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 les métamorphoses (lizzie)

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Nova Connely

Nova Connely

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MessageSujet: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptyVen 6 Fév - 22:18

Ses doigts glissent le long des étagères, sur le dos des livres parfaitement alignés. Elle arpente les rayonnages tout doucement. Il n’y a personne, les premiers lecteurs sont partis, les prochains arriveront peut-être bientôt. Peu importe. Nova se balade sur le parquet qu’elle connaît sur le bout des doigts, elle peut replacer chaque livre à sa place en quelques secondes, juste le temps d’arriver à la bonne étagère, elle sait où poser ses pieds pour entendre le boit du sol craquer, elle sait comment se rendre invisible et silencieuse même lorsque les visiteurs se font plus nombreux. Elle pourrait se balader les yeux fermer ici. C’est que Nova, enfant déjà, venait à la bibliothèque autant qu’elle le pouvait, parce qu’elle s’y sentait déjà bien. Et les étagères remplies d’ouvrages qui lui semblaient gigantesques le sont toujours autant, même si elle n’a plus ses yeux d’enfants, elles montent encore jusqu’au plafond et constituent des remparts infranchissables, des murailles faites de rêves et d’histoires. C’est son château à elle. Si un jour il arrivait quelque chose d’important, si elle se sentait en danger peu importe la raison, c’est ici qu’elle viendrait Nova. A la bibliothèque dont elle ouvre la porte tous les matins. Elle aime ouvrir la porte en sachant être la première à y entrer, comme si elle la découvrait pour la toute première fois. Elle n’est rien de plus qu’une employée, une bibliothécaire qui vient tous les matins, repart le soir avant que la nuit ne devienne trop noire,  avant que toutes les étoiles apparaissent dans le ciel, mais elle s’y sent comme chez elle et pourrait y passer tout son temps, s’endormir au milieu de l’odeur du cuir des couvertures, des pages, et des mots. Mais alors elle ne pourrait plus ouvrir la grande porte en bois et entrer ici comme-ci c’était la première fois, comme si c’était un trésor découvert après des mois d’excursions, comme une antre cachée. Alors elle rentre et dit bonsoir aux livres, bonne nuit, à demain. Elle range consciencieusement les quelques livres qu’elle porte entre ses bras sans même réfléchir, s’avance d’un rayonnage à un autre dans le silence. Il n’y a que le bruit de ses pas parfois, et celui des livres qui glissent sur les étagères. Elle pense à tout et rien à la fois, redécouvre des livres qu’elle avait oublié, note intérieurement ceux qu’elle n’a pas lu, qu’elle aimerait découvrir, ceux qu’elle doit relire parce qu’elle se rend compte que ça lui manque. Les noms d’auteurs et les ouvrages volent dans sa tête. Elle se perd dans ses rêveries et manque presque le bruit de la porte qui la sort de ses pensées. Alors elle s’avance silencieusement, passe simplement sa tête de l’autre côté du rayonnage pour apercevoir le visage de celui ou celle qui vient d’entrer. Et elle la reconnaît tout de suite cette silhouette. Avec ses longs cheveux d’or et sa posture si droite. Elle la laisse entrer et s’approche doucement. Elle l’intrigue. La première fois qu’elle la vue, elle s’est imaginée tout un tas d’histoire, s’est posée tout un tas de questions sur elle sans vraiment savoir pourquoi. Elle s’est demandée d’où elle venait, ce qu’elle faisait le reste du temps, pourquoi venait elle ici, ce qu’elle recherchait, ses passions et ses rêves. Elle lui a cherché un prénom sans en trouver qui lui irait. Elle à l’air calme et en colère, triste et perdue, parfois tout le contraire. Elle connaît la plupart de ceux qui viennent ici, connaît leurs goûts, se repère aux livres qu’ils gardent entre les mains ou les rayons qu’ils arpentent le plus. Elle retient leurs prénoms, quelques détails de leurs vies lorsqu’ils lui parlent d’eux, même au passage dans une conversation des plus banales. Mais d’elle, elle ne sait rien. Alors ça l’intrigue, elle sait bien que ce n’est qu’une personne de plus, mais elle a envie de savoir qui elle est, rien qu’un peu, effleurer son histoire du bout des doigts.  Alors elle commence simplement. « Bonjour. » Qu’elle souffle presque, et un fin sourire se dessine sur ses lèvres. Elle avance jusqu’à elle, sans pour autant trop s’approcher, comme si elle allait tourner les talons, comme si elle avait peur qu’elle s’enfuit déjà. « Est-ce que je peux vous aidez ? Vous recherchez quelque chose en particulier ? » La plupart du temps elle sait, elle devine ce que lisent les gens, ils laissent des indices partout derrière eux, mais cette fois-ci elle est un peu perdue, parce qu’elle n’a jamais réussi à lire un peu de son histoire, ne serait-ce qu’effleurer les pages. Alors elle attend là, espérant en apprendre plus sur elle aujourd’hui, rien qu’un peu, pour s’inventer des histoires qui prennent un peu de sens, qui ne partent pas dans tous les sens.


Dernière édition par Nova Connely le Dim 25 Oct - 2:30, édité 3 fois
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Lizzie Moore

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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptyLun 9 Fév - 20:37




    Ce matin là, il semble que tout lui échappe. Les mains d'Elizabeth tremblent, incontralables, en proie à un corps qui crie, à ses entrailles qui grondent, à son cœur qui tempête d'être constamment mis en cage. Une tasse de thé glisse d'entre ses mains et se fracasse contre le sol du salon principal. Lizzie peste, accuse la nouvelle domestique avec la plus effrayante des mauvaises foi.  « Vous êtes vraiment une incapable ! Nettoyez vos bêtises avant que ma mère n'ait le malheur de voir que vous avez tâché son tapis favori. » La princesse pince les lèvres, méprisable et méprisante, parfaite caricature d'elle-même. Parce qu'il lui faut reprendre le pouvoir, avoir le contrôle pour ne pas complètement se perdre, s'accrocher à quelque chose, n'importe quoi. La pauvre jeune femme rougie, baisse la tête et balbutie tandis que Lizzie se redresse, la toise et quitte la pièce. Elle abhorre ces femmes et ces hommes qui s'affèrent chaque jour pour que le quotidien rondement mené des Moore puisse se dérouler comme prévenu, elle hait ces yeux qui la scrutent. Elle a grandi autour d'eux et ils ont vieilli près d'elle mais elle ne les connait pas, elle prend tout juste la peine d'apprendre leur prénom. Elle les méprise d'envahir son quotidien, d'être les spectateurs de la comédie, ou de la tragédie selon le point de vue, qu'a toujours été sa vie. Elle les méprise de tout voir, de tout entendre mais de ne rien dire, de se comporter comme des meubles, de se fondre dans le papier peint. Parfois, elle imagine qu'un jour, l'un d'entre eux lui dira : j'ai tout vu, je vois tout, je sais, asseyez vous, vous ne pouvez pas continuer, vous devez parler, vous ne pouvez plus avancer ainsi. La tête haute, Lizzie passe devant la domestique baissant la tête. La princesse est une ombre qui déambule dans les couloirs du manoir, dans les nombreux miroirs distillés dans la propriété des Moore, Lizzie croise le reflet d'une femme qui lui fait peur. Ses cheveux tombent dans son dos sans qu'aucune mèche ne dépasse, ses traits sont étrangement reposés alors qu'elle passe ses nuits à se tourner et se retourner dans son grand lit. Mais ce sont surtout ses yeux qui l'effrayent. Ses grands yeux éteints, dénués de toute joie. Les miroirs et les regards des gens lui renvoient l'image d'une femme froide, calme et insensible. A l'extérieur, tout l'indiffère profondément, tout l'ennui, rien ne la retient. Mais dans ses entrailles, Lizzie brûle en silence, ses angoisses la dévorent et ses sentiments se jettent sur elle quand elle s'y attend le moins. Alors, parfois, il faut se perdre. Parfois il faut sortir de cette grande maison glaciale, il faut marcher, respirer, pour être sûre qu'elle en est encore capable. Ses pas, souvent, la mènent jusqu'à la bibliothèque de la ville. Parfois quand tout devient trop froid, en elle et autour d'elle, Lizzie trouve dans les livres la chaleur qui manque à son coeur. Les livres lui offrent une porte de sortie, fuir la violence froide et silencieuse de sa réalité et s'évader au fil des pages. Elle aime la fierté des grands classiques, les ouvrages nobles et dignes , les couvertures dorées, l'odeur des livres anciens. Elle aime la littérature majestueuse, celle d'un autre temps. Alors qu'elle se dirigeait, sans un regard pour ceux déjà présents, vers les rayonnages, une jeune femme se planta devant elle. Lizzie surplombe la petite inconnue lui faisant face. [color=darkgreen« Bonjour mademoiselle. »[/color] répond-t-elle comme un écho. Sur les lèvres de Lizzie un sourire se dresse. Il est son plus beau mensonge. Un masque grotesque de faux semblants. Dans ce sourire artificiel et superficiel elle trouve les forces nécessaires pour faire durer la comédie. Ce grand sourire magistral et glacial, pour faire oublier à ses interlocuteurs la vacuité de ses mots, l'ennui dans sa voix et la distance dans son regard. « C'est très aimable à vous mais je pense pouvoir me débrouiller toute seule, comme une grande. » Elle ricane presque Lizzie, plante ses grands yeux noisettes dans ceux de la toute petite bibliothécaire.

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Nova Connely

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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptySam 14 Fév - 22:45

« D’accord, alors, je vous laisse. » Qu’elle répond dans un sourire avant de retourner à sa pile d’ouvrages à ranger. Elle n’ose jamais insister Nova. Elle a toujours peur de trop parler, de lancer des mots en l’air qui retomberont aussi vite, parce qu’ils sont inutiles. Alors elle s’en va retrouver ses rayonnages et déambule silencieusement au milieu d’eux rangeant les livres à leur place attitrée. Elle les dépose délicatement et à chaque nouveau titre elle laisse ses pensées s’envoler, les souvenirs, les mots, les chapitres et personnages revenir dans son esprit. Elle se rappelle des phrases qui l’ont marqué, qu’elle n’oublie jamais de noter dans ses carnets qui s’empilent autant que les livres dans son appartement. Elle se nourrit des mots des autres Nova, des pensées qu’on écrit et qui étaient cachés au fond de son cœur, qu’elle ne savait tout simplement pas retrouver. Elle a du mal avec les mots parfois Nova, elle se perd dans ses sentiments et elle n’arrive pas à dénouer le nœud de ses pensées. Alors souvent à la lecture d’une page les mots des autres se chargent d’arranger tous les brouillons, de faire disparaître les ratures et les tâches d’encres de sa tête. Alors tout s’éclaire. Elle a besoin des livres pour cette raison Nova, pour pas laisser son esprit rempli de ratures et de choses qui ne vont pas, pour que son cœur puisse y voir plus clair, pour que les mots lui apportent un peu de lumière. Ses mains se posent sur Les Hauts de Hurle-Vent et ses pensées reviennent à l’inconnue. Elle se rappelle un peu de ce qu’elle l’a vu lire les autres fois, essaye de faire un lien dans sa tête entre les livres, d’essayer de se souvenir, de deviner ses préférences. Tout est flou dans son esprit, elle ne connaît que son visage, sa voix. Alors elle ne sait pas ce qu’elle aime lire, elle ne saurait prédire vers quel rayon elle va se diriger. Pour certains il lui est si facile de deviner d’avance, elle semble parfois savoir même avant eux quel livre ils iront chercher, où est-ce qu’ils s’installeront, quels ouvrages ils ramèneront chez eux, lesquels leurs plairont, ceux qu’ils ouvriront, liront quelques pages avant de le reposer. Mais pour elle, elle ne sait rien, alors elle avance entre les livres, regarde leurs noms, les auteurs, les couvertures sans trop savoir quoi prendre. Mais elle avance et retrouve Fiodor Dostoïevski, elle se faufile pour retrouver Thérèse Raquin, Orgueil et Préjugés, plusieurs ouvrages de Victor Hugo, de Maupassant et Jules Verne. Elle les emporte avec elle, elle aurait pu faire le tour de tous les rayonnages et prendre des livres jusqu’à ce que la pile soit trop grande, qu’elle s’écroule entre ses mains, qu’elle n’est plus assez de force pour tous les tenir, parce qu’elle a envie de tout lui amener là et de lui demander ceux qu’elle préfère, son livre favori et l’auteur qui lui parle le plus. Elle a envie de savoir ce qui l’intéresse et ce qu’elle pense de ce passage, connaître les livres qu’elle n’a jamais lu, ceux qu’elle pourrait lui faire découvrir. Alors elle approche timidement, tout doucement avec ses livres entre les mains, elle retrouve l’inconnue au milieu de la bibliothèque. Elle ose pas lui poser toutes ces questions qui lui trottent dans la tête alors elle lui demande autrement, avec finalement moins de discrétion et délicatesse qu’elle ne le voudrait. Lui demander directement serait plus simple mais elle ose pas Nova. Elle a trop peur de déranger, de poser trop de questions. Alors elle se plante là devant elle avec tous ses livres et elle se sent toute petite. « Je n’sais pas trop ce que vous aimez lire, mais comme vous venez de temps en temps je voulais vous proposez des livres, je me disais qu’il n’y en aurait peut-être que vous aimeriez retrouver … » Elle lui paraît si grande et distinguée, elle ressemble à une princesse qu’elle pense Nova. On croirait une fleur trop précieuse pour être perdue au milieu des autres, trop fragile et importante pour risquer de perdre ses pétales dans le vent, dans le froid, qu’on aurait enfermé sous une cloche de verre pour qu’elle garde sa beauté éternellement. « Y’en a beaucoup mais je ne savais pas lesquels choisir alors voilà, je ne sais pas si certains vous plaisent. Je sais que vous avez dit que vous pouviez trouver toute seule mais c’était des livres en plus, que peut-être vous aimeriez lire après. » Elle lève la tête vers elle, pleine de questions, elle ne sait pas ce qu’elle attend réellement comme réponse mais elle attend Nova, en espérant ne pas se tromper, que ça lui serve au moins à la connaître un peu plus, qu’elle puisse ajouter des détails à sa vision imaginaire qu’elle peut se faire en la voyant, des choses qui existent vraiment.


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Lizzie Moore

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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptyVen 6 Mar - 13:59

    Le regard de Lizzie se perd autour d'elle, entre les rayonnages, dans l'espace inerte de la bibliothèque. Ils sont une dizaine ce jour là, sur le coin des tables, collés aux étagères, assis à même le sol, le nez collé contre les pages de précieux ouvrages. Elle partage avec eux le goût de la littérature, un secret qu'ils murmurent en silence dans la tiédeur, parfois étouffante, de la pièce. Mais rapidement, la jeune femme détourne le regard, elle ne s'attarde jamais longtemps sur les autres - une marque de son éducation qui lui a appris à mépriser la populace et tout ce qui s'y apparente. Sans vraiment s'en rendre compte Lizzie s'est attachée à cet endroit, il est devenu pour elle un refuge. La bibliothèque lui offre de quoi remplir ses journées alanguies, lorsque les diners, les galas, les invitations, les longues balades dans le jardin ne suffisent plus à lui faire oublier la vacuité de son existence d'aristocrate, lorsque le temps s'arrête et qu'il n'y a plus rien à faire d'autre que de regarder les horloges et se laisser bercer par le bruit des aiguilles. Il y règne un silence très différent de celui du manoir. Un silence sans murs, sans cloisons, sans porte closes, qui rempli, doux et tranquille, qui berce et apaise. Chez elle, dans les corridors et entre les nombreuses pièces vides, le silence pèse et agresse. Chez elle, Lizzie n'échappe pas au silence, il la suit dans chaque pas, dans chaque geste, dans chaque parole. Et sans un seul bruit pour déranger sa vie, il faut bien se rendre à l'évidence, Lizzie est seule, terriblement seule, et ce depuis toujours. Ses amis ne sont qu'intéressés, ses connaissances nombreuses ne font que remplir son carnet d'adresse. Elle ne sait pas dire ce qui se joue en elle, ni à Jason ni à Harry, elle ne sait pas raconter ses angoisses et ses névroses qui vont jusqu'à ronger son corps, elle ne sait pas nommer la sensation d'étouffer dans cette quête de perfection qu'elle a fait sienne. Seul dans les dessins et dans les livres, la grande princesse se laisse glisser hors du carcan qui l'étrangle. Elle découvre soudain, au tournant du rayon des auteurs en m, la toute petite bibliothécaire lui faisant face, une pile de livres sous lesquels elle se noie. Elle a une façon simple de s'adresser à elle, sans courbatures, ses mots sont bienveillants, doux et authentiques. Mais Lizzie ne peut s'empêcher de faire glisser sur son visage un masque de soie, barrière entre les sentiments qui la dévorent de l'intérieur, hémorragie interne de la vie trop longtemps retenu en elle, et le reste du monde. « Vous ne lâchez pas l'affaire vous. » lâche-t-elle finalement d'un sourire mi-agacé mi-amusé. Alors Lizzie s'empare d'un livre et puis d'un autre, les ouvrent, lis quelques pages, pince les lèvres, laisse glisser sur son visage un sourire en coin, caressent les couvertes. Elle prend son temps, savoure le poids des livres entre ses mains avant de reporter son regard sur le visage de la toute petite bibliothécaire. « Je déteste celui ci. » Elle ne dit pas vous avez trouvé mon livre préféré. Elle ne dit pas c'est gentil, merci, vraiment. Son âme est embuée d'orgueil et de fierté. La douceur et la gentillesse restent toujours coincées dans sa gorge, ça l'étouffe, elle se sent obligée d'être méchante, cassante, sèche, aride, glacée. Comment est ce possible ? Comment cette fille si petite, légère comme une plume, un vrai courant d'air, peut-elle lire en elle ? Comment peut-elle voir si distinctement ? Comment ? Les questions lui brûlent les lèvres. « Comment savez-vous que j'aime ces livres ? » murmure-t-elle en fixant la jeune femme de ses grands yeux froids.

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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptySam 14 Mar - 14:55

Nova sourit timidement, sans dire un mot. Elle avait peur qu’elle ne lui réponde pas, qu’elle lui dise de nouveau ça ira merci avant de tourner les talons vers d’autres rayonnages. Alors la bibliothécaire est rassurée. Elle la regarde observer les livres, lire les mots et les couvertures, un à un, lentement, et Nova se retrouve un peu en elle, juste quelques secondes. Dans sa façon de tourner délicatement les pages pour ne pas les abimer, dans ses légères réactions face aux différents ouvrages, réactions discrètes mais spontanées, qu’on ne remarque pas souvent, à peine de temps en temps. Elle regarde les livres avec précaution et délicatesse. Nova elle aussi sourit du bout des lèvres, ça se voit à peine mais ça lui fait plaisir de retrouver quelqu’un qui semble aimer les livres, qui en prend soin, elle se dit que son cœur ne se trompait pas, que le peu qu’elle voyait d’elle n’était pas qu’illusion. Elle récupère délicatement certains livres, ceux qui ne lui plaisent pas. Elle hoche la tête sans un mot encore, simplement pour dire qu’elle s’en souviendra, que c’est noté quelque part dans sa tête, même si elle ne lui dit pas celui qu’elle préfère, sans un remerciement, Nova s’en fiche, ça lui convient. Ses réponses même si rapides et distantes semblent toujours aimables alors ça lui suffit, elle ne demande pas plus parce qu’elle est déjà contente d’en savoir plus sur elle, rien qu’un peu, des détails futiles peut-être. Non elle sait qu’on ne connaît pas quelqu’un grâce aux livres qu’il n’aime pas, ni à l’idée qu’on se fait de sa distance, de ses mots et politesses mais Nova ne demande rien de plus. Son esprit fait le reste, même si elle s’invente des histoires, même si elle se trompe ce n’est pas grave. Elle est heureuse déjà de ne pas s’être trompée sur certains ouvrages, d’avoir trouvé ceux qu’elle aimerait lire et redécouvrir. Sa tête ne raconte pas que des histoires. Elle hausse les épaules. « Je ne sais pas. » Qu’elle souffle d’abord, car c’est vrai qu’elle n’en sait rien Nova. « Je vous ai vu et puis je me suis laissée porter vers ces livres là, sans vraiment réfléchir. » Elle a écouté sa tête, ou peut-être son cœur. Peut-être les deux, elle ne le sait pas non plus. « Mais je suis heureuse que certains vous plaisent alors. » Et elle sourit délicatement. Nova se laisse guider par ses intuitions sans savoir les expliquer, y’a des fois où elle bloque, elle n’a de réponses à rien, tout est vide et silence et puis y’en a d’autres où c’est une évidence pour elle. Elle aimerait pouvoir se balader dans la rue, des tonnes de livres à la main et les distribuer aux passants. Elle aimerait s’asseoir sur un banc près de quelqu’un qui lui semble gentil, dans un bar au milieu des clients, des serveurs au comptoir, les regarder, peut-être les écouter parler un peu et puis choisir un livre qui lui semble correspondre, un livre qu’ils aimerait lire et relire, un livre qui leurs parle. Elle leur offrirait dans un sourire en disant, tenez j’aimerais vous offrir ce livre, j’espère que vous l’aimerez, je vous souhaite une bonne journée, et puis elle s’en irait, disparaissant comme une ombre, comme le vent. Mais elle tient trop à ses livres pour les laisser partir comme ça, ils construisent son cœur, et son esprit, le suture parfois avec de belles pensées et des mots qui lui parlent. Alors à défaut d’offrir ses livres au coin de la rue, elle prête ceux de la bibliothèque, en propose comme là, en espérant qu’elle ne se trompera pas. « Je m’en souviendrais pour la prochaine fois. » Elle espère qu’elle reviendra encore parfois, même si pas longtemps, pour lui demander encore une fois, même si indirectement, ce qu’elle préfère lire, les auteurs qui lui parlent plus que d’autres. C’est comme un jeu auquel la bibliothécaire joue à longueur de temps, ça lui tient à cœur. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle veut tant connaître les gens, mais ça dure depuis la nuit des temps. « Est-ce que je peux vous demander votre nom ? » Elle demande tout doucement, pour voir un peu plus loin que la distance qu’elle instaure avec les autres, juste savoir son prénom pour mettre un mot finalement sur son visage, sur sa voix froide mais toujours polie, sur sa silhouette entourée d’un voile qui la protège peut-être, qui la sépare surtout.


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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptyLun 25 Mai - 23:02

❝ Books were safer than other people anyway.❞



    Lizzie ne se livre pas, jamais, elle laisse aux autres le soin de la déchiffrer péniblement. Et tant pis si en elle tout déborde et qu'elle se noie dans les non-dits et les névroses qui la taraudent et la grignotent. Son silence et sa pudeur seront sa perte. Elle ne sait pas dire les choses car personne ne lui a jamais appris, chez les Moore le silence est roi. Face à Nova, Lizzie ne décroche pas un mot et seuls ses yeux murmurent ce qu'elle n'osera jamais dire à voix haute. Ses iris fixent la toute petite bibliothécaire sans la lâcher : deux lueurs dans la nuit, deux revolvers pointés sur une fleur fragile. Elle fronce les sourcils sous la question de Nova. « Vous êtes bien curieuse. Se préoccuper autant de la vie des autres fait parti dans vos fonctions ? » Il existe si peu de gens comme ce petit bout de femme lui faisant face. Nova semble être d'une douceur rare, d'une gentillesse inattendue et d'un altruisme contre vents et marées. Lizzie est froide, sèche et hautaine mais elle ne se démonte pas, revient à la charge, la voix fluette et un sourire teintant son visage poupon. « Li... Elizabeth. » lâche-t-elle finalement du bout des lèvres. Elizabeth est sa façade. Elizabeth la toute puissante, reine d'une cour de faux semblants et d'hypocrisie sucrée, princesse gracieuse et évanescente. Lizzie doit rester cacher car elle est dangereuse, trop vivante, trop vraie, elle menace l'édifice par les battements trop rapides de son palpitant. Et d'un regard, elle se referme aussi brutalement qu'un interstice était apparu. Personne n'atteint Elizabeth car elle est distante, lointaine, inébranlable, incassable et c'est ce qu'elle devient face à Nova : une statue de pierre, royale et glaciale. Dans un silence de plus, elle s'assoit à une des nombreuses tables de la bibliothèque, sans un mot de plus pour Nova, et pose devant elle quelques ouvrages choisis par la jeune femme. Lizzie est une héroïne de littérature, une de ces figurines de papiers auxquelles les écrivains ont donné une âme. Plus qu'une simple bourgeoise, elle est une une véritable aristocrate, une princesse comme on n'en fait plus, glissant gracieusement au fil des pages, drapée de ses insatisfactions et de ses envies de liberté dévorantes. Une femme comblée d'un nom prestigieux, des plus belles robes, de traits gracieux et fins, de l'élégance propre aux aristocrates, aux mélancoliques de la monarchie, de nombreux événements mondains. Mais elle est aussi une jeune fille crevant d'ennui dans une existence vide de sens : une insatisfaite. Une héroïne à qui on ordonne de sacrifier sa vie toute entière et son cœur encore battant sur l'autel de l'honneur familial. A-t-elle en elle cette force, cette lâcheté ? Sera-t-elle capable de se mettre totalement de côté, s'oublier, jusqu'à ne plus du tout exister, jusqu'à n'être plus qu'une enveloppe corporelle, un robot terriblement souriant ? Dans son dos, elle sent un le regard de quelqu'un - Nova, sûrement - peser sur sa nuque alors qu'elle tourne les premières pages de Thérèse Raquin. Lizzie trouve dans les livres un réconfort. Entre les chapitres, elle peut se reposer, y déposer son âme fatiguée et ses sourires forcés. Entre les lignes, elle fait s'effondrer l'édifice qu'elle a érigé pour se protéger du monde. Entre les pages, elle peut, enfin, laisser la vie l'effleurer.

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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptyMar 2 Juin - 12:24

Elle écoute Nova, elle écoute toujours tout et rien, les mots qu’on lui glisse avec gentillesse, ceux qu’on lui balance avec colère, les beaux, les tristes, ceux entre les deux, elle écoute tout, les mots et les oiseaux qui chantent, le bruit de la ville, celui de la mer, si le ciel lui parlait elle écouterait aussi, et peut-être que c’est dans l’espoir qu’il lui réponde un jour qu’elle lui murmure des paroles qui s’envolent jusqu’à lui, le ciel bleu, le ciel gris. Mais il n’a toujours pas répondu, alors peut-être que ça se perd dans les nuages, ça reste accroché là et ça ne lui parvient pas. Peut-être. Et puis elle écoute ce qui ne la regarde pas, elle ne fait pas exprès mais elle se sent obligée d’écouter, tout le temps, alors dès que des paroles compréhensibles lui parviennent, elle écoute parce que c’est la seule chose qu’elle sait faire correctement. Et elle écoute cette fois parce qu’elle pose des questions, alors elle est attentive. A sa question, elle hausse les épaules pour seule réponse. Elle pourrait répondre que non, parce qu’évidemment qu’on ne lui a jamais demandé de faire tout ça, ça serait surement étrange comme travail, s’intéresser aux autres et leur poser des questions. Mais c’est le travail qu’elle se donne Nova, sans vraiment le vouloir ou le contrôler, c’est juste ce qu’elle fait, elle pose des questions, elle demande, cherche à connaître des bouts d’histoires, parfois juste des riens, des choses futiles sans importance, c’est futile souvent, mais elle s’en fiche, ça lui suffit. Elle se nourrit des histoires des autres, pour remplir la sienne, elle colle tout ensemble et puis invente le reste, comble les trous avec tout et rien, ce qui lui vient, ce qu’elle trouve joli à ajouter. Alors tout ce qu’elle peut faire c’est hausser les épaules, sans avoir de réelle réponse, parce que non ça ne fait pas partie de ses fonctions, mais c’est sa mission personnelle Nova, celle apparue là depuis l’enfance et qui est indélébile. Elizabeth. Elle hoche la tête dans un sourire délicat, sans faire vraiment attention à ce qu’elle s’apprêtait à souffler avant, même si elle comprend qu’elle s’est retenue. De quoi, elle n’en sait rien, mais c’est pas grave, c’est rien du tout ça glisse et disparaît. « D’accord alors, enchantée. » Elle accroche son prénom sur les parois de son cœur, parmi les autres. Les prénoms restent là, toujours, ils collent et ne s’envolent jamais, ça lui arrive parfois d’oublier des choses, de laisser les courants d’air faire le ménage dans sa mémoire, même si elle aimerait que non, mais les prénoms sont toujours là, elle s’y agrippe parce que c’est la seule chose qui reste, toujours, qui ne peut pas disparaître des autres, alors Nova les garde précieusement, même si elle ne les entend parfois qu’une fois, on sait jamais. Et Elizabeth s’en va, sans un mot, alors Nova la regarde s’asseoir  là, sans un mot. Quelques minutes elle reste dans le rayonnage, regarde les livres qui se suivent, remet en place quelques uns, pour que tout soit dans l’ordre, que tout soit propre et droit, elle déambule tout doucement entre les autres ouvrages et puis finalement revient vers Elizabeth, même si elle hésite face à cette statut qui ressemble pourtant à une poupée de porcelaine. Mais elle hésite toujours sans faire de pas en arrière, elle hésite pour du vent puisqu’elle revient près d’elle, sans trop s’approcher pour ne pas qu’elle se sente oppressée. Elle regarde le livre et les pages qui glissent entre ses doigts et elle sourit sans s’en rendre compte. « Vous lui ressemblez un peu je trouve. » Qu’elle souffle sans vraiment réfléchir. « Enfin je veux dire à Thérèse Raquin. » Qu’elle ajoute au bout de quelques secondes, parce qu’elle pense en même temps qu’elle parle, comme si elle écoutait ses pensées en même temps qu’elle, alors elle oublie des mots qui restent dans sa tête. Et puis elle réalise qu’elle pourrait mal interpréter ses propos alors elle panique un peu. « Enfin non non non, je veux dire physiquement, dans votre allure seulement, pas dans le caractère, enfin je ne peux pas trouver des ressemblances dans ce que je ne connais pas. » Elle parle un peu vite l’air confus, un peu perdu. Elle n’en sait rien si elle est comme Thérèse Raquin, parce qu’elle ne la connaît pas, mais elle imagine que non, enfin elle n’en sait rien à vrai dire, elle ne veut simplement pas qu’elle pense que Nova s’imagine qu’elle pourrait commettre un crime. Alors elle se perd un peu dans ses mots, ça se perd aussi un peu dans sa tête.


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Lizzie Moore

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MessageSujet: Re: les métamorphoses (lizzie)   les métamorphoses (lizzie) EmptyDim 2 Aoû - 22:21

    Lizzie a des allures de château, de cathédrale ou de manoir, de ces bâtiments qui impressionnent, tendus vers le ciel et les nuages, comme si ils cherchaient à se déraciner et s'envoler, très loin, très haut. A l'extérieur, tout est parfaitement entretenu mais à l'intérieur, ça prend la poussière, il fait sombre, il y a des couvertures en plastique recouvrant les meubles et il n'y a plus de chauffage. Qu'il fait froid dans son cœur, parfois, même, il gèle. Faites attention au verglas, ne glissez pas. Au côté des personnages de papier, Lizzie se sent un peu plus vivante, elle se réveille entre les pages, au fil des mots et des chapitres. Dans les livres, enfin, Lizzie se rend, elle dépose les armes et déchire cette pellicule de protection qui lui colle à la peau. Dans les livres, elle est à nue, complètement et entièrement, et c'est quelque chose de terrifiant qui lui fait tressauter le cœur, c'est une vulnérabilité à laquelle elle n'est pas habituée. La petite voix de Nova, douce et maladroite, presque nerveuse, se faufile entre les pages et lui fait relever la tête. Elle ne partage pas avec l'héroïne de Zola l'égoïsme qu'il lui affuble, Lizzie s'oublie pour éviter à sa famille l'humiliation publique et la ruine totale, elle efface ce qui fait d'elle une femme pour devenir une poupée de cire, parfois de chiffon. Mais elle partage avec Thérèse Raquin, l'insatisfaction d'une vie qui lui est imposée et dans laquelle elle se sent prisonnière. « Vous trouvez ? » Lizzie lève ses grands yeux moqueurs, un peu mesquin, sur le visage de la bibliothécaire, y laissant courir son regard. Elle a l'air d'une petite fille Nova, une petite fille avec des bras immenses pour porter des milliers de livres et de secrets, une petite fille courant d'air qui fait tourner les pages et qui effleure la peau. Aussi vite qu'elle apparaît, elle disparaît et aussi vite qu'elle disparaît, elle réapparait. Une magicienne des livres, un médecin des mots. Il suffirait de parler, juste d'ouvrir sa bouche et de laisser les mots tomber dans l'air, un à un ils se dissiperaient dans l'espace vide entre la petite bibliothécaire et la grande princesse, un à un ils soulageraient le poids qui pèse sur ses poumons et l'empêchent depuis tant d'années de respirer convenablement. Peut on seulement admettre cela ? La déroute de son existence. La sensation de foncer dans un mur en béton ou un ravin sans pouvoir, ou avoir, la volonté de freiner. La fierté idiote, l'égo mal placé d'une aristocrate aux principes d'un autre siècle. Nova pourrait-elle comprendre ? Ou à défaut de comprendre, pourrait-elle l'écouter, laisser à Lizzie le loisir de faire couler l'encre de son cœur dans le silence rassurant de la bibliothèque ? Elle a l'air, Nova, de faire partie de ces personnes capables d'écouter, seulement ça, écouter. C'est vrai qu'on l'écoute si peu, Lizzie. Elle se perd entre ce qu'on voudrait qu'elle soit, ce qu'elle n'est pas et ce qu'elle ne sera jamais alors bien trop souvent elle oublie d'être elle-même. Elle se sent, d'ailleurs, glisser hors de la réalité, loin d'elle-même et de son corps. Lizzie s'envole et regarde, de haut, bouger une marionnette. On la voit princesse des temps moderne, petite fille riche, aristocrate désagréable, mais elle n'est rien qu'une poupée aux jolies robes longues et au maquillage parfait, un vulgaire pantin que les Moore manipulent un par un avec souplesse. Elle est un jouet, maniéré, poli, hypocrite et névrosé. Rien d'autre qu'un jouet. Elle ne dit rien pourtant. Elle ne dira rien, ni aujourd'hui, ni jamais. Car on ne peut pas déverser le contenu de ses entrailles devant un inconnu, ça ne se fait pas. Sur ses lèvres se dresse le dangereux sourire des résignés : un minuscule sourire incapable de laisser passer le soleil entre les nuages. Lizzie se lève, brindille, et fait glisser le livre contre son poitrine. « A la semaine prochaine. Vous pourrez me dire pourquoi je ressemble, selon vous, à Thérèse. » Elle reviendra, vaporeuse et secrète, s'installera à la même chaise et laissera le soin à Nova de lire entre les lignes de son silence.
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