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 she made me less a monster, more a man

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Danny Runshell
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Danny Runshell

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MessageSujet: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptyMer 18 Fév - 17:27


and once in a while, you find meaning in a moment of rare grace

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Le fléau, il sait à présent qu'il existe un mal plus sournois encore que cette mort qu'il sème du bout de ses doigts macabres. Sournois, car si insidieux, mais implacable. Il prend son temps. Comme s'il savourait chaque heure, chaque jour avec délectation. Chaque mois, chaque année. Lentement, sûrement, le mal s'insinue et pourrit sous cet épiderme au poison fatal, jusqu'à faire son nid en son cœur. La solitude. Les redoutables conséquences de sa malédiction. Les années passent, mais il ne saurait apprendre à tolérer son isolement. Peut-être est-ce là la démonstration qui discrédite la thèse du monstre, lorsqu'il souffre de cette solitude tel n'importe quel homme. Comme si cela ne suffit pas, la seule compagnie dont il a droit, la sienne, est celle qu'il abhorre la plus sur ces terres. Des années d'un bras de fer empoisonné avec sa conscience pour seul tête-à-tête. Il rumine, il se ruine. Peut-être qu'au détour de ce traître temps, il a davantage les allures de cette bête que content ces histoires effrayantes. Ces rumeurs échappant aux lèvres de villageois, qui mettent en garde de ne pas s'aventurer trop en profondeurs sur ce territoire. Son apparence du moins, n'est plus ce qu'elle a été. Celle du respecté guérisseur. Il faudrait déjà pouvoir le reconnaître, lorsqu'il s'est efforcé de recouvrir sa peau assassine de toujours davantage de tissu. Ce tissu rongé et sali par les années. Aujourd'hui, seul son visage a encore la liberté de s'exposer. Bien que dès qu'une présence intruse le fustige, il se dérobe aussitôt. Il garde ses distances, il se dissimule, il prend la fuite. Car quand bien même cette solitude vorace le dévore, il craint plus encore une énième mort pesant sur cette conscience hostile. Tant de familles endeuillées. Pourtant, lui aussi a dû faire le deuil de ses victimes. Il n'y est jamais tant parvenu. Le feu guérisseur, il aspirait à soigner et panser, non pas à tuer. Un effleurement suffit à causer un trépas malheureux. Du jour au lendemain, il s'est retrouvé maudit. Isolé, esseulé. La mort se débusque jusque dans son âme. Peut-être même, que précipiter sa propre disparition aurait été un sort plus favorable. A la place de ça, il a à essuyer les fracas tempétueux de sa conscience. Conscient de sa culpabilité, conscient de sa solitude. Amplement méritées. Personne ne se terre parmi ces parois rocheuses, si ce n'est lui. Pas un seul être, pour soulager ce quotidien aux allures de châtiment. Les années passent, et se ressemblent toutes. Les rares confrontations, évidemment fortuites, ne causent que trop souvent morts et désolation au passage. Ce n'est plus une vie, ni une survie, mais une mort à petit feu qui est sienne. Draknar, à se terrer au creux de cette caverne, il doit avoir des allures de spectre. La lumière du jour l'aveugle comme jamais, dès lors qu'il se risque à chasser. Qu'il s'efforce de faire subsister cette carcasse. A défaut de pouvoir prendre le risque de trop s'éloigner et s'enfoncer dans cette forêt, il est un fin tireur. De son fidèle arc, il parvient à satisfaire sa faim. Aujourd'hui, c'est un lapin qui se retrouve pendu à son dos. Le fléau, il est presque soulagé de pouvoir enfin rentrer. De se mettre à l'abri et de se préserver de toutes ces atrocités qu'il pourrait se risquer à commettre malencontreusement. Il suffit d'une mauvaise rencontre, pris au dépourvu. Ce ne serait pas la première fois. Ce qui explique sûrement sa frayeur foudroyante lorsqu'il surprend une figure humaine quelques mètres plus bas. Aussitôt, son corps entier se prépare à fuir. Mais l'immobilité accueille son intrusion. Est-elle morte avant qu'il n'ait pu se risquer à la tuer, cette femme ? Sa chevelure de blé ne permet aucun doute. Paralysé par son appréhension du pire, les secondes filent. Et tel un chat effarouché, il ose enfin un pas. Au détour d'une grande précaution, de peur de l'éveiller, ou d'attirer une attention malvenue. Peut-être n'était-elle pas seule... Il suffirait de le surprendre à se pencher au dessus de son corps, pour qu'aussitôt il soit blâmé de son sort. Et malgré tout, il ne sait quelle petite voix en lui l'y pousse. Il doit en avoir le cœur net. Avec quelques mètres encore pour entraver leur proximité, son œil aguerri peut enfin surprendre les soubresauts réguliers de sa poitrine. Elle est en vie. Pour combien de temps encore ? S'il se risque à trop se rapprocher et qu'elle se réveille en sursaut... Seulement une autre donnée vient complexifier cette équation, qui aurait pourtant dû rester simple. Il y a cette teinte rougeâtre, qui fait tâche sur son front. Du sang séché. Elle a été frappé ? Elle est toujours inconsciente. Et la nuit menace. Si Drake est un monstre qui peuple les frayeurs collectives des environs, il sait que bien d'autres bêtes peuplent cette forêt. Il ne peut la délaisser à la merci de ceux-ci. Sa conscience s'y refuse. Il aurait pu seulement patienter en retrait, pour s'assurer qu'elle ne se muerait en rien en victime d'ici à son réveil. Cependant l'éclat d'une voix non loin, trop près, précipite son indécision. Serait-ce son assaillant, de retour ? Déjà, il se dérobe. De sa carcasse malmenée par les années, il peine à supporter le poids de l'inconnue, jusqu'à néanmoins abattre tout le chemin le conduisant à son abri rocailleux. Il accueille le soulagement sans demi-mesure, lorsqu'il peut enfin déposer le corps inanimé sur sa maigre paillasse. C'est qu'il était terrifié, à l'idée qu'elle se réveille brusquement dans ses bras, et qu'ainsi elle soit à l'origine d'une rencontre malencontreuse avec son visage tout juste découvert. A présent, il peut se soulager de cette distance qu'il replace aussitôt entre eux. L'appréhension ne le quitte pas pour autant. Tant, que sans tarder il cherche à la distraire, à préparer de quoi satisfaire sa faim, quand bien même le malaise lui noue l'appétit. Bientôt, cette marmite de fortune accueille un ragoût de lapin. Qui sait, peut-être que les minces effluves auront le don de l'éveiller lorsqu'il ne craint que trop de l'approcher pour s'y risquer. Peut-être qu'en vérité, il se ment, Drake. Il se fourvoie. Il n'avait pas le choix, mais peut-être que si. Peut-être qu'il n'a eu que la vulnérabilité de profiter de ces circonstances atténuantes, dans l'espoir de terrasser sa solitude impitoyable. Rien qu'une heure, peut-être deux. Ce serait déjà tant.
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Ophelia Darmody

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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptyLun 27 Avr - 13:38

À quel moment les souvenirs s’étaient-ils envolés ? Bousculés par une secousse violente, par une poussée d’adrénaline, ils semblaient s’être dissipés dans l’air, abandonnant l’esprit inconscient de la jeune femme. Lâchement. Elle ne se souviendrait pas de ses parents, de son passé. Ni de l’amour qu’ils leur portaient, ni de la peur qui l’avait assaillie avant que tout n’éclate. Ce serait comme une ardoise vivement effacée, ne laissant aucune trace de ce qu’il y était écrit auparavant. À jamais perdu. Et même si les mots revenaient, ils ne seraient jamais pareils à ceux qui les avaient précédés. Ils ne seraient que des pâles copies de ce qu’ils avaient été. Mais avant que cette réalisation ne prenne forme, Freya passerait par un autre chemin, sombre et éclatant à la fois. Vide et plein. Les sensations lui parviendraient, lointaines, remontant sa peau, sa colonne vertébrale, mais les limbes où son esprit voguait ne sauraient que faire de ses informations. Alors elles les emmagasineraient, stockées dans un recoin du cerveau que la demoiselle ne pourrait jamais réellement atteindre. Ils seraient là, quelque part, tapis, attendant qu’un stimulus les éveille, les ramène à la vie. Jusque-là, elle vivrait avec cet espace encombré auquel elle ne pourrait donner de sens. Si seulement elle se réveillait. Car son corps avait beau ressentir les éléments qui s’insinuaient en elle, le cours de ses pensées paraissait, lui, s’être figé dans le temps. Il ne reculait ni n’avançait, il errait dans le brouillard, sans parvenir à se localiser. Il pouvait percevoir le froid insidieux qui s’infiltrait à travers les vêtements, s’insinuait par la peau, paralysait ses muscles. Il pouvait distinguer la douleur qui s’élançait, un va et vient routinier associé aux battements de cœur, lents mais réguliers. Alors pourquoi ne reprenait-elle pas vie ? Pourquoi ses paupières ne papillotaient-elles pas, laissant à la lumière le soin de pénétrer les prunelles de Freya ? Quelque chose clochait et la plaie qui ornait sa tempe en était un signe avant-coureur. Le sang avait séché, depuis, mais cela n’avait pas guéri pour autant. Et si l’ombre avait passé son chemin, aurait-elle survécu à cet état végétatif ? Se serait-elle finalement remise ou serait-elle morte de froid, durant la nuit ? Toutes ces pensées ne la traverseraient jamais parce qu’elle ne savait pas le temps qu’elle avait passé là, vautrée dans les feuilles, dans l’humidité. Elle ne se poserait pas la question parce qu’elle n’aurait pas de souvenir auquel relier son malaise, sa souffrance. Le néant. Voilà ce qui l’entourerait pour un temps indéterminé, sans que ce soit lié à l’être singulier qui s’était arrêté auprès d’elle. Elle ne réagit pas plus au contact de l’inconnu, ni quand elle fut prudemment soulevée, ni quand elle fut légèrement secouée par les pas qui se succédaient. Son cœur ne paniqua pas, il continua sa mélodie inconsciente, bercé par la cadence du porteur. Sa tête n’appréhenda pas le choc lorsqu’elle fut délicatement reposée et sa respiration ne se mua pas quand le changement de température effleura sa peau lésée. Alors qu’est-ce qui ramena Freya – ou du moins celle qu’elle avait été – à la réalité ? Était-ce dû au réchauffement lent et salvateur de son corps, à l’abri de l’humidité nocturne ? Ou bien le parfum délicat d’un ragoût qui se promena dans l’air et vint lui caresser les narines ? Ou aurait-elle simplement fini par revenir à la conscience, tôt ou tard ? Elle ne s’interrogerait pas plus là-dessus. Son esprit était trop vide pour qu’elle puisse se focaliser sur quoi que ce soit et quand ses paupières tremblèrent, sous l’effet du retour à la vie, puis s’ouvrirent, il fallut un temps d’adaptation à ses pupilles pour s’y retrouver dans l’obscurité relative des lieux. Ses grands yeux clairs fixèrent la roche qui la surplombait puis comme mue par un instinct de curiosité, elle fit une tentative pour se redresser. Mais une douleur sourde lui vrilla la tempe et un gémissement lui échappa, sans qu’elle cherche à le réprimer. « Aouh… » D’un geste machinal, elle porta les doigts à la bosse qui ornait son crâne et elle décela le grain de la peau lésée sous son index. Le mal refit surface, comme pour lui confirmer qu’il était bien à l’origine de son étourdissement et comme pour répondre à la menace, son cœur s’emballa, frappa contre sa maigre cage thoracique. « Qu’est-ce que… ? » Puis les autres éléments intégrèrent la réalité. L’odeur chaude et rassurante de la viande cuite. Et la présence d’une ombre dans l’arrière-plan. Oubliant momentanément le picotement qui sévissait toujours, Freya tourna un regard désorienté vers le feu qui crépitait, vers la marmite fumante, puis vers la silhouette qui se trouvait là. Freya la fixa quelques secondes, cherchant à comprendre ce qu’il se passait, avant de se rendre compte qu’elle n’avait aucune idée du lieu où elle se trouvait. Un instant, la panique l’envahit et sa poitrine se souleva plus rapidement tandis qu’elle avisait le reste de la demeure – car il était évident qu’on vivait ici. « Où—où suis-je ? » À ce moment-là, la question englobait l’environnement immédiat mais elle ne tarderait pas à s’étendre et à se déformer. Où était-elle vraiment ? Et surtout, que lui était-il arrivé ? Car, plus les secondes s’égrenaient et plus elle ressentait le vide qui s’était installé en elle. D’où venait-elle ? Qu’avait-elle fait jusqu’à présent ? La sensation était étrange, comme si elle savait parfaitement qui elle était, à l’intérieur, elle connaissait ses qualités, ses défauts, ce qu’elle aimait ou détestait. Mais le reste ? C’était le blanc, le gouffre, comme si la réponse se trouvait sur le bout de sa langue. « Qui êtes-vous ? » s’enquit-elle alors en reportant son attention sur l’inconnu. Et si une frayeur indicible teintait bien son regard désarçonné, ce n’était en rien une crainte à l’égard de l’ombre. Après tout, elle seule pouvait remplir les trous de sa mémoire.
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Danny Runshell
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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptyMar 23 Juin - 16:29

Trop vite. Tout va trop vite. Le fléau, il n’a certainement plus l’habitude d’une cadence à l’allure humaine. Le monstre qui peuple les histoires effrayantes des villageois, il ne connaît plus que la lente agonie d’un quotidien nommé solitude. Alors il a beau être celui qui a mené l’inconsciente à son repère, il n’en demeure pas moins fébrile lorsqu’elle ne l’est plus tant, inconsciente. Il mesure à quel point il a perdu la familiarité d’un échange avec un autre congénère, alors qu’il n’a pu faire face qu’à des confrontations plus qu’à de simples échanges depuis que la malédiction a frappé. Si bien qu’aussitôt qu’il perçoit des mouvements du coin de son œil affolé, que des mots perturbent le poids du silence, il se pétrifie sur place. Coupable sans même l’être encore, le cœur de sa poitrine le malmène en retour. De marbre dans ce décor de pierre, il s’efforce de tempérer ses craintes pour mieux laisser le temps à l’inconnue de réagir, et ensuite aviser en fonction de celle-ci. Va-t-elle crier au loup ? Fuir lorsqu’elle se remet tout juste de ce coup porté à sa tête ? C’est Draknar, qui voudrait prendre ses jambes à son cou, quand bien même il est chez lui. Et s’il craint sa réaction, il craint d’autant plus qu’elle soit la victime malencontreuse d’un épiderme fatal, à présent qu’il n’est plus le seul maître des faits et gestes qui prennent place dans cette grotte. Si bien que s'il se doit de lui faire face pour guetter plus fidèlement ses agissements qu’il ne le peut du coin de son œil, il s’y résigne au détour d’une lenteur calculée et précautionneuse. Il lui apparaît alors plus évident que la douleur est toujours sienne, et il se surprend de son envie de soulager ce mal, des années après que le guérisseur soit devenu assassin. Mais il se mesure, il se contient, toujours à des mètres du danger d’heurter l’inconnue. Et de cette nécessité découle également son espoir qu’elle ne tente pas à nouveau de se relever, lorsqu’elle a déjà pu échouer une première fois. Car assise, elle risque bien moins de le surprendre d’une proximité malvenue. Drake, il pourrait lui faire peur d’entrée de jeu, se montrer menaçant pour s’assurer qu’elle ait toujours le réflexe de reculer plutôt que de s’aventurer d’un peu trop près. Mais la carcasse esseulée, elle n’a pas le cœur à la tourmenter un peu plus. Toute sa volonté le supplie de se montrer rassurant, dans l’espoir d’apaiser un tant soit peu son désarroi. Et puis, il ne faudrait surtout pas se l’avouer, mais le feu guérisseur il voudrait s’en faire une amie. Pourtant, il n’en a le droit le fléau, de vouloir s’alléger d’une telle compagnie, lorsqu’en retour il ne ferait que lui imposer la sienne qui n’est pas moins qu’une constante menace, qu’il le veuille ou non. Alors que faire ? Il déglutit, l’homme de caverne. Et ce n’est que la vérité qui échappe à ses lèvres abîmées, alors qu’il a si peu de talent pour improviser un mensonge. « Je… vous ai trouvé en forêt, vous étiez inconsciente, votre tête… Et il allait faire nuit, alors… » Il est rouillé, l’homme solitaire. Il ne lui est qu’ardu de se refamiliariser de mots, lorsque sa voix n’a pu se faire entendre depuis si longtemps pour mieux se faire oublier au fin fond de sa gorge. D’ailleurs, il peine à reconnaître le ton rauque qui échappe à ses lèvres, et tente d’éclaircir celui-ci alors qu’il ambitionne de mener rien qu’une phrase à son terme cette fois-ci. « C’est ici que je vis, mais vous êtes libre de partir quand vous voulez. Juste… » Car enfin il se remémore ce qu’il concoctait avant qu’elle ne reprenne vie, et après avoir achevé le mélange qui donne à présent une crème verdâtre au creux de ce bol, il se risque à un pas craintif. Et s’il anéantit de moitié la distance qui les séparait, c’est pour s’arrêter en si bon chemin et déposer le bol au sol avant de reprendre aussitôt ses distances auprès de sa marmite fumante, comme si un périmètre de sécurité invisible les séparait. « C’est pour votre tempe, pour mettre sur votre tempe, c’est pour soigner la plaie » Il mime le geste après avoir désigné le bol et son contenu, lorsqu’il appréhende qu’elle s’y refuse et qu’ainsi il ne puisse pas même indirectement soulager ses maux. Le palpitant toujours malmené, la posture alerte, il se risque à son tour à jouer les interrogateurs, après lui avoir fourni de si piètres explications. « Êtes-vous en danger ? Votre coup à la tête, la personne qui a fait ça, elle va vous rechercher ? » Qu’il est ardu de déjouer sa nature d’être, lorsque la malédiction qui pèse sur ses frêles épaules l’a poussé à toujours envisager le pire. Car il ne faudrait surtout pas que ces potentiels recherches en aventurent d'autres jusqu’à cette grotte, lorsqu’il a bien assez de l’inconnue à surveiller pour ne pas commettre un geste irréparable. Et puis comme il ne voudrait pas être celui qui transforme son corps en cadavre, il ne voudrait pas qu’un autre lui impose ce sort regrettable. Il voudrait qu’elle reste en vie, qu’elle soit en bonne santé. Que surtout, personne ne perde la vie. Pour une fois.
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Ophelia Darmody

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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptyLun 29 Juin - 20:29

Machinalement, son esprit tenta de recoller les morceaux mais ils étaient si éparpillés qu’il ne parvenait qu’à les effleurer. Il pouvait presque sentir les sensations qui accompagnaient ses souvenirs mais c’était comme si c’était hors de sa portée. Il décelait les contours à travers un brouillard épais et malgré l’énergie déployée par la confusion qui perturbait la jeune femme, rien n’y fit. Les éclats restèrent dissimulés, refusant de se montrer. Ils chuchotaient, comme des échos, et se répercutaient contre les parois mais sans jamais revenir à leur propriétaire. Alors Freya abandonna. Elle était trop fatiguée, de toute façon, pour s’épuiser à réparer sa mémoire défaillante. Et puis il y avait trop d’éléments neufs pour attirer sa curiosité pour lui permettre de se reprendre. Involontairement, elle fit abstraction du trou noir qu’était son passé pour s’appuyer sur ce qui était réel, à portée de main et d’oreille. Et de nez. L’odeur alléchante provoqua un grondement menaçant et la jeune fille pressa sa main contre son ventre, juste au niveau de l’estomac creux. Elle lui aurait probablement intimé de se taire si elle n’avait pas été obnubilée par l’étranger qui l’observait et elle ne sut si c’était de la méfiance ou de la crainte qui le tenait ainsi à l’écart. Perplexe, elle haussa les sourcils, attendant qu’il daigne lui répondre et que ses paroles viennent combler le gouffre dans lequel elle s’était enfoncée. À aucun moment il ne vint à l’esprit de Freya qu’il était peut-être l’auteur de cet oubli, de cette incapacité à se concentrer sur autre chose que sur ce qu’elle voyait. Sans savoir pourquoi, elle voyait en lui un guide et non un piège. Mais c’est son retrait ostensible qui la surprenait. Comme s’il avait peur de l’approcher, comme si elle était un poison mortel qu’il ne fallait surtout pas toucher. Baissant instinctivement les yeux sur sa silhouette frêle, elle ne put pourtant que constater l’apparence fragile qui la caractérisait et, par conséquent, l’impression qu’elle devait être inoffensive. Finalement, la voix de l’étranger fit trembler légèrement l’air confiné de la pièce sombre et Freya reporta son attention sur lui. À la mention de sa tête, elle caressa à nouveau la plaie et fronça les sourcils. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Elle tenta une fois de plus, et tout aussi vainement, de se remémorer les instants qui avaient précédé sa perte de conscience mais n’y parvenant pas, elle laissa retomber sa main en soupirant, légèrement agacée par cette brume qui planait dans sa tête. « J’imagine que je suis tombée » conclut-elle d’un haussement d’épaules, ne voyant aucune autre explication à cette amnésie. Était-elle maladroite ? Avait-elle simplement glissé en marchant sur un terrain humide ? S’était-elle montrée imprudente et récoltait donc ce qu’elle semait ? Impossible de le déterminer et elle fixa ses doigts comme s’ils détenaient la réponse magique. Ses ongles étaient noirs, ses poignets éraflés et elle cacha ses mains peu soignées, soudainement prise d’un accès de coquetterie. « Je préférerais rester un peu ici, si ça ne vous dérange pas » dit-elle lorsqu’il lui assura qu’elle était libre de partir si elle le désirait. Où irait-elle si elle n’avait aucune idée de l’endroit d’où elle venait ? Et puis elle se sentait encore bien trop faible pour envisager de partir en quête de quoi que ce soit. Elle esquissa un sourire en direction de l’inconnu : « Merci d’avoir pris soin de moi. Je serais probablement morte de froid si j’étais restée toute la nuit dehors… » À cette pensée, c’est tout son corps qui fut parcouru de frissons et elle resserra ses bras autour d’elle, se recroquevillant machinalement. Malgré la chaleur rassurante des flammes toutes proches, Freya ne pouvait s’empêcher de trembler.  Le mouvement de l’étranger attira son attention et elle observa chacun de ses gestes, davantage curieuse qu’effrayée et quand il fut assez proche pour qu’elle distingue correctement ses traits, elle les détailla sans retenue, imprimant chaque courbe de ce visage singulier dans sa mémoire, se demandant si elle pourrait les garder plus de quelques heures ou si elle était vouée à voir ses souvenirs s’écouler avec les minutes et bientôt s’effacer complètement. Quand il recula dans l’ombre, Freya baissa les yeux sur le bol offert mais n’esquissa pas un geste dans la direction de celui-ci. Il était pourtant clair qu’il lui était destiné mais elle se contenta de sa position presque fœtale jusqu’à ce qu’il lui explique qu’il s’agissait d’un remède pour sa tempe. Alors, seulement, elle tendit le bras et attrapa le bol. La texture étrange de la mixture lui fit froncer le nez et elle hésita une seconde à y plonger un doigt. Convaincue que l’inconnu ne lui voulait aucun mal, elle finit par appliquer la crème de fortune sur sa tempe, avec une lenteur extrême et du bout des doigts. La plaie picota, comme anesthésiée par le produit miracle et elle continua son geste alors que les questions l’abordaient, lui laissant un sentiment de perplexité profonde. « La personne ? s’étonna-t-elle en tournant à nouveau son regard vers le jeune homme. Je ne sais pas ». Elle fronça les sourcils, tenta d’atteindre un éclat de mémoire et finit par confesser, avec un peu de dépit et beaucoup de honte : « Je ne sais. Je ne me souviens pas… » Était-elle écervelée ? Allait-il la prendre pour une menteuse qui avait fugué et ne voulait pas rentrer chez elle ? Peut-être était-ce vraiment ce qu’il s’était passé et auquel cas elle serait bien incapable de retourner d’où elle venait, de toute façon. Précautionneusement, elle reposa le bol et son mélange indéfinissable. Un instant, elle se mordilla la lèvre puis, incapable de se contenir, demanda : « Est-ce que—est-ce que vous avez quelque chose à manger ? Je meurs de faim… » Elle se sentit un peu gênée d’avoir l’air aussi affamée, il allait la prendre pour une mendiante, mais son corps était pour l’instant plus fort que son esprit et elle se sentait oppressée par le grondement interne qui régnait en maitre.
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Danny Runshell
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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptySam 1 Aoû - 16:34

C’est triste à dire, mais il a oublié. Qu’y avait-il de mieux à faire, si ce n’est oublier ? Alors au fil des années trop nombreuses, au détour des décennies s’égrenant lentement, il a fini par omettre tous ces bienfaits dont il avait à se priver pour ne pas laisser au manque l'opportunité de pleinement l’étrangler et le tuer. Il a omis, tout le réconfort que peut provoquer un contact humain, aussi quelconque qu'il soit. Du mieux qu’il a pu, il a muselé à l’oubli ses souvenirs d’un sourire salvateur, ou d’un regard affectueux. Il a fait abstraction, de cette vérité. De la réalité. Il ne fallait surtout pas penser, que la solitude n’était pas l’unique cruelle compagnie qu’un être pouvait s’offrir. Ils diront ce qu’ils voudront, Draknar n’est pas un monstre. Il est un homme, et il a fait ce que chacun d’entre eux aurait fait : survivre. Oublier, pour survivre. Discipliner son esprit, jour après jour, pour ne pas céder à la pure folie. Mais ne l’est-il pas déjà, un peu fou ? Le fléau, il a oublié, oui. Si bien que face à l'amabilité dont fait preuve l’inconnue, sa première réaction ne peut que s’en tenir à la surprise. Et ses yeux ronds, ne seront pas ceux qui dissimuleront son véritable sentiment. C’est qu’il a oublié, qu’une compagnie n’a pas nécessairement à n’être que menaces et confrontations. Il faut dire que depuis si longtemps, depuis que la regrettable malédiction a frappé, il est craint et diabolisé, si bien qu’il s’en est retrouvé persécuté. Le fléau, il ne les en blâme certainement pas. Que ferait-il, lui, s’il était la proie d’une telle terreur ? Mais il a peur. Il est une bête effrayée par ses congénères, qui se terre dans son refuge de pierre. Et il n’a vu personne pour soulager les crocs de la solitude sur sa carcasse. Ou lorsque de fortuites rencontres avaient lieu, elles connaissaient toujours une fin tragique. Ce, qu’il soit question d’une mort malencontreuse, ou d’une traque au monstre des cavernes. Et en ce jour, face à cette jeune inconnue, c’est la première fois depuis trop longtemps qu’il n’est ni craint ni traqué. Soupçonne-t-elle l’intense réconfort dont elle est l’instigatrice au plus profond de sa carcasse désœuvrée ? Doit-il lui dire, tout le bien qu’elle répand autour d’elle présentement ? Non, surtout pas. Il devrait même se blâmer, de se laisser si aisément envahir de réconfort. Car plutôt que d’en vouloir davantage, il devrait craindre sa compagnie et espérer qu’il n’en ait pas à s’accommoder plus longtemps. Car s’accommoder de sa gentillesse, c’est aussi s’accommoder de l’éventualité de causer son trépas. Sa vigilance ne peut être éternelle, combien de temps encore avant qu’il ne se déconcentre ? Alors surtout, surtout, il ne doit pas perdre de vue la réalité. « Tombée ? Mais que faisiez-vous si loin dans la forêt ? » Sa réaction n’est que spontanéité, mais peut-être aurait-il dû s’abstenir de lui donner de quoi se montrer plus confuse encore. Mais bien vite, c’est à son tour de se retrouver ébranlé. Rester ? Ici ? A cette idée, il échappe un hoquet d’effroi. Bien qu’après réflexion, il ne sait plus s’il doit cette réaction spontanée à sa terrible crainte d’une issue tragique à cette cohabitation provisoire, ou bien plutôt à cette indéniable contentement à l’idée que son inestimable compagnie lui soit offerte pour quelques heures (jours ?) encore. Mais aussitôt cette seconde d’égarement passée, il se reprend. « Vou– vous pouvez rester, oui » Quelle autre alternative se présente à lui ? C’est qu’il ne tient pas à transformer son corps en cadavre, tout autant qu’il s’attache à la protéger, et qui sait ce qui l’attend dehors si elle-même ne se souvient pas dans l'immédiat de ce qui lui a valu un tel mauvais sort ? Cependant, sa conscience n’est pas tranquille. Il se doit de la mettre en garde. Il n’a pas pour autant le courage de prononcer une vérité brute, car une part de lui a l’envie égoïste qu’elle ne le voit pas tel le monstre qu’il est. « Mais je ne suis pas trè– pas à l’aise à l’idée d’une quelconque proximité, aussi innocente soit-elle bien évidemment. Alors si ça ne vous dérange pas, enfin j’y tiens quand même, qu’on laisse cette distance nous séparer, en tous temps » Qu’il balbutie, pitoyablement. Drake, il se retrouve si pris au dépourvu (voir même embarrassé) par le témoignage de sa reconnaissance, qu’il se révèle tout bonnement incapable de la remercier de sa gentillesse. Pourtant, il a le sentiment de lui devoir tous les mercis du royaume, rien que pour que ces quelques secondes d’humanité. « C’est… c’est peut-être dû au choc, à votre tête. Vous ne devriez pas tarder à vous souvenir » Du moins, il l’espère. Qu’elle puisse savoir si on lui veut du mal, ou non. « Oh bien sûr, attendez voir… » Et aussitôt, il s’empresse de donner du contenu à un autre bol. Mais où sont donc passées ses bonnes manières ? Doit-il vraiment revêtir ces allures d’hôte, si cela l’encourage à s’attarder et à prendre tous ces risques sans qu’elle n’en ait idée encore ? Réitérant le même manège que précédemment, il anéantit de moitié la distance les séparant avant de déposer le bol et sa cuillère sur la pierre pour mieux s’éloigner à nouveau. « Tenez, ce n’est pas fameux, mais ça tient au ventre. Et si vou– vous avez froid, j’ai d’autres couvertures juste derrière vous » Couvertures, qui ressemblent davantage à des haillons les décennies passant. Enfin, il se permet de s’attarder à la détailler d’un regard, et une curiosité le frappe, qui le fait instantanément céder à la spontanéité. « Vou– vous n’avez vraiment pas peur ? » Tout à fait ce qu’il faut dire pour la rassurer, félicitations à sa carcasse maladroite. Mais c’est qu’il n’en revient pas, lui qui a tant l’habitude d’être craint. En même temps, elle ne sait pas (encore ?) qui il est de toute évidence. Et sans tarder davantage, il s’efforce de corriger son faux pas. Le devrait-il vraiment ? Ne devrait-il pas la laisser le voir telle la menace qu’il est réellement ? « Non pas que vous aillez quoique ce soit à craindre de moi, mais vous devez être la jeune femme la plus courageuse que je n’ai jamais rencontré » Vraiment, elle n’a rien à craindre de lui ? Est-ce que seulement cette éventualité est en son pouvoir ?
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Ophelia Darmody

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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptyMer 26 Aoû - 20:32

Peut-être qu’un peu de repos lui ferait du bien. Peut-être que son corps avait juste besoin de se remettre de l’incident – accident ? – et que tout lui reviendrait petit à petit. Peut-être que ce n’était qu’un symptôme commun dans ce genre de traumatisme crânien. Et puis, avec le ventre plein, ça ne pourrait de toute façon qu’aller mieux. Il n’empêchait que le mystère restant entier, Freya se sentait démunie et désorientée. Elle détestait cette sensation de vide qui lui donnait des vertiges, comme si son esprit ne parvenait pas à se remettre d’aplomb, comme s’il était en perte d’équilibre, incapable de se rattraper à quoi que ce soit, puisqu’aucun souvenir ne surgissait de l’ombre. Pour autant, la jeune fille ne se sentait pas particulièrement effrayée. Agacée, certes. Honteuse, encore plus, ce qui, elle l’ignorait, était un vestige de sa personnalité coquette et insouciante. La Freya de tous les jours aurait été bien embarrassée d’offrir ce spectacle peu soigné, elle qui apportait beaucoup de soin à son apparence. Mais la Freya de ce moment-ci se contentait de rester prostrée là, attendant qu’un détail lui revienne, qu’un élément la guide et lui rappelle ce qu’elle fabriquait là. Par instinct, elle tâta la mixture qui recouvrait à présent sa blessure et elle trouva que si l’ensemble n’était pas très appétissant, il y avait une sensation agréable, fraiche, comme un baume, qui émanait de ce pansement de fortune. Alors, si le fautif était celui qui se dissimulait dans l’ombre, se serait-il donné la peine de lui concocter ce cataplasme ? Freya ne se posait pas la question, à vrai dire. Sa curiosité habituelle – elle ne semblait pas s’être volatilisée avec sa mémoire, celle-là – était revenue au galop, l’empêchant de se torturer les méninges à répondre à des questions dont elle ignorait tout. Pourtant elles étaient naturelles, les interrogations de l’inconnu et Freya ne pouvait lui en vouloir de la questionner ainsi. Il voulait probablement l’aider mais le résultat était tout autre : elle se sentait coupable, maintenant, d’envahir son espace personnel, d’être une invitée indésirable dont il devait s’accommoder. Et comment pourrait-il refuser sans passer pour un monstre d’égoïsme ? Car elle ignorait où elle irait, Freya, si jamais son sauveur décidait qu’il avait suffisamment fait pour elle et qu’il était temps qu’elle s’en aille et s’en retourne d’où elle venait. Mais d’où venait-elle ? Pourquoi n’y avait-il pas une seule bribe pour la rassurer ? Alors quand le jeune homme lui demanda ce qu’elle faisait si loin dans la forêt, Freya arbora une petite moue embarrassée et haussa les épaules. « Je ne sais pas… On est si loin que ça ? » Quelle était la forêt qui les abritait, d’ailleurs ? Là non plus, elle ne sut pas le dire et soupira de lassitude. C’était presque épuisant, d’essayer de se remémorer ce qu’elle ne savait chercher. Autant que de devoir batailler avec la faim qui lui tenaillait l’estomac. Depuis combien de temps n’avait-elle pas avalé quelque chose ? Voilà une interrogation qu’elle pouvait ajouter à la déjà trop longue liste qui dansait entre elle et son hôte mystérieux.  La réaction de l’étranger lui broya le cœur et elle s’imaginait déjà vacillante à l’orée de la tanière, à regarder le paysage inconnu qui s’étendait à perte de vue, quand le jeune homme s’exclama : Vou– vous pouvez rester, oui. Le soulagement qu’elle laissa échapper ne fut pas feint. Ce répit, elle en avait tant besoin et, elle en était persuadée, lui permettrait de retrouver ces instants qui lui échappaient et qui résoudraient toutes les énigmes qui l’auréolaient. Car ce n’était en aucun cas un moyen d’attirer l’attention sur elle quand ils n’étaient que deux et qu’il n’y avait qu’elle sur qui le regard de l’autre pouvait se concentrer. Perdue dans ses pensées, Freya ne perçut pas immédiatement le sens des mots de son sauveur et quand celui-ci s’immisça enfin en elle, ce fut pour lui faire froncer les sourcils. « Pardon ? » Quelle étrange requête que celle énoncée par le propriétaire des lieux. Toutefois, s’empressant de le rassurer pour qu’il ne revienne pas sur sa décision, Freya ajouta: « Bien sûr. Je resterai là où vous me direz de rester » Elle n’avait aucune intention de l’importuner d’aucune manière et même si elle était encore stupéfaite qu’il tienne à ce point à ce qu’une certaine distance les sépare, elle esquissa un sourire pour lui prouver sa bonne foi. Oui, Freya l’amnésique ferait tout ce qu’elle pourrait pour contenter le maitre de la tanière quand, en temps normal, elle n’aurait pas manqué de le décevoir en l’assaillant de ses remarques insouciantes et irréfléchies. Il tenta de la rassurer et elle hocha la tête, peu convaincue, lorsqu’il suggéra qu’elle ne tarderait pas à se souvenir. Peut-être qu’elle n’avait aucune envie de retrouver celle qu’elle était, peut-être que la Freya d’avant était bien heureuse de ne plus avoir à supporter le fardeau de la mémoire. Qui sait ? Mais peut-être aussi qu’on la cherchait partout ? Peut-être que sa famille ratissait la forêt en l’interpelant désespérément. Distraitement, Freya tendit l’oreille, guetta un son incongru, mais seuls les crépitements du feu lui parvenaient et elle soupira. Manger lui ferait du bien. Du moins, elle l’espérait. Car c’est du dépit qui s’installait alors que les minutes s’égrenaient et elle serait probablement déjà en larmes si ce n’était pour son sauveur, à qui elle préférait épargner une telle gêne. Et puis, pourquoi pleurerait-elle quand quelqu’un prenait soin d’elle et qu’elle n’était pas seule et qu’à tout moment, les pièces du puzzle pouvaient s’assembler pour lui redonner la mémoire ? L’étrange jeune homme s’approcha à nouveau avec prudence, comme s’il craignait qu’elle se jette soudainement sur lui, déposa le bol entre eux et retourna dans le confort de la semi-obscurité où il se tapissait. Sans un mot, Freya récupéra l’offrande et entreprit de manger comme si sa vie en dépendait, oubliant l’image qu’elle devait donner à se sustenter aussi goulûment. « Mmh, délicieux » roucoula-t-elle entre deux bouchées en esquissant un sourire reconnaissant à son sauveur. En réalité, elle avait goûté à de bien meilleures choses mais avec la faim de loup qui la terrassait, c’était le repas le plus savoureux qu’il lui semblait avoir mangé depuis une éternité. Vou– vous n’avez vraiment pas peur ? Les mots parurent si saugrenus à la jeune affamée qu’elle s’arrêta au milieu de ses mastications pour dévisager le jeune homme d’un air interrogateur. « Peur de quoi ? » finit-elle par demander après avoir peiné à avaler ce qu’elle mâchait. Du noir ? D’être perdue ? D’être seule en compagnie d’un inconnu ? D’ignorer tout de ses origines comme de ce qu’elle ferait demain ? « Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a de si courageux ? » demanda-t-elle en reposant le bol à moitié entamé entre ses jambes repliées. Encore déboussolée par l’incident, voilà qu’elle perdait le sens des mots, visiblement, puisqu’elle ne comprenait plus rien à ce que lui disait son hôte. « Est-ce que la forêt est maudite ? Ou y a-t-il des elfes qui vivent par ici ? » Elle ne savait même pas pourquoi une telle idée lui venait puisqu’elle n’avait aucun souvenir des contes que son père lui racontait. « Où sommes-nous, au fait ? Peut-être que le nom me permettrait de recoller les morceaux ? » Non, décidément, Freya n’avait pas peur, c’était d’ailleurs bien la dernière chose qu’elle ressentait, même si ça devait lui paraitre étrange. Elle reprit ses bouchées, plus lentement, cette fois, en reprenant l’observation méticuleuse de l’endroit qui les protégeait du monde extérieur, ce monde auquel elle n’avait plus le sentiment d’appartenir.
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Danny Runshell
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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptyDim 4 Oct - 23:03

Le froid lui cingle une peau devenue marbre. Ne doit-il pas en avoir pris l’habitude par la force des interminables années ? Ne serait-ce pas plutôt l’inconnue qui doit se retrouver frigorifiée pour son premier réveil entourée de ces pierres glaciales ? Draknar, il a fait du froid un compagnon qui l’enrobe constamment de ses bras. A force de temps lentement égrené, de lassitude, de solitude, il a voulu se donner ce cœur de pierre. L’homme de caverne, il a eu la prétention de se fondre parmi le décor de son nouvel habitacle, pour que plus jamais sa monstruosité ne soit remarquée. Un cœur de pierre dans un décor de pierre, pour ne pas, pour ne plus s’embarrasser de ses souffrances livrant des plaies sanguinolentes à la merci de la première vermine. Ça aurait été ainsi plus aisé, certainement, de s’accommoder d’un jour, puis de supporter le suivant… inlassablement, la même rengaine. Si bien que s’il se veut insensible à la solitude, il devrait logiquement demeurer de marbre face à de la compagnie. Il ne devrait pas, avoir le sentiment qu’une flamme devenue pluriel brûlent un plus intensément en son for intérieur. Il n’en est rien. Il a échoué, tous ces efforts concédés vainement. Il le réalise pleinement, lorsque face à cette inconnue qui lui parle comme s’il méritait bel et bien ses mots plutôt que sa haine, il pourrait pitoyablement inonder ses joues de bonheur, si seulement il se laissait aller. Il voudrait la gratifier de mille mercis, juste pour cet échange ordinaire. Ou presque. Drake, il a soudain le sentiment de surprendre de la beauté dans ce décor de misère. La beauté d’une inconnue qui ne lui est pas hostile. La beauté de la gentillesse, dans sa forme la plus infime. Puisqu’il ne lui en faut pas beaucoup, au fléau, tant sa malédiction ne l’a confronté qu’au pire année après année, mauvaise rencontre après malencontreuse rencontre. Tant, que la jeune inconnue a des allures de rayon de soleil dans un ciel sombre et menaçant. Un rayon inespéré. Mais éphémère. Car tôt ou tard, elle repartirait. Ou elle trépasserait. Il va sans dire, qu’à choisir, la première éventualité a toutes ses préférences, et la seconde toutes ses plus viles craintes. Et lui, il se retrouverait cerné de cette solitude dont il n’a jamais pu se faire une compagnonne. Si bien que oui, il aurait mieux fallu qu’il parvienne à le construire, ce cœur de pierre. « Nous sommes bien à des lieues du plus proche village, oui. Il faut le vouloir, pour s’enfoncer si profondément dans la forêt » Il faut le vouloir, ou y être contraint. Il le sait, il l’a été par le biais de cette malédiction. Car qui voudrait vivre esseulé parmi les pierres ? Draknar, il devrait certainement se montrer plus rassurant. A croire que des années d’isolement lui ont fait perdre ce savoir-vivre. Mais le voilà trop préoccupé, à se soucier du froncement de sourcils de la jeune femme. Compte-elle contrarier sa demande ? A-t-il éveillé une telle curiosité qu’elle prendrait le risque de ce qu’elle ne peut comprendre ? L’inquiétude est telle, qu’il se résigne aussitôt à un pas de recul. Mais il s’agissait seulement d’une incompréhension qu’il n’a pas su reconnaître immédiatement, du moins il l’espère. Elle obtempère, et lui se permet de s’en soulager, oubliant au passage de s’embarrasser de l’étrangeté de sa demande, jusqu’à même, en rajouter une couche. « Bien, ne- ne l’oubliez pas surtout, c’est très important » C’est vital même, si seulement il ose le dire. Mais quand bien même il le devrait, il est incapable de lui avouer ouvertement de quoi il en retourne exactement. Surtout lorsque ses craintes se retrouvent amadouées d’un précieux sourire. Ça, et son apparente satisfaction de se nourrir du contenu de ce bol. Il n’est pourtant pas flatté, mais seulement contenté d’avoir pu la soulager d’une quelconque façon que ce soit, au point où le fantôme d’un sourire peut un instant briser la stature de marbre de ses lèvres. Si bien que forcément, nécessairement, il n’a que davantage l’envie de lui être d’un quelconque secours. Alors il doit l’aider, et favoriser le retour de cette mémoire qui veut tant se faire désirer. Mais cette volonté se retrouve un instant assombrie par son interrogation. « Peur de… » Peur de quoi, oui ? Peur de ces lieux inconnus ? De cette mémoire défaillante ? De ne plus pouvoir mettre un nom sur sa frêle personne ? La vérité est pourtant évidente, et loin de se rendre tortueuse par mille-et-un scénarios. « Peur de moi » Qu’il avoue, en un souffle résigné, la tête basse, le cœur lourd. Vient-il, par cet aveu, de provoquer en elle la peur qui ne l’assaillait pas ? Mais plutôt que d’y voir un lien logique avec sa malédiction, n’est-ce-pas que sensé de craindre la présence d’un inconnu lorsqu'on se retrouve seule et sans défense ? Il voudrait qu’elle l’oublie, que son esprit parte sur d’autres territoires que cette perspective. Si bien qu’il s’y emploie, malgré lui, reprenant au vol les autres questions de l’inconnue. « Les elfes sont les créatures dont vous avez le plus peur ? » Le voilà un instant étonné, à son tour, que cette crainte soit l’une des premières qui l’assaille. « De quoi vous souvenez-vous exactement ? Quelle est la dernière chose dont vous avez le souvenir avant de vous réveiller ici ? » Plutôt que curieux, il a toujours le souhait de l’aider. Car à quoi bon se montrer curieux de celle qu’il ne serait pas amené à revoir, d'une façon ou d'une autre ? Comme toujours, ses rencontres finissent mal. « Vous vous souvenez de votre nom ? De celui de votre famille ? De quoi que ce soit ? » Mais Draknar, il craint de se montrer trop pressant de ses interrogations, si bien qu’il lui fait remarquer qu’elle n’est pas complètement démunie de savoir sur son statut. « Au vu de votre tenue, on peut déjà déduire que vous n’êtes pas une vagabonde. Votre famille est peut-être déjà à votre recherche… » Et si cette éventualité serait une bonne nouvelle pour la jeune femme, ça n’en est pas une pour lui, non ? Que se passerait-il s’ils remontaient sa trace jusqu’à sa grotte, et s’ils devinaient quel monstre s’y cachait avec leur chère disparue ? Comment ne pourraient-ils pas assumer le pire à l’entente des rumeurs diaboliques à son sujet ? « Andotaurë, mais peut-être que vous provenez d’une autre contrée… Vous vous souvenez de notre roi ? De son royaume ? » Parviendrait-il à provoquer quelques souvenirs, à lui faire prononcer le nom de Midas ou de Goldendust ?
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MessageSujet: Re: she made me less a monster, more a man   she made me less a monster, more a man EmptySam 14 Nov - 18:34

Il y avait presque quelque chose de rassurant à se trouver là, dans la semi-pénombre, au fond d’une caverne, en compagnie d’un jeune homme circonspect. Comme si le reste de l’univers – du Royaume – avait disparu. Tout s’était évaporé et il ne restait que cette bulle de vie retranchée, loin de tout. Personne ne viendrait la chercher là, certes, mais personne ne pourrait bouleverser le fragile équilibre qui s’était installé en elle. Son cœur avait repris un rythme normal et si elle aurait pu frissonner d’angoisse ou de froid, Freya trouva qu’il faisait étrangement bon dans cette cellule obscure. Peut-être qu’elle rêvait, peut-être qu’elle avait en fait rejoint une zone entre la vie et la mort et que son corps bataillait encore dehors. Peut-être qu’elle faisait simplement un cauchemar – même si, en étant dedans, elle ne l’aurait pas qualifié comme tel – et allait se réveiller d’un moment à l’autre. Et tout lui reviendrait. Un sourire rassurant accueillerait son retour à la conscience et elle raconterait à sa mère, son père, son frère ou sa sœur, la chose inexplicable qui s’était passée dans sa tête. Pourquoi donc avait-elle rêvé qu’elle avait perdu la mémoire que plus rien ne lui revenait et qu’elle se trouvait en compagnie d’un être qui ne paraissait pas tout à fait humain tant il se tenait à distance, avec méfiance. Comme si elle pouvait représenter le moindre danger. Plus inoffensive que la jeune Freya, on pouvait pourtant difficilement faire. À part s’attirer des ennuis en agissant sans réfléchir, la jeune fille ne pouvait pas faire grand mal. Sa curiosité lui avait souvent récolté des regards désapprobateurs et les garçons la trouvaient parfois un peu sotte mais ça n’allait pas beaucoup plus loin. Toutefois, pour avoir conscience de cela, il aurait fallu que Freya se souvienne qu’elle voyageait avec son père au moment de l’incident – l’accident – et qu’il devait être le seul, pour le moment, à s’arracher les cheveux d’inquiétude. Sa mère n’apprendrait le drame que plus tard, si son père revenait bredouille. Et comme elle était fille unique, elle n’avait ni frère ni sœur à qui conter ses rêves bizarres. Quant à la raison de son état, elle lui était également complètement inconnue. Alors Freya attendrait de voir. Si elle dormait, elle finirait bien par s’éveiller. Si elle retrouvait la mémoire, il serait toujours tant d’agir à ce moment-là. Et puis, si son amnésie était perpétuelle, de quoi devait-elle se soucier ? Elle n’avait plus qu’à se construire une nouvelle existence. Freya semblait bien plus pragmatique maintenant que sa frivolité lui avait été ôtée, en tout cas. « Je ne comprends pas ce que je fais si loin » souffla-t-elle d’un air pensif, comme si son esprit recollait les pièces du puzzle. Son regard perdu au loin, elle imaginait la forêt qui les cernait. Mais ça ne restait que ça : de l’imagination. Elle n’avait aucun souvenir à raccrocher à une image en particulier. « Peut-être ai-je été enlevée ? Peut-être que mes ravisseurs attendaient une rançon et qu’ils m’ont perdue, pour une raison ou une autre ? » Elle haussa les sourcils, se figurant que l’hypothèse était plausible. Était-elle une princesse ? Une jeune fille de haute lignée ? Son regard jaugea ce qu’elle portait. Ou peut-être pas. Et dans ce cas, pourquoi quiconque aurait-il voulu la kidnapper pour espérer paiement en échange d’un retour saine et sauve ? Fronçant les sourcils, Freya chassa cette idée et fut rapidement interpelée par un détail qu’elle jugea nécessaire d’évoquer, à nouveau par besoin d’essayer de comprendre et non par méfiance : « Et vous ? Vous vivez tout seul si loin de tout le monde ? Vous n’avez pas peur ? » Comment pouvait-on vouloir vivre à l’écart ? Surtout si, comme il le disait, tout était si loin ? Elle hocha distraitement à son insistance, trop prise par le fil de ses pensées pour s’étonner de sa requête. Cette peur, à nouveau, qui était censée les étreindre chacun pour des raisons différentes et un peu mystérieuses. Mais si sa question à elle lui semble naturelle – quelle horreur d’être tout seul au milieu de la forêt – celle du jeune homme le lui paraissait moins. Après tout, elle n’était pas seule, elle l’avait lui, il avait pris soin d’elle sans rien demander – pour l’instant du moins – en retour. À moins qu’il fut l’un de ces ravisseurs qu’elle avait illusoirement évoqués un instant plus tôt ? Mais prendrait-il cet air précautionneux si c’était le cas ? Ne la traiterait-il pas plus brutalement ? Ou bien le fait qu’elle ait visiblement perdu tout repère lui convenait parfaitement ? Ce serait plausible et pourtant Freya n’y crut pas, à cette théorie. Pas quand il semblait si fébrile pour une raison qu’elle ne pouvait définir. Peur de moi. La réponse surprit une fois de plus la demoiselle qui haussa les sourcils, trahissant ainsi son incompréhension. « De vous ? Mais vous m’avez sauvée » déclara-t-elle avec la spontanéité qui la caractérisait d’habitude. « Vous m’avez soignée, vous me nourrissez… » Non, c’était insensé qu’elle puisse le craindre mais la question de son sauveur la fit rougir et elle oublia vite ses interrogations : « Je—je ne sais pas. Je n’en ai jamais vu, il me semble. Mais il y a tant d’histoires à leurs sujets… » Pourquoi se rappelait-elle de ça ? Surtout si c’était pour la faire passer pour une gamine écervelée qui croyait encore aux contes et légendes qui circulaient pour lui faire peur ou l’endormir quand elle était enfant. Et pourtant, en même temps, elle était incapable de citer un récit en particulier qui l’ait marquée. Elle ferma les yeux et tâcha de se remémorer ce qui habitait sa tête avant qu’elle n’ouvre les yeux ici et elle plissa les paupières dans une concentration non feinte avant d’émettre un gémissement puéril en secouant la tête : « Ah, non, je n’y arrive pas. C’est comme si certaines choses me paraissent évidentes sans savoir pourquoi et le reste est flou. Pourquoi est-ce que je m’inquiète d’histoires que l’on se racontait pour se faire peur quand on était enfants et que je n’ai aucun autre souvenir de ma vie ? » Son cœur se remit à battre plus vite et elle sentit une crise de larmes naitre au creux de sa poitrine mais les questions du jeune homme parvinrent à la détourner de la tornade qui menaçait de la faire éclater en sanglots : « Fre—Freya… Je m’appelle Freya » dit-elle avec certitude, sans savoir pourquoi ni comment elle savait ça. Cela semblait si sélectif, si risible. Se souvenir des elfes et pas de ses propres parents ! « Ou—oui, peut-être… » renifla-t-elle en caressant le tissu de sa robe. Elle recommença à manger, avec moins d’enthousiasme, cependant, comme elle cherchait encore à tirer sur le fil qui la mènerait vers le retour à la réalité. À sa réalité. Elle grimaça, chercha à comprendre à quel roi il faisait allusion. Même le nom de la région lui était inconnu et elle secoua la tête, dépitée d’être aussi ridicule. « Et—et vous ? Vous vous appelez comment ? » demanda-t-elle en frottant ses joues en reportant son attention sur son hôte. Elle se fichait pas mal de qui régnait, à cet instant précis. Elle n’aspirait pas à ce qu’il évoque le dehors pour essayer de lui tirer quelques bribes de souvenirs. Elle préférait se contenter de cette grotte secrète et de ce qu’elle n’impliquait pas à l’extérieur. « Pourquoi vous vivez si loin de tout ? » Elle eut un pâle sourire et ajouta, sans vraiment réfléchir : « S’est-on enfuis ensemble ? Est-ce pour cela qu’on est si loin de tout ? C’est idiot, je sais, mais j’ai la sensation que ça aurait pu me traverser l’esprit, d’une façon ou d’une autre. Que j’aurais pu partir avec quelqu’un et tout laisser derrière moi. Pourtant je ne crois pas avoir été malheureuse. Mais qu’est-ce que je fais de tout ça ? Ce ne sont que des impressions. Rien qui puisse être vraiment rattaché à quoi que ce soit dont je me souvienne. Je sais juste que je suis Freya et que j’ai été blessée, par ma faute ou celle de quelqu’un d’autre… et que je vous ennuie, à présent... » Elle esquissa un haussement d'épaules et eut un sourire désolé. Elle aurait voulu demander s'il faisait jour ou nuit mais s'abstint. Elle avait assez posé de questions comme ça.
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