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 Tell me again, the world will be beautiful (abi)

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Colin Akerman

Colin Akerman

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MessageSujet: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyMer 17 Juin - 13:38

Tell me again, the world will be beautiful


Plus de Grace. Plus de Lauren. Plus de Mila. Ses plus belles amitiés et l’amour avaient foutu le camp, le laissant seul, définitivement seul. Il n’avait pas l’habitude, Colin, lui qui aimait tant entouré, lui qui se nourrissait des autres pour se sentir vivant. Il n’était pas fait pour évoluer sans compagnie, il détestait son logement quand le silence y était maître, il ne supportait plus son téléphone qui n’émettait plus de sonnerie. Son seul réconfort, c’était l’hôpital et les enfants qu’il soignait. Au moins, eux ne le laisseront pas tomber. Il se noyait dans son travail, Colin, pour oublier ses peines, il ne comptait plus les heures supplémentaires, quittant bien souvent son bureau à la tombée de la nuit. C’était plus fort que lui, quand les patients avaient déserté la salle d’attente, il s’empressait d’ouvrir des dossiers, de se replonger dans des cas mystérieux, de consulter ses livres et des journaux spécialisés. Ça ne changeait rien à sa vie, pourtant, ça l’éloignait juste un peu plus de la société. Son supérieur hiérarchique a remarqué tout ça, d’ailleurs. Et il l’a convoqué pas plus tard que hier pour poser des limites et le faire réagir. Le moins que l’on puisse dire, c’était que ça avait marché. La preuve, aujourd’hui Colin avait troqué sa blouse blanche pour une chemise à carreaux digne de figurer dans la garde-robe d’un bûcheron. Et à la place de son cahier d’ordonnances, c’était un carnet à dessins qu’il tenait fermement à la main. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait plus touché, il avait oublié dans un coin de sa tête sa passion pour se concentrer sur ses malheurs et ça ne lui ressemblait pas. Quand ça n’allait pas, le pédiatre détestait se plaindre et se refermer sur lui-même, et préférait s’ouvrir à la beauté du monde qui l’entoure pour se construire une petite bulle protectrice. Il se demandait pourquoi il n’y avait pas pensé plus tôt cette fois-ci, comme si le fait qu’on lui tourne le dos de la sorte l’avait totalement changé. Bien décidé cependant à mettre un terme à cette situation, il comptait bien profiter de ce jour de congés pour retrouver les petits plaisirs de son passé. Il marcha ainsi jusqu’au lac et après avoir cherché l’endroit parfait, s’installa sur une pierre. Il observa les alentours, se perdit dans ses pensées quelques instants mais les chassa aussi vite qu’il put pour se concentrer sur le plus important : le crayon qu’il tenait à la main et sa quête de l’inspiration. Sans savoir où il allait, il commença à dessiner l’étendue d’eau et à gribouiller quelques sapins quand son regard tomba cette fois-ci sur une forme humaine. Ce n’était pas un animal, oh que non, mais bel et bien une jeune femme seule elle-aussi. C’était étrange tout de même, jusqu’à maintenant il s’était toujours retrouvé isolé au bord du lac, convaincu que la majorité des habitants ne savait pas apprécier la beauté de la nature environnante. Mais il s’était trompé. Il y en avait au moins une qui avait pris la peine de sortir du centre-ville pour respirer autre chose que les pots d’échappement des voitures. Intrigué, Colin laissa tomber rapidement ses bonnes résolutions et avança derrière les arbres doucement mais sûrement. Il ne voulait pas l’effrayer, ni même faire exploser la bulle dans laquelle elle s’était enveloppée, il désirait simplement savoir ce qui l’avait amenée ici. Elle tenait une sorte de livres fermement entre ses mains qui tremblotaient. Quand on était un artiste, on s’intéressait au moindre des petits détails et ça en était un, ça. Quiconque ne l’aurait pas remarqué mais c’était pas le cas de Colin. Caché derrière un large tronc, il dût se rendre rapidement à l’évidence : la vision qui s’offrait à lui le fascinait. Il sortit de sa poche son crayon et son calepin, mais dans la précipitation, celui-ci tomba sur le sol dans un petit bruit. Il se retint de jurer. Gêné à l’idée que la jolie jeune femme découvre sa présence, il se fit le plus petit possible et attendit, le cœur battant. Cette expédition n’était finalement pas une si bonne idée.
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Abigail Fairchild

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyDim 21 Juin - 16:13

A la voir ainsi, on ne saurait dire depuis quand elle est ici. Elle n’a pas l’air d’une intruse ou d’une promeneuse, Abi, elle ressemble à un élément du paysage bucolique et mélancolique, née pour venir s’asseoir ici, sur ce banc, devant ce lac, sous cet exact climat. Avec son visage perdu et ses traits de môme délicate, elle a tout d’une figure romantique et tragique, le sentiment qu’on essaye de dépeindre dans un tableau impressionniste ou en couverture d’une œuvre de Victor Hugo. Mais de tout ça, elle n’a pas conscience. Noyée dans ses souvenirs douloureux, plongée dans un passé qui fait mal non pas parce qu’il est mais parce qu’il n’est plus, Abigail n’est pas vraiment là. Elle est ici comme ailleurs, présente et absente à la fois, morte et vivante en même temps. C’est une anomalie, une illusion, un mirage qu’on craint voir disparaître si on se détourne d’elle le temps d’un battement de paupière. Evanescente, elle ne prend pas de place sur ce banc, ne l’habite pas non plus, elle est plongée dans ses entrailles, dans les recoins de son cœur et dans le creux de son âme. Abigail tourne lentement les pages de sa vie, ces pages jaunies et froissées d’avoir été tant admirées. C’est son moment à elle. C’est un moment qui fait finalement du bien là où ça fait mal, c’est étaler du baume sur les plaies jamais cicatrisées. De la pommade, oui, et un peu de sel à la fois parce que ça reste douloureux. C’est douloureux, de se confronter au sourire éclatant de sa mère, une esquisse de battante, qui sent le courage et la joie de vivre à plein nez quand le sien est timoré, absent, fauché. Abigail regarde aussi cette petite fille si jolie, toujours au centre des photos, au centre de l’attention. Elle la regarde prendre sa mère dans les bras, elle la contemple juchée sur les épaules de son père et elle a l’impression de dévisager une inconnue. Même pas un lointain souvenir, non, une totale étrangère qui n’éveille rien d’autre qu’une curiosité accrue et un vague à l’âme qui teinte ses lèvres du goût amer des regrets. Cette enfant, elle est morte-née. Elle est née condamnée, elle a vu le jour alors qu’elle n’aurait pas du et finalement, elle s’est éteinte prématurément, en même temps que celle qui lui a donné la vie. Ca a été la première chape de tristesse, la première ombre au tableau, le premier fantôme pour la suivre et la retenir en arrière. Depuis, ils se sont multipliés, ils se font sans cesse plus nombreux, plus lourds, plus harassants. Abigail aimerait avancer, mais elle n’y arrive pas. Parce qu’elle est née ainsi, résignée, et que le malheur la crucifie sur place au lieu de la rendre plus forte. Elle n’est pas forte, elle ne l’a jamais été. Elle avance à nu et chaque coup la blesse dans sa chair parce qu’elle ne porte pas d’armure. Abi, c’est un fil dénudé et jour après jour, il se rapproche du point de rupture. Ses mains tremblent un peu parce que l’album se fait aussi lourd que du plomb entre ses doigts, il en a même le goût métallique sur sa langue, le goût du sang à force qu’elle morde sa lèvre inférieure. Tout a disparu autour d’elle, le motel en premier lieu. Seuls comptent les battements de son cœur qui prouvent qu’elle est là, ils sont lents, réguliers malgré la tristesse qui le taraude. Abigail abandonne sa contemplation pour couver son sac du regard. Ses yeux s’y posent, aussi fugaces qu’un papillon, et elle sait ce dont il recèle : le pouvoir de s’arracher à sa peine, pour quelques minutes. Elle hésite, flanche et s’apprête à tendre un bras gracile mais un léger bruit retentit près d’elle et comme un animal craintif, Abigail se replie. Elle replie sa main d’opaline contre l’album qu’elle referme et puis elle se replie sur elle-même, s’apprête à s’évanouir, à se faire légère, minuscule, transparente, translucide même. Elle retient son souffle et ose un regard en biais en direction du bruit. Et c’est triste, mais ce qu’elle s’apprête à croiser c’est les yeux perçants de sa belle-mère pour lui rappeler combien elle est empotée, distraite, irresponsable. Parce qu’Abi, elle devrait être au motel. Elle a décidé de se prendre une pause, de se libérer le cœur pour un bref moment, alors elle a quitté la chaise inconfortable de la réception et elle s’est évanouie derrière la porte d’entrée. Mais ses yeux remontent le long de l’arbre et c’est la silhouette d’un homme qui lui fait face. Un homme au regard doux et au visage tendre, un homme qui ignore sans doute qui elle est mais qu’elle a déjà croisé, à plusieurs reprises. Abigail est comme ça, elle oublie d’exister, de respirer, de se mêler aux autres et à la vie, mais elle observe. « Bonjour… ? » tente-t-elle maladroitement de son timbre suave et doux, à peine un souffle. Abigail ne pêche pas par timidité, elle n’est pas timide, elle pêche parce qu’elle n’est plus à l’aise avec la vie et les interactions sociales, elle préfère s’effacer, vivre dans les chimères irréalisables de son esprit fertile plutôt que d’essuyer de nouvelles déconvenues. Elle est trop fragile pour ça.
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Colin Akerman

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyJeu 25 Juin - 13:03

Caché derrière son arbre, Colin sentait sa respiration s’emballer, tout comme les battements de son cœur. Il était venu ici, dans ce coin sauvage du lac, pour être seul et retrouver goût à sa grande passion qu’est le dessin, mais il se sentait désormais comme emprisonné dans un environnement qui ne lui collait pas à la peau. Pour laisser son imagination s’exprimer, le pédiatre avait besoin du plus grand calme qu’il soit donné d’exister, mais surtout d’être en tête à tête avec soi-même. C’était rare qu’il prenne son crayon sous les yeux d’une autre personne et cette pensée lui serra le cœur. Mila. Encore et toujours la jolie interne. C’était pour elle qu’il avait ouvert son carnet la dernière fois, c’était pour elle également qu’il avait fait exception à la règle en lui permettant de le regarder faire. Et bien évidemment, c’était elle qui figurait sur la dernière page gribouillée du calepin. Ça lui faisait mal de se rappeler ça, de se rendre compte qu’une fois de plus son amour n’avait pas été assez puissant pour la retenir. Il y avait cru pourtant cette fois, il s’était même imaginé se mettre à genoux devant elle pour lui demander de l’épouser. Ils se ressemblaient tant, ils partageaient la même vision du monde… du moins l’avait-il cru. Il n’éprouvait pas de colère à l’égard de la jolie interne, juste une trop grosse incompréhension. Et c’était ce sentiment négatif qui allait sans aucun doute s’exprimer dans ses dessins aujourd’hui, s’il réussissait à se calmer et à trouver un autre coin pour gribouiller. Une seconde, deux secondes, cinq secondes, dix secondes… le temps défilait sous ses yeux, faisant naître en lui des doutes et des questions. L’inconnue l’avait-elle entendu ? Vu ? Continuait-elle de regarder l’ouvrage qu’elle tenait fermement dans ses mains ? Ou au contraire, l’avait-elle refermé violemment avant de se lever vers l’endroit où il se tenait ? Après tout, à sa place, Colin n’aurait pu faire comme si rien n’était, pas dans un endroit aussi isolé, pas en étant une fille. Qu’on le veuille ou non, ça ne servait à rien de le nier, la réalité était bel et bien celle-ci : la société devenait individualiste et mauvaise, l’humanité quittait peu à peu nos corps. Même à Fairview, personne n’était à l’abri d’une agression, pas même le pédiatre. Dieu soit loué pour l’inconnue, Colin n’était pas un monstre et ne le serait jamais. La gêne s’était même totalement emparée de son corps et si ça n’avait tenu qu’à lui, il se serait empressé de prendre les jambes à son cou avant de se faire repérer, tant il ne voulait pas déranger. Mais c’était trop tard et rapidement, toutes ses interrogations trouvèrent réponses : une petite voix se fit entendre. Colin laissa échapper un soupir de ses lèvres. Ce n’était pas de l’agacement, juste du soulagement. Au moins, il était fixé et la demoiselle ne semblait pas lui en vouloir. Oui, il n’y avait que lui pour penser à des choses négatives. Que lui pour ressentir le besoin de ne jamais empiéter sur l’espace vital des autres. Colin, c’était un homme qui pensait à tout le monde, sauf à lui. C’était un homme qui s’effaçait tant il ne supportait pas les personnes qui se mettaient en avant. C’était un homme comme on n’en trouvait plus beaucoup. Finalement, il quitta sa cachette et tourna autour du tronc d’arbre pour afficher sa silhouette au grand jour. « Bonjour. » qu’il répéta, un peu surpris par la politesse de l’inconnue. C’était dingue comme constat, triste aussi, mais le monde l’avait habitué à bien plus de violence et de brutalité. La preuve, n’était-il pas seul en ce moment, coupé de ses amis et de l’amour ? On préférait cracher sur son bon fond plutôt que de l’apprécier à sa juste valeur. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres, et il passa une main dans ses cheveux, un peu nerveux. « Ne vous dérangez surtout pas pour moi, je vais me trouver un autre coin. » qu’il dit, la voix un peu tremblotante, comme si désormais il ne savait plus évoluer en société. Comme si le fait que sa vie sociale se soit fortement diminuée ces derniers temps lui avait retiré toutes ses capacités. Il se baissa pour ramasser son carnet, ouvert sur le fameux dessin de Mila, puis son crayon, et déglutit péniblement avant de se redresser. A moins que ce soit cette fameuse jeune femme qui le trouble au point de perdre tous ses moyens ? ça ne l’étonnerait pas, Colin, que ce soit ça. Il fallait dire qu’elle était belle, terriblement belle. Elle ne ressemblait en rien aux femmes que l’on exposait sous toutes les coutures dans les magazines. Elle avait un visage qui passait partout, une coiffure qui n’avait rien d’extravagant tout comme son maquillage plutôt naturel. Mais il y avait quelque chose dans ses yeux qui retournait la tête et le cœur, qui chamboulait l’esprit tout en le marquant à jamais. Une sorte de nostalgie, mêlée à de la tristesse. On se noyait volontiers dans son regard comme dans un océan de rêveries.
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Abigail Fairchild

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyVen 21 Aoû - 0:33

Abigail aurait pu rester des heures ainsi, happée par la nostalgie d'un passé disparu trop tôt, noyée par la mélancolie et une tristesse intrinsèque. Chez elle, la tristesse n'est pas un sentiment qui l'accable, revient la frapper pour mieux disparaître, c'est une vieille amie, une constante, un étau autour d'elle qui est là depuis toujours et n'ira jamais nulle part. Une partie d'elle-même. Abi est née triste comme d'autres naissent avec les yeux bleus ou de grandes mains, elle ne l'a pas choisi et n'a fait qu'embrasser ce cadeau singulier, empoisonné. Elle vit avec cette main qui serre son coeur en permanence, ce vague-à-l'âme poisseux sous ses semelles qui leste ses pas et sa démarche légère et la retient d'aller plus haut, plus loin. Elle contemple ses tranches de vie et suit le lancinant délitement de sa vie. Rien qu'en regardant des photographies usées, elle sait. Elle sait précisément à quel moment sa maman est partie pour un ailleurs, quand une partie de son papa est parti auprès d'elle en la laissant seule. Elle perçoit le changement dans son comportement et peut dater précisément l'arrivée de Courtney, parce qu'il a l'air à la fois plus heureux et complètement absent. Elle aussi, s'absente. Au fur et à mesure des années, sa présence sur les photos s'amenuise jusqu'à disparaître purement et simplement. Abigail est parfois un reflet dans une vitre, une ombre projetée sur un mur mais c'est tout, ça ne va pas plus loin et jamais photo n'a été plus proche de son existence : un grand vide, un grand rien, l'Absence. C'est pourquoi sentir une présence si proche de la sienne la surprend. Abigail se montre si éthérée que le reste du monde ouble jusqu'à son existence et rares sont ceux qui gravitent autour d'elle. La plupart parce qu'ils ne l'aperçoive même pas, roseau parmi les roses. Les autres, parce qu'ils craignent la briser en l'approchant, devenir le souffle qui la ferait ployer plus fort jusqu'à la fêlure de trop. Elle ne leur en veut pas, elle n'en veut à personne d'autre qu'à elle-même. Colin s'approche et elle lève un regard pur, limpide, sans jugement ou sous-entendu, vers le visage qui se découpe dans le bleu du ciel. Il a l'air gêné mais avenant, l'embarras se lit sur ses traits comme une carte au trésor tout en dévoilant, en filigrane, en transparence, la douceur qui luit joliment à la commissure de ses lèvres. Abigail n'a pas le temps d'esquisser un geste, un mot de plus, que Colin entend battre en retraite. Un léger voile déçu se pose comme une plume sur sa peau opaline mais elle conserve lèvres closes. Abigail ne sait pas quoi dire, jamais. Elle a perdu les réflexes qui rendent les gens sociaux, extravertis et enthousiastes : elle est devenue de ceux qui se contentent d'exister au lieu de vivre. Ses prunelles de jade hésitent, papillonnent entre l'inconnu et le sac qui renferme de quoi s'évader et elle fait montre d'un brin de volonté. Une volonté vacillante, timorée, mais c'est déjà rare. Abi se détache de la drogue que recèle son sac à main et s'accroche au regard tendre de Colin. Elle croit bien qu'elle l'implore du regard, qu'elle lui murmure silencieusement de ne pas partir, de rester même pour quelques minutes, même s'il ne veut pas, que ça fera une grande différence. Elle le fixe du velours de ses pupilles et finit par avancer un tâtons, par agir comme elle ne le fait jamais : en s'imposant, ne serait-ce qu'un tout petit peu. « Il y a assez de place pour deux » Abigail est si peu autoritaire et son timbre se révèle si évanescent que ses mots semblent toujours inachevés, comme s'ils flottaient dans l'air, au-dessus d'elle, dans l'attente d'être rappelés pour poursuivre une phrase plus longue, plus vive, plus percutante. Mais elle n'est rien de tout ça. Suspendue à ses lèvres, Abi attend avec le coeur qui bat la chamade et ses yeux s'abreuvent de son nouvel environnement, ils coulent sur lui et terminent leur course prudente sur le carnet ouvert. Sans savoir si elle en a le droit ou non, elle détaille le dessins de ses opales et admire les traits poétiques, magnifiés par un joli coup de crayon. « Elle est si belle... » C'est un compliment qui naît de lui-même sans savoir s'il est approprié ou non, intrusif ou bienvenu. Abigail ne sait pas si cette fille est sublime ou si c'est le dessin qui lui fait honneur parce que son créateur l'a fait avec son coeur, et pas seulement à l'aide d'un crayon. « Elle est... réelle ? » Ce n'est sans doute pas le bon terme, on ne demande pas si une fille capable de caresser l'âme sort des chimères d'un dessinateur talentueux. Elle aurait du demander s'il la connaissait, ou mieux encore, ne rien dire du tout pour ne pas se montrer impolie mais c'est sorti tout seul. Abigail est envieuse, à force de ne rien avoir. Elle aimerait un talent, elle aussi, un joli talent pour s'envoler loin d'ici et si c'est impossible alors elle aimerait être cette fille au visage inspirant, être cette fille si belle qu'on ne peut pas décrocher son regard. Mais elle, elle n'est rien alors elle ne peut qu'admirer ce qu'ont les autres.
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Colin Akerman

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyJeu 27 Aoû - 18:52

Il voudrait s’enfuir, Colin, tourner les talons et gagner à toute vitesse son chez-lui qui n’était d’ailleurs plus tout à fait le sien depuis que son frère l’avait investi. Il n’avait plus l’habitude de rencontrer de nouvelles personnes, et encore moins de se lancer dans une conversation digne de ce nom. Il paniquait, se sentait défaillir tandis que son cœur semblait comme aimanté au point d’être collé contre sa peau. Lui aussi voudrait partir. Mais aucun des deux ne s’envola vers un ailleurs plus rassurant et prudent. Il y avait quelque chose dans le regard de l’inconnue qui clouait le pédiatre sur place. Et bientôt, Colin se sentit noyé dans ses grands yeux couleur mélancolie. Il n’arrivait plus à détourner la tête et ne se rendit même pas compte que la jeune femme, elle, avait détourné son attention vers son carnet ouvert. Parce que s’il l’avait vu, clairement, il serait redescendu sur Terre et aurait pris ses jambes à son cou. Ce ne fut qu’une fois qu’elle reprit la parole qu’il comprit que c’était trop tard. Et que son erreur était monumentale. Ses joues se teintèrent aussitôt de rouge tandis que son calepin finissait dans sa poche, un peu serré. Il ne savait plus que dire, Colin. La remercier ? Lui faire comprendre qu’il ne voulait pas en parler ? Se murer dans un silence glacial mais signifiant ? Il y en avait des solutions mais aucune ne le satisfaisait pleinement. Il ne la connaissait pas mais elle ne méritait pas qu’on la rejette sans pincettes et sans scrupules. Alors finalement, il prit sur lui, déglutit péniblement et baissa la tête vers le morceau visible de son carnet qui dépassait de son jean. Il hésita quelques secondes et s’en empara avant de le rouvrir sur le portrait de Mila. Il prit la route des souvenirs, s’arrêta quelques instants devant un sourire et un rire, se laissa bercer par une voix magique et obsédante, puis se perdit dans une beauté naturelle et renversante. Mila, c’était une perle rare qu’il ne regrettait pas d’avoir connu. Elle le faisait souffrir terriblement en ce moment mais il n’arrivait pas à lui en vouloir. C’était plus fort que lui et il savait d’avance qu’il ne sortirait pas gagnant d’une lutte avec ses sentiments. Il ne voulait donc pas perdre son temps avec ça. Il préférait ne garder en tête que les bons moments. D’ailleurs, il ne put empêcher un sourire de se former sur ses lèvres lors de sa contemplation du dessin. Il n’aimait pas se vanter mais il était fier du résultat qu’il trouvait on ne peut plus réussi. Il n’y avait pas à dire, le portrait de Mila était très ressemblant au point qu’une fraction de seconde, le visage d’Abigail se métamorphosa en celui de la jolie interne. Le retour à la réalité se fit brutal et Colin se força à énoncer quelques mots. « Elle s’appelle Mila et c’est l’amour de ma vie. » qu’il dit sans réfléchir, parce que pour lui c’était une évidence, quelque chose qu’on ne pouvait nier, qui méritait d’être clamé au monde entier. Malheureusement, la vérité était devenue autre, et le pédiatre se sentit obligé de le dire. « Enfin, était. » Le regard peiné, il baissa à nouveau la tête mais cette fois-ci pour regarder ses pieds. Il n’avait pas honte de son histoire d’amour, ni même de son échec, mais comment parler amour à une inconnue ? Il aimait faire cela avec toute femme, Colin, parce que c’était sa passion et que les mots débordaient de ses lèvres. Mais aujourd’hui, il était bien trop troublé pour se lancer dans une discussion animée. « Je suis désolé, je ne sais pas pourquoi je vous ai dit ça. » qu’il reprit finalement, ses yeux toujours rivés sur le sol. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux, avant de refermer le carnet. La vision de son ancienne petite amie n’arrangeait rien à sa gêne.
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Abigail Fairchild

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyJeu 29 Oct - 22:15

Le visage de l'inconnu se pare d'atours pourpres et Abigail, par pudeur, par embarras, s'interdit de contempler le cuisant de ses joues. Ses prunelles s'accrochent ailleurs, coulent sur les familles qui se baladent sur le pont et elle sent sont coeur se serrer dans sa poitrine. Elle aimerait tant être heureuse, elle aussi, se promener le sourire aux lèvres et la main intimement ancrée dans celle d'un autre. Partager son âme et son coeur, ses doutes et ses peines, les petits riens qui font tout et se créer un univers, elle qui n'est qu'une toile blanche, transparente et quelconque. Abigail a l'intime conviction qu'elle n'arrivera jamais à rien par ses propres moyens, toute seule. Elle rêve pourtant, elle rêve de gloire et de succès, d'échappatoires et d'admiration mais mêmes ses chimères s'estompent et s'affaiblissent tant que seule la drogue a le pouvoir de les faire réapparaître. Elle ne demande pas grand chose, juste quelqu'un. Mais c'est déjà beaucoup parce que les quelqu'un pour qui elle tombe ne sont jamais faits pour elle, ne l'aiment jamais comme elle, elle les aime. Elle en fait peut-être trop, Abi, ou pas assez, mais le résultat est là : un coeur en charpie qui s'acidifie dans l'ombre, qui devient chaque jour plus méfiant, aigri. Un jour, il lui poussera des dents et il finira par se déchiqueter seul pour ne plus peser si lourd dans sa poitrine. Son regard aussi léger qu'une plume se détache du monde qui vit et vibre sans elle pour revenir folâtrer près de son interlocuteur, qui a ressorti le cahier. Avant même qu'il n'explique son lien avec le dessin intemporel qui lui a vrillé le coeur, Abigail a compris. Colin caresse les traits du regard avec une dévotion qu'elle reconnaît entre milles : celle de la passion, de l'amour qui consume, qui élève, qui blesse et abandonne. Mais il la présente comme la femme de sa vie et elle est contente de s'être trompée, d'avoir cru lire de la mélancolie et de la peine là où il n'y en a pas. Elle esquisse un sourire aussi doux qu'il est factice. Sourire est un mécanisme naturel pour Abigail qui a appris à sourire au lieu de pleurer, crier, s'effondrer, hurler tout ce qui meurt en elle. Elle parle peu, ne rit jamais, pleure rarement des larmes taries, asséchées, mais elle sourit beaucoup, tout le temps. De ces sourires qui fendent l'âme et expriment la tristesse et la solitude bien mieux que le reste. C'est un art, les esquisses qui sont à la fois belles et douloureuses et c'est l'un des rares qu'Abigail maîtrise sans même le savoir. Son sourire perle de mélancolie mais il est fauché par la suite. C'était. Les yeux n'ont pas menti, la belle jeune femme n'est plus. « Je suis désolée. » lance-t-elle délicatement au vent, comme une bulle de savon, ou une plume, sans détacher son regard des traits sublimés qui ont inspiré tant de beaux sentiments. Et, surprise, Abigail croit qu'elle est sincèrement désolée. C'est rarement le cas. Avant, elle l'était, elle éprouvait de l'empathie et de la compassion et croyait que tout pouvait toujours s'arranger pour les autres comme pour elle. Mais les années ont passé et les bleus ont martelé sa peau d'opaline tant et si bien qu'elle ne croit plus. Elle ne croit plus qu'un jour la vie, la vraie, viendra la faucher pour colorer son existence dans des nuances vives et colorées. Elle ne croit plus qu'elle puisse être heureuse, qu'elle ait ça, en elle, alors le bonheur des autres lui fait mal. Ils ne le font sans doute pas exprès mais ça la blesse et Abi, elle est devenue envieuse. Tant et si bien que les amours déçus ne l'émeuvent plus autant qu'avant, du moins, jusqu'à lui. Colin s'excuse et ses doigts fins, nerveux, serrent distraitement sa jupe alors qu'elle tente de trouver les mots. Mais ces mots-là, ils n'existent pas, surtout quand on a tout perdu, l'espoir en premier lieu. Abigail le sait bien parce que les mots coulent sur elle sans jamais l'atteindre, sans jamais pénétrer son coeur pour l'apaiser même pour quelques secondes. Elle entend des sons et des jolies syllabes mais la plupart du temps, ils n'ont aucun sens, ils n'ont aucun effet ni pouvoir. « Peut-être que que ça ne l'était pas et que tout est encore à faire, à vivre. » Abigail essaye, de sa petite tendre qui ne s'impose jamais, elle essaye de peindre un nouveau tableau, d'aider l'inconnu au lieu d'attendre de lui la main secoureuse qu'elle passera sans doute sa vie à chercher. Abigail est une jolie fleur qui se fane dans l'indifférence générale. Elle aimerait être regardée, aimée, cueillie et choyée mais elle n'en montre rien, n'en dit rien, ne fait rien. Elle attend, elle regarde sa vie s'écouler loin d'elle et ses pétales se brouiller. Alors aujourd'hui, elle essaye de se faire nuage bienveillant et de couver du regard le bonheur d'un autre. D'empêcher le soleil de brûler sa peau et d'assécher son coeur.
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Colin Akerman

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyDim 1 Nov - 15:58

Parler de Mila, ça lui retournait l’estomac, ça mettait son cœur en vrac, ça lui donnait un mal de tête insupportable. Même si leur relation n’était désormais plus qu’une histoire ancienne, il ne parvenait pas à l’oublier. La page avait beau être tournée, et même arrachée, Colin s’y accrochait fortement, la broyant dans sa main sans jamais réussir à le jeter au feu pour qu’elle se consume à tout jamais. Partout où il allait, un souvenir se jouait de lui et le frappait à pleine figure. Partout où il allait, une odeur lui chatouillait le nez et faisait naître dans ses yeux une petite larme honteuse. Partout où il allait, et même dans ses rêves, le pédiatre faisait face au fantôme d’une Mila toute en beauté. Elle était là, tout le temps, dans sa tête, son cœur. Elle restait à ses côtés sans qu’il ne comprenne pourquoi il ne parvenait pas à la faire fuir. Après tout, elle, elle y était bien parvenue. Elle ne lui donnait plus de nouvelles, prenait soin de ne pas croiser sa route dans les couloirs de l’hôpital, et évitait tout lieu qu’ils avaient fréquenté ensemble. Pourquoi le pédiatre n’arrivait-il pas à se relever et à avancer ? Pourquoi fallait-il qu’il se noie dans ce passé trop douloureux actuellement ? Il avait conscience que le temps pansait les blessures, que les souvenirs ne lui donneraient plus envie de pleurer mais de sourire, mais il ne savait pas qu’il était impatient ou non d’en arriver à ce stade. C’était tellement de difficile de faire le deuil d’une relation qui l’avait rendu si heureux. « Vous n’avez pas à l’être, vous ne pouviez pas savoir. » Au fond de lui, Colin aurait voulu crier que si, elle aurait dû savoir. Elle aurait dû croiser la route de ce couple amoureux et envier le bonheur qui les faisait rayonner. Elle aurait dû entendre parler d’eux et se revoir quelques années en arrière quand elle n’était qu’une enfant et qu’elle rêvait de vivre un conte de fées. Mais Mila et Colin n’existaient plus et pire encore, n’avaient pas existé aux yeux de tout le monde. Quand le pédiatre aimait, il désirait plus que tout que la Terre entière en ait conscience. Pas parce qu’il adorait se mettre en avant et qu’on le jalouse, mais parce que son amour était trop fort pour le garder pour soi. Quand le pédiatre aimait, il était capable de tout, et même de décrocher la Lune, il n’avait plus de limite et s’imaginait que le reste du monde n’en avait pas non plus. Mais il y aurait toujours ses putains de frontières qui s’amusaient à séparer les gens. C’était là toute l’injustice de la vie. Il baissa les yeux, Colin, sentant la tristesse l’envahir et sa gorge se serrer, et il ne voulut surtout pas imposer cette vision à la jeune inconnue. Elle ne méritait pas ça, et surtout n’avait rien demandé. Qu’attendait-elle pour tourner les talons pour l’abandonner à son tour ? Elle, au moins, n’était pas tombée dans ses filets ; elle, il ne l’avait pas aimé au point de vouloir la retenir. Rien ne l’empêchait de partir, d’échapper à la mélancolie qui grandissait en lui et qui le rendait si inintéressant. Mais non, quand il releva la tête, elle était toujours là. Et pire encore, elle essaya même de le réconforter. C’était trop beau pour être vrai, et surtout douloureux. Elle n’était personne pour lui, contrairement à Grace ou Lauren, et pourtant elle lui tendait la main et lui accordait un peu de son temps sans arrière pensée, il en était persuadé. Cette inconnue, elle respirait la sincérité, et ça le toucha en plein cœur. Réellement. « Peut-être. » qu’il souffla entre ses dents, d’une voix qui exprimait plus qu’elle n’en disait vraiment. Avec ces deux mots, c’était des émotions qui se faisaient voir également. « Nous avons tous quelque part dans ce monde une personne qui nous attend et qui espère finir ses jours à nos côtés. » Oh oui, il y croyait dur comme fer, Colin, et c’était sans doute pour cette raison qu’il pensait à chaque nouvelle histoire avoir rencontré la femme de sa vie. Celle qu’il épouserait et qu’il chérirait jusqu’à son dernier souffle. L’inconnue avait-elle la chance d’avoir rencontré son âme sœur ? Il n’osa même pas lui demander tant il savait cette question délicate.
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Abigail Fairchild

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyMar 3 Nov - 23:51

Abigail sait repérer les gens malheureux. Ce n'est pas un don, certainement pas un talent, elle qui n'en possède aucun, c'est seulement une mélodie. Une musique particulière qui effleure l'âme et lie les mélancoliques entre eux, les nostalgiques et ceux que la vie a trop souvent éraflé. Ce sont ces notes-là, entêtantes, qui l'ont fait tomber pour Erik et ce sont encore elles qui résonnent partout en Felix, sur sa peau, sur ses lèvres, ses paupières, dans ses sourires fauchés ou ses mains calleuses. Et la chanson, elle entoure également Colin. De façon moins entêtante, ce n'est pas encore une symphonie, juste un carillon autour duquel persiste à s'accrocher l'espoir. Mais elle est là, partout, comme une aura et c'est pour ça qu'elle s'excuse, Abi. Elle s'excuse de faire tinter les cloches de sa tristesse, de l'amplifier sans le vouloir, sans même essayer. « J'aurais du me montrer moins indélicate. » souligne-t-elle de sa voix ronronnante, naturellement basse. Abigail n'a pas l'habitude de poser des questions, de se montrer curieuse, de s'imposer là où elle n'est pas invitée. Elle, elle se fait fuyante comme de l'eau, aussi éthérée qu'une danseuse étoile, discrète et presque impalpable. Elle ne laisse des traces d'elle-même que dans les mémoires, comme un souvenir prégnant qui ne surgit que dans le passé. Le présent, elle l'effleure seulement. Les mains serrées sur son album photo fermé, elle a presque oublié sa propre douleur, sa propre peine, celle dont elle arrose les plaies béantes à chaque regard jeté sur les photos. Parce que la douleur des autres l'appelle comme une mélopée, comme un chant lancinant. Et elle y répond, toujours. Les gens tristes ne devraient pas s'entourer de leurs semblables mais Abigail croit qu'eux-seuls sont à même de se comprendre, de s'excuser, de se compléter aussi. De s'aider, ou de plonger ensemble. Elle qui fréquente si peu ne connaît des intermèdes qu'avec des êtres brisés, à différents degrés. Parfois, ils essayent de s'élever ensemble comme avec Felix. Et sa peau contre la sienne, ses soupirs, ses caresses. Souvent, ils se contentent de se donner la main pour plonger dans les abysses. Comme avec Caleb, bien qu'elle ne le discerne pas. Caleb et ses paradis artificiels qui dissimulent les flammes de l'enfer et les tourments de la dépendance. Pourtant, Abigail a envie de l'aider Colin, d'effacer la lueur qui ternit son regard parce qu'elle est neuve, encore frémissante. Il n'a pas encore le regard délavé des gens pour qui il est trop tard, le regard d'Erik ou le sien, ces grands trous noirs qui avalent la lumière et tous ceux qui ont le malheur de s'y perdre. Abigail rassemble tout son courage, tout son optimisme (et c'est peu), la faible lueur qui persiste à briller en elle pour l'offrir à Colin. Elle s'essaye aux jolis mots auxquels elle aimerait tant croire sans y parvenir tout à fait, elle sait tout de la douleur des amours perdus, déçus, mais en tait l'horreur tapie dans l'ombre. Elle ne sait pas si sa maigre tentative est une réussite, mais l'inconnu se fend d'un peut-être et recueille l'un de ses sourires. Les sourires d'Abigail sont comme un arc-en-ciel après une averse, ils sont rares et précieux, beaux et éphémères, parce qu'ils refusent de s'imprimer durablement sur ses traits faits pour refléter une vie qui ne l'a jamais épargnée. Il poursuit, chevaleresque, avec de belles paroles et de grandes idées sur l'amour. Elle devrait acquiescer, l'enjoindre à continuer mais Abigail flanche. Elle aimerait croire à tout ça, elle aimerait croire qu'il y a quelqu'un pour chacun et même pour elle, quelque part et qu'il viendra en temps voulu, qu'elle n'a qu'à l'attendre. Mais si il tarde trop, que trouvera-t-il ? Des cendres éparses, une enveloppe vide et asséchée parce que les mauvais hommes, ceux qui ne lui sont pas destinées, auront tout pillé, tout volé, tout incendié. Elle contemple Colin, de ses yeux aux longs cils qui frôlent le coeur, et cherche à déchiffrer son visage. Est-ce qu'il croit vraiment ? Si oui, rien n'est perdu. Elle, elle ne sait plus. Plusieurs fois elle a cru toucher du doigt le bonheur brut, la bonne personne et à chaque fois, Abigail est tombée. Elle s'est accrochée à des mains qui ne tenaient pas la sienne, a embrassé des lèvres qui en désiraient d'autres, alors elle ne sait plus. « Vous le croyez ? Vraiment ? » demande-t-elle tout doucement en le fixant de ses prunelles électriques. Dites oui, supplient-ils. Dites oui, montrez-moi que vous n'êtes pas encore perdu, pas tout à fait, que cette ville n'est pas seulement remplie de fantômes et d'ombres. « Et si l'autre se perd ? Et s'il arrive trop tard quand il ne reste plus rien à aimer... ? Et si c'est nous qui nous perdons trop longtemps ? »  Et si le coeur est aveugle et dicte des bêtises ? Et si elle est en train de se fourvoyer, en s'accrochant à Felix quand bien même il n'y a plus que des ruines fumantes à sauver ? Abigail oublie son but initial et partage ses doutes, des doutes qu'il faut pourtant conserver au creux de son coeur et n'offrir qu'à ceux dont tout espoir s'est fait la malle. Elle n'a pas envie de ternir davantage l'inconnu, il n'y a pas encore des couteaux dans ses sourires, tout n'est pas perdu. Alors comme pour s'excuser une seconde fois, sans le dire, Abigail tend une main gracieuse en sa direction. C'est un peu désuet, mais elle ne sait plus faire des rencontres, se montrer solaire et sociable, rire et faire de l'esprit, alors elle essaye de se réapproprier des codes. Ils sont bancals, dépassés, mais ça ne fait rien. Abi attend, sa main trop pâle aux veines bleutées si visibles offerte. « Je m'appelle Abigail. »
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Colin Akerman

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MessageSujet: Re: Tell me again, the world will be beautiful (abi)   Tell me again, the world will be beautiful (abi) EmptyMer 4 Nov - 21:49

Il n’y avait pas eu d’indélicatesse dans les propos de la jolie inconnue. Colin lui répéterait volontiers ses précédents propos mais ne voulait pas rentrer dans une conversation ennuyeuse. Elle était l’une des seules qui voulait bien lui parler en ce moment, et même s’ils ne se connaissaient pas, ça lui faisait un bien fou au pédiatre. Ça lui permettait de s’évader autrement qu’à travers ses croquis, ça lui redonnait un peu de couleurs. Colin, il avait toujours eu besoin des autres pour exister, et c’était à travers leurs regards qu’il vivait. Quand il se retrouvait isolé du monde, il perdait pied et broyait du noir. Pire encore, c’était comme si l’oxygène le quittait, comme si son cœur se broyait par manque d’air, comme si la vie dans son corps était aspirée par une ombre noire maléfique appelée solitude. Il ne s’en remettait pas, le pédiatre, de se retrouver sans amour du jour au lendemain. Il n’arrivait pas à accepter non plus la fin d’une amitié qu’il a toujours jugée solide et éternelle. Son monde s’est écroulé sous ses yeux, la chute a été brutale, et aujourd’hui il se demandait bien ce qui le maintenait debout. Cette rencontre avec la jolie inconnue était-elle un signe du destin ? Colin voudrait y croire, la demoiselle cherchait à le réconforter et sans le savoir, parvenait à le toucher en plein cœur. Il éprouvait même l’envie de lui sourire, ce qu’il fit, puis celle de la serrer dans ses bras pour la remercie, qu’il tut. Il ne souhaitait pas lui faire peur et perdre le semblant de vie sociale qu’il venait d’acquérir. C’était presque une question de vie ou de mort, alors il se contenta de lui répondre doucement. « Oui, vraiment. » Il aimait parler d’amour, Colin, c’était sa plus grande passion, celle qui faisait battre son cœur et lui donnait des ailes. Beaucoup riaient quand il en annonçait la couleur, mais le pédiatre assumait totalement. C’était le plus beau des sentiments qui existaient : il élevait vers des cieux plus beaux et réunissait. L’amour ne venait jamais seul, il était toujours accompagné de l’admiration, du partage, du besoin d’être deux, de la réunion. Les mots manquaient d’ailleurs à Colin pour le décrire, et il lui faudrait des journées entières pour démontrer combien il était précieux et nécessaire. Toutes les personnes qui n’en avaient pas conscience passaient à côté de quelque chose de fort. Il voudrait leur crier d’ouvrir les yeux et leur palpitant, mais à quoi bon discuter avec des individus égoïstes et égocentriques. La jolie inconnue ne faisait pas partie de cette catégorie, elle semblait même parfaitement réceptive et c’était là presque un miracle. Un large sourire illumina le visage tantôt éteint de Colin qui fut pris d’un élan enthousiaste. Il voyait bien qu’elle avait elle aussi besoin d’en parler, et il pensa aussitôt qu’aujourd’hui le Destin lui avait répondu positivement, que tout n’était pas perdu. Ni pour lui, ni pour elle. « L’autre ne peut jamais arriver trop tard. » qu’il commença, cherchant ses mots pour transmettre au mieux son opinion et toutes les pensées qui traversaient son esprit à l’heure actuelle. Il en aurait des choses à dire, Colin, mais il préférait sélectionner celles qui auraient un intérêt pour l’inconnue. Ses expériences lui ont servi de leçon, et mieux encore lui permettaient de relativiser à chaque fois. Bien évidemment que toute rupture est douloureuse, mais au fond Colin savait que ça voulait dire que ce n’était pas la bonne. Et c’était peut-être ça le plus dur, d’ailleurs, d’avoir cru rencontrer son âme-sœur et se tromper. Les souvenirs, quant à eux, restaient et réchauffaient le cœur quand ça n’allait pas. Colin avait beau en vouloir à Mila de l’avoir abandonné comme un vulgaire pantin devenu has-been, il ne parvenait pas à voir négativement leur relation. Celle-ci a été terriblement belle et ça jamais il ne l’oubliera. « Si deux âmes-sœurs doivent se rencontrer, elles le feront toujours. Pour certains, ça peut prendre plus de temps que pour d’autres… » Lui, par exemple, devait travailler sa patience. Malheureusement. Mais il crut comprendre que pour elle aussi, c'était le cas. Et il tenait à la rassurer, sans trop savoir pourquoi. « Mais il faut toujours garder espoir car le plus beau reste à venir. » conclut-il, les joues toutes rougissantes. Il était un homme, et il savait que ça faisait toujours bizarre d’entendre ces mots sortir de sa bouche. Comme si c’était un crime d’être romantique. Il offrit un léger sourire gêné à l’inconnue qui en profita pour se présenter. « Enchanté, Abigail. » lui dit-il avec sincérité avant de s’emparer de la main de la jolie jeune femme. « Colin. » Il ne savait pas ce qu’allait donner cette rencontre mais une chose était sûre : il connaissait maintenant le nom de sa sauveuse, celle qui chasserait d’un coup de baguette magique la tristesse envahissante ; il le sentait.
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