calmement tant dans un signal d'apaisement que par honte. La honte d'être cette fille-là, criblée de problèmes, celle qui aimerait qu'on la sauve, qui attend d'être portée au lieu de se relever elle-même. Elle aimerait posséder cette force, cette indépendance, mais ses jambes flagellent et son coeur tout entier vacille. Alors elle attend un salut qui ne vient jamais et se gorge de chimères. « Pour m'envoler, m'oublier... disparaître. » Parce qu'elle n'aime pas la vie,ou que la vie ne l'aime pas, elle ne sait plus qui d'entre elles a débuté les hostilités. Parce qu'elle est fatiguée, Abi, délavée, évaporée, déjà usée d'une existence au goût de cendre. Mais Felix ne peut le deviner, l'éphémère de leur rencontre et la relation singulière qu'ils ont nouée n'a pas la place pour les confessions dévoilées. Eux ils se dévorent du regard, se respirent et pansent en secret des plaies dont ils n'ont même pas connaissance. Elle ne le blâme pas, Abi, parce qu'elle non plus ne sait rien de ce qu'il renferme au creux de lui, elle sait juste ce qu'elle imagine et devine, ce qu'il dévoile parfois, mais c'est tout. Et ça lui suffit, parce qu'elle ne demande rien, elle n'ose pas, elle craint si souvent que Felix s'envole, s'évapore en prenant conscience de tout ce qui cloche chez elle. Elle a peur qu'il réalise qu'elle n'a rien de spécial, qu'elle est de ces filles insipides sur lesquelles on ne se penche jamais. Et comme pour effacer la dureté de l'instant, pour balayer son courroux et retrouver celui qui la fait vibrer, Abi se fait douce et tendre, elle le caresse, l'embrasse, l'enveloppe du coton de son amour tout en retenant son souffle. Elle aimerait que l'instant bascule, oui, mais pas comme ça, pas de ce côté qui laisse un goût métallique sur sa langue. Felix retire sa main et Abi esquisse un mouvement de recul comme un félin craintif. Un pas en arrière, puis un deuxième, juste de quoi embrasser la scène en spectateur de ses yeux émeraudes au lieu de la vivre. Elle observe Felix avec une méfiance qu'elle ne se connaissait pas, comme une proie fixerait un élément inconnu avant de se décider à s'enfuir ou non. Il a l'air de regretter, il a l'air déboussolé et malheureux comme les pierres et Abigail sent son coeur couler au fond de son ventre parce que s'il la blesse par son attitude, elle a commencé ce petit jeu sans le vouloir. Juste en étant elle-même et pas cette statuette parfaite qu'il imagine. Ils se rapprochent, à nouveau, comme des aimants mais Abi est étreinte d'une réserve nouvelle qu'elle ne se connait pas avec Felix. Elle sent la pulpe de ses doigts éveiller sa peau qui ne réagit qu'à lui, oui, mais ça ne l'emporte pas. Ca ne l'emporte pas car elle attend la suite, une suite qu'elle présage en demi-teinte et elle qui a toujours tort, découvre une amertume toute nouvelle : celle d'avoir raison quand on aimerait le contraire. Le mot droguée l'ébranle. Il vient percuter son corps frêle et faire trembler ses os. Abi tremble de l'intérieur et ses lèvres suivent le mouvement alors que ses pupilles se gorgent d'une marée de sel qu'elle retient bravement. Le piédestal s'effondre et elle tombe lourdement à genoux sous le mot qui résonne. Droguée. Elle aimerait dire que non, non Felix, je te jure, je peux arrêter quand je veux, c'est pas important, ça fait du bien, tu voudrais pas que j'aille bien ? Mais rien ne sort parce qu'Abigail est faible, elle st mal armée contre la vie et les obstacles qui se dressent. Elle n'est pas de ceux qui les renversent ou les contournent. Elle, elle se résigne et c'est tout. Alors si Felix affirme qu'elle est une droguée, c'est sans doute vrai. Un éclat de rire qui fait froid dans le dos résonne et Abigail réalise sa nocivité. Elle le met dans tous ses états, sans doute bien plus qu'il ne la met dans tous ses états car le seul état qu'elle connaît, constant, c'est la tristesse. Une tristesse qui colle à sa peau et la prive parfois d'oxygène. Felix est sur le fil par sa faute et Abi baisse les yeux alors qu'elle retire doucement ses mains de sa peau. Elle ne les mérite pas. Elle cherche les mots, les bons mais il freine ses réflexions en haussant la voix. « Je ne veux pas que tu me juges. » énonce-t-elle doucement, son ton fuyant à l'opposé de la voix de Felix, puissante et excédée, qui résonne partout en elle. Abigail ose croiser son regard dur, de ses yeux pleins de larmes et elle aimerait se mettre en colère, elle aussi. Elle aimerait s'arracher le coeur et les entrailles et tout poser sur la table pour lui laisser lire ce qu'il ne perçoit pas. Elle aimerait hurler et être de ces héroïnes tragiques et flamboyantes qui le méritent, qui donnent le change. Mais elle ne sait pas faire. Ses colères sont mesurées, intérieures. Elles ne vivent que dans son timbre qui vacille et son corps qui en fait de même. Mais Felix ne s'arrête plus et Abigail a l'impression que son monde s'écroule autour d'elle. Ses jambes menacent de se dérober sous la violence de ses cris et elle clôt un instant les paupières, faisant couler les larmes qui miroitaient jusqu'alors. Elle mesure ses respirations, tente de retrouver contenance pour repousser les assauts d'un vertige, ceux de l'amour. Et quand elle rouvre les yeux, elle perd toute contenance, toute réserve, comme ces proies qui s'agitent inutilement lorsqu'elles se retrouvent enserrées dans les griffes ou la mâchoire d'un prédateur. Toute lutte est vaine mais pourtant elles se réveillent, prises d'un ultime sursaut. C'est exactement ce qu'elle ressent, Abi :  la fin. Une fin inéluctable, qu'elle ne désire pas. Alors elle se relève vaillamment pour un dernier tango, même si elle n'est pas à la hauteur. Sa voix se brise comme des éclats de verre à peine élancée dans l'air. Elle ne crie pas, elle suinte juste d'un mélange corrosif, celui du désespoir et de la déception, de la peine et de l'amour, l'amour déraisonnable et à peine esquissé. « Te... mentir ? » Abigail répète ce mot, un peu sonnée. C'est pire qu'une insulte, elle aurait préféré qu'il l'insulte, parce qu'elle ne ment pas jamais. Comment pourrait-elle jouer alors qu'elle porte son coeur entre ses doigts et qu'elle se balade la chair à nue, ses failles béantes à portée. « Je ne t'ai jamais menti, tu ne m'as pas posé la question comme beaucoup d'autres. Parce que c'est plus facile d'occulter ce qui ne va pas et de s'éprendre d'une figurine en bois. » Abigail devient acide. C’est rare, ça n’arrive jamais et même si sa voix est toujours le doux filet d’une berceuse elle sent gronder en elle le torrent violent de l’injustice subi. Alors elle devient injuste à son tour et seules les larmes qui creusent un sillon d'albâtre sur sa peau tempèrent un peu les mots-poignard qu'elle lance à l'aveugle, pour se protéger d'un coup supplémentaire alors qu'elle lutte déjà à terre. « Dis-le, que tu n'es pas capable de m'accepter comme je suis, avec mes fêlures et le reste. Dis-le, que ce que tu aimes ce n'est pas moi mais la perception faussée que tu en as. Tu peux le dire, tu ne seras pas le premier. » Elle le voit Abi, elle le voit bien lui qui ne peut plus souffrir qu'elle le touche. Elle le fixe toujours, Felix, mais voit flou à travers le rideau de ses larmes. Son coeur à la renverse lance un appel de détresse et Abi le cueille. Elle se détourne de Felix, attrape machinalement ses affaires et efface rageusement les perles salées qui obstruent sa vision alors qu'elle s'agite inutilement, sans perdre sa grâce éthérée. « Je t'aime Felix. Même comme ça, je t'aime. Mais je-je peux pas faire ça... Je sais pas faire ça, j'en ai pas la force. » Elle n'a pas la force de régler les conflits dans les cris violents et les mots durs lancés au vent. Tout l'atteint, tout l'atteint bien trop pour qu'elle joue à faire la guerre en espérant faire l'amour. Abigail n'est pas de taille, alors elle le contemple une dernière fois, le coeur au bord des lèvres, et tourne les talons. Elle trébuche une fois ou deux sur ses escarpins ridicules qui ne la portent plus. Elle croit bien qu'elle va tomber et puis rester là, à pleurer jusqu'à s'endormir de douleur, anesthésiée par cette soirée qui fait mal, mais elle rassemble ses dernières forces pour sortir de l'atelier et retrouver l'air glacial qui fouette ses joues et gèle ses jambes nues. Abi n'a pas récupéré sa veste, ni ses collants. Ca ne fait rien, elle laisse ces reliques au musée des coeurs brisés.
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