TC 4 ► STORMY HOURS ARE COMING

stormy hours are coming.

Si le temps est à la fraîcheur, Fairview n'est pourtant pas à l'abri d'aléas climatiques autres que la neige. Et en effet, alors que la nuit approche, le ciel s'assombrit dangereusement, présageant d'une tempête annoncée depuis quelques jours. Ciel orageux, températures fraîches mais atmosphère suffocante, et bientôt, les gouttes de pluie, puis un torrent qui s'abat sur Fairview, rendu discernable par les éclairs. Le bruit assourdissant du tonnerre retentit sur la ville, et très vite, il devient indispensable de mettre tout le monde à l'abri. Comment ? En réunissant tous les habitants dans un endroit sûr, où tous n'auront pas à craindre la tempête. C'est ainsi que l'ordre est donné par la Maire (conjointement avec le Shérif, chargée de la sécurité), de réunir tout Fairview dans les sous-sols de la boutique tenue par Carter. En effet, là on y trouve des dédales labyrinthiques, mais à l'abri de tout danger... du moins semblait-il. Car entre les objets étranges qui sont entreposés, la noirceur du sous-sol et son ambiance très peu rassurante, les crises d'angoisse menacent les habitants. Lorsqu'en plus, on les assigne par petits groupes pour éviter des bousculades, les esprits s'emballent au rythme du coeur, et les tensions s'exacerbent. Certains semblent avoir des comptes à régler, et quel meilleur moment pour le faire que lors d'une tempête, alors que tout le monde est pris au piège ? Pas sûr que l'orage soit plus dangereux que les sous-sols...

♦ GROUPE 1 (s'occupera des premiers soins prodigués aux habitants)

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L'idée qu'un orage aussi colossal puisse s'abattre su Fairview n'avait effectivement jamais traversé l'esprit bohème de la jeune Queen qui se retrouvait complètement terrifiée. Sauvage et solitaire, elle ne s'était d'abord pas préoccupée des conditions météorologiques annoncées avec précipitation par les autorités locales, se fichant bien éperdument de quelques gouttes de pluie. Elle n'était pas en sucre et, qui plus est, chaque hiver le manoir se retrouvait inondé de quelques centimètres sans que jamais sa vie ne soit altérée. La pluie avait, selon elle, quelque chose d'assez rassurant et la mécano se plaisait à la regarder tomber ou mieux, profiter du spectacle qu'offrait la nature en première loge. Laisser ses cheveux s'imprégner de cette eau naturelle comme une éponge, grelotter de froid mais continuer quand même. Mais ce soir, l'orage grondant sur la ville, faisant trembler les mûrs fin du manoir n'avait rien de rassurant. Queen était seule, totalement seule. Et si cette perspective ne l'avait jamais dérangée jusqu'à présent, à cette-heure avancée de la journée, la présence d'Ethan et de Jack lui manquaient. Rapidement envahie par la panique, c'est sans s'habiller d'avantage que la jeune brune prit le chemin du centre ville au pas de course, son rimel dégoulinant à grosse gouttes sous ses yeux sombres et emplis de larmes, son corps frêle frissonnant de peur. Queen avait l'air forte, constamment montée sur ses grands chevaux. Elle n'en restait pas moins une enfant fragile, un chaton apeuré aux premiers coups de tonnerre, apeuré par cette solitude qu'elle chérissait tant. Pénétrer dans les sous-sols du magasin de Carter eut quelque chose de rassurant . Doucement, avant que son rôle ne lui soit assigné, Queen se laissa glisser contre le premier mûr à sa portée, attrapant au passage une sorte de vase dans lequel était emprisonné une rose rouge, flamboyante. Son regard caressa cette fleur, longuement, tendrement, l'aidant à outre-passer cette crise d'angoisse menaçant de rompre chacun de ses os, menaçant de faire exploser son crâne de bambin terrifié. Où était Ethan ? Voilà un long moment qu'elle n'avait pas croisé sa route. Il n'avait pas laisser un mot, ne l'avait pas prévenu de son départ. Des milliers de scénarios fusèrent en elle, digne des plus grands chef d’œuvres apocalyptiques du cinéma américain. Peut-être s'était-il retrouvé coincé quelque part en ville, peut-être n'arriverait-il jamais à temps à l'abri. Peut-être ne le révérait-elle plus. Enfantine en manque de son apport paternel quotidien, elle croisa ses bras autour de ses genoux et laissa son visage se nicher dans ceux-ci. Imaginant être bien plus forte dans cette position, intouchable, inviolable comme lorsqu'elle se retrouvait enfouie sous ses couvertures ou lovée contre son torse. A l'abri du moindre danger, apaisée et protégée. Peu à peu, le reste du groupe fit son apparition. Des éclats de voix, quelques sanglots parfois, sans que jamais son oreille ne tilt. Sa voix, Queen la reconnaissait parmi des milliers d'autres et il était clair qu'elle n'était pas encore arrivée. Néanmoins, la belle leva le nez de son refuge, laissant ses yeux sombres embrasser les visages présents. Rien d'intéressant à ses yeux méprisant chacun des habitants avec force. Du moins, jusqu'à ce que ses émeraudes se posent sur son visage, trempé. Son sang ne fit qu'un tour. Tout alla très vite, trop vite pour son palpitant ne réussissant pas à tenir la cadence. Queen se retrouva sur ses deux jambes en un rien de temps. Jambes qui s'actionnèrent tout aussi rapidement jusqu'à ce que son corps ne percute le sien violemment. Ses mains, frêles et tremblantes (tout comme le reste de son corps tiraillé par le froid et l'humidité de ces caves) s'accrochèrent au pans de sa vieille veste en jean et la mécano nicha instantanément son visage dans le creux de son cou, cet endroit rassurant au possible. Sans un mots, il n'étaient de toute façon pas nécessaires, elle resta ainsi figée contre lui, laissant tomber l'enfant qu'elle était devenue à l'arrivée de cet orage, retrouvant peu à peu cette sérénité et cette fougue naturelles que lui seul réussissait à lui re prodiguer. Il constituait sa pile, son énergie, pansait tous ses maux sans s'en rendre compte, certainement et alléger ses peines avec une aisance déconcertante. Doucement, comme rechargée, requinquée, Queen desserra cette étreinte et se recula d'Ethan, un sourire timide au bout des lèvres. « J'ai cru.. j'étais seule au manoir et j'ai pensé.. je ne savais pas où tu étais parti. » murmura-t-elle d'une voix tremblante. Des mots sans queue ni tête. Qu'importe, Ethan comprendrait. Il comprenait toujours. Il la comprenait si bien.

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Le temps était capricieux ces derniers temps, faisant comme bon lui semblait sans prendre en considération les sentiments de chacun. Et comme tout le monde savait qu’une petite pluie pouvait causer la mort de milliers de personnes, ils avaient tous été condamnés à évacuer la tranquillité de leurs habitats pour rejoindre les sous sols morbides de la caverne d’Ali Baba, où Amélia n’aurait jamais mis les pieds si le sheriff ne l’avait pas obligé avec plus ou moins de conviction. Elle avait eu beau argué que sa maison avait été construire pour résister à ce genre d’ouragan, il n’avait rien voulu entendre. Elle aurait pu lui expliquer que ces derniers temps, la présence des autres la mettait mal à l’aise, qu’à leur côté, chacune de ses plaies se rouvrait, que près d’eux, elle redevenait cette petite chose fragile que la vie avait vu grandir trop vite. Mais non, parce qu’Amélia Williams est connue pour être une force de la nature, qui affronte la vie avec un sourire atrocement faux et une grâce que beaucoup lui envie. Un petit adultère ne peut pas la mettre à terre. Pourtant c’est ce qui s’était produit. Sa rencontre avec Ethan avait failli lui couter son mariage, mais pire encore, il lui avait volé une partie d’elle, qu’elle peinait à retrouver. Comme toujours, Clyde avait fait taire ses doutes et plus convainquant que le premier venu, il l’avait poussé à quitter la demeure familiale pour rejoindre les sous terrains. Seule concession faite de prendre l’adorable chien familial avec eux, qui faisait désormais barrière à tous les mots mesquins qu’ils auraient pu échanger. Depuis l’annonce de son envie de paternité, Amélia redoutait chaque moment passé en sa compagnie. Elle n’était pas prête à avoir un enfant et si jamais les mots n’avaient été prononcés en ses termes, Clyde avait bien compris que son projet de paternité était terni par les insécurités de son épouse. Pourtant, il restait digne à ses côtés, ne la culpabilisant jamais sur ce qu’elle pouvait ressentir. Ses doigts fermement accroché à ceux de Clyde, ils affrontaient la tempête, à l’image de leur mariage, qui coulait peu à peu. Pourtant, ils se raccrochaient au moindre instant d’éclaircie avec la conviction que peut être le soleil finira par revenir. Mission leur fit vite donner de prodiguer les premiers soins. Ses longues boucles rousses dégoulinaient sur ses épaules. Sa robe couleur kaki lui collait au corps, la faisait grelotter, mais ce n’était rien face à la vision qui s’imposa devant elle. Il était là. Son cœur se comprima violemment dans sa poitrine. Et alors qu’il inflige un nouveau coup à son corps déjà bien éprouvé, elle ne peut s’empêcher de se sentir soulagé, l’espace de quelques secondes, de le savoir en sûreté. Elle doit presque se faire violence pour détourner le regard et se rappeler qu’il l’a oublié. Au lieu d’être soulagée de savoir qu’il ne faisait plus partie de sa vie, elle ne peut pas s’empêcher de lui en vouloir d’avancer alors que leur histoire reste ancrée en elle, lui nouant l’estomac à chaque minute de la journée. L’univers lui en voulait. A Thanksgiving, elle s’était retrouvée à ses côtés. Désormais, condamnée à prodiguer les premiers soins à ses côtés, Amélia n’était pas sûre que ses nerfs arrivent à subir un nouveau choc en sa présence. Déposant ses lèvres sur la joue de Clyde, elle lui murmura quelques mots avant de s’enfuir. « Je vais voir où est Jude. » Plus que de raison, elle avait besoin de retrouver celle, qui saurait calmer son palpitant et lui insufflait le courage qui lui manquait pour affronter une situation, bien plus éprouvante que la tornade qui faisait rage dehors. Il lui était devenu nécessaire de savoir sa meilleure amie en sécurité, maintenant qu’elle avait la certitude qu’Ethan vivait très bien sans elle. Poussant quelques personnes qui crient comme si le monde allait finir, elle trouve refuge dans un petit coin et se force à compter jusqu’à dix pour calmer les pulsions qui lui donnent envie de vomir. Elle s’oblige à prendre de longues inspirations, à inspirer, à expirer pour éviter de retomber dans ses penchants destructeurs. Quand enfin, elle reprend le peu de contrôle qu’elle a encore sur ses émotions, elle rejoint son époux et lui offre un sourire qu’elle veut rassurant. « On devrait vraiment chercher Jude. Elle est peut être coincée chez elle. » Se mordillant la lèvre, elle essaye de ne pas se laisser gagner par l’inquiétude de savoir sa meilleure amie en danger quelque part. Jamais, elle n’avait pu s’expliquer ce besoin constant de protéger la jolie brune. « Très touchante vos retrouvailles, mais il y a probablement des personnes qui ont plus besoin des premiers soins que vos bouches mutuelles. » ne peut-elle s’empêcher de cracher au couple tendrement enlacé devant elle.

Tinsley était sur les nerfs. Se retrouver dans ces caves souterraines l'angoissait plus que tout. Oui, car son imagination s'était amusée à lui faire imaginer que l'eau de la pluie allait transformer ces tunnels en piscine géante et qu'elle n'en ressortirait pas vivante. Que personne n'en ressortirait vivant. Elle avala difficilement sa salive. Il ne fallait pas qu'elle se laisse avoir par des pensées aussi négatives que celles-ci. Elle se devait de garder son calme, d'apparaître détendue. « Tinsley Middlewave, groupe un qui s'occupe des premiers soins prodigués aux habitants, sur votre gauche. » Non, non, non. Ça, ce n'était pas prévu et ce n'était certainement pas la meilleure chose à faire. Déjà que ses mains tremblaient anormalement, elle devait en plus se charger de la vie des autres habitants de Fairview. Tinsley releva un regard démontrant toute l'angoisse qui la tenaillait vers l'homme qui semblait déjà chercher une autre victime pour lui annoncer sa tâche et murmura un faible : « D'accord. » Sa voix était quelque peu tremblante mais elle ne s'attarda pas plus près de lui ; il était bien décidé à ne pas lui proposer de se poser dans un coin pour ne pas trop en faire ce soir. Quel culot. Cherchant l'assurance qui la caractérisait à l'accoutumée au fond d'elle, Tinsley passa entre plusieurs personnes avant d'apercevoir les autres membres de son groupe. Du moins, c'était ce qu'elle supposait mais également ce que lui signalait une petite affichette accrochée à la pierre. Une personne se trouvait déjà près des pansements et nécessaires de secours en tout genre tandis que d'autres s'occupaient de quelques blessés peu graves. Enfin, elle n'en savait rien mais aucun ne criait à l'agonie, alors. Continuant son chemin vers les petites mallettes rouges, elle jeta un coup d'oeil furtif à tous les membres du groupe avant de se pencher sur la première qui apparaissait dans son champ de vision. « Il faut les compter peut-être ? Je- Je vais le faire tout de suite. » Elle n'avait laissé le temps à personne de s'opposer à sa petite requête, prononcée d'une petite voix fluette passant facilement inaperçue. Elle n'avait pas envie ni besoin qu'on soit trop sur elle pour le moment. Tinsley avait seulement pour objectif de s'habituer à cette atmosphère étouffante et d'empêcher son imaginaire de percevoir chaque personne qui l'entourait avec des queues de poissons, telle une étrange armée de sirènes. Il fallait réellement qu'elle se détende.

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« Les lieux doivent être évacués immédiatement. » D'abord réticente, Jude s'était braquée en refusant de faire évacuer son cinéma. Mais c'était sans compter l'insistance prononcée des deux agents venus spécialement pour cette tâche. Après une négociation vaine où elle tenta désespérément de leur faire comprendre que ce n'était qu'une petite pluie, la propriétaire des lieux finit par se résigner à l'idée de se faire escorter jusqu'au rassemblement. Jude n'était pas suicidaire, encore moins inconsciente, la vérité était que durant la journée entière, elle était restée enfermer dans son cinéma, ne pensant à aucun instant jeter un bref regard à l'extérieur. Si bien qu'en sortant de l'édifice, elle s'était très vite retrouvée trempée jusqu'aux os, aucunement préparée à se retrouver sous une pluie torrentielle qui semblait se déchaîner sur le macadam de tout Fairview. Elle avait pensé à Reid et à son stupide oiseau. Elle l'imaginait vissé sur son banc, trop buté à l'idée de bouger, même face aux forces destructrices de la nature. Elle avait tenté de s'éclipser pour aller vérifier par elle-même s'il ne se trouvait pas là-bas, consciente à l'idée de se comporter comme une mère envahissante et insupportable, mais cette fois, son plan avait été contrecarré par les deux agents qui en plus de l'escorter elle-même, escortaient ses clients. Mal à l'aise à l'idée de se retrouver entassée dans les souterrains d'une vieille boutique d'antiquités et de se retrouver au milieu de toute la population, elle tenta à plusieurs reprises d'obtenir la permission de rentrer chez elle. Elle aussi possédait une cave, ici ou là-bas, quelle différence pouvait-il y avoir ? Malgré toute sa détermination, Jude se retrouva bien vite happée par le flot de personnes paniquées qui entrait dans les sous-sols. Fuyant les regards, elle essora ses cheveux ainsi que sa robe dans un coin pour ne pas attirer l'attention sur elle. Elle frissonna en caressant ses bras nus, se rendant seulement compte qu'elle avait laissé sa veste dans son bureau. L'idée d'avoir oublié de fermer une porte lui traversa l’esprit, mais ne la déstabilisa pas, trop préoccupée de savoir ce que les caves de Carter pouvaient contenir. Elle appréhendait tout ce qu'elle risquait d'y découvrir, redoutant le moindre objet qui les entourait. La boutique de Carter renfermait un nombre incalculable de merveilles venues tout droit de Goldendust. Qu'en était-il de ses réserves ? Accompagnée par un agent, elle prit enfin connaissance de son groupe. Et tandis que ses yeux parcouraient la liste des yeux et que son regard s'arrêta sur le nom de Jacob, son coeur fit un saut incontrôlable dans sa poitrine. Secouant légèrement la tête, elle reposa le bout de papier en reprenant son calme. Le savoir si près d'elle la dérangeait. Par peur qu'il découvre quelque chose d'anormal, elle calquait sa propre appréhension sur l'allemand. Le cherchant malgré tout du regard, elle finit par tourner la tête en entendant son prénom. Amélia. Les yeux posés sur elle, ses peurs disparurent presque aussitôt. Comme elle avait tant de fois pu le faire autrefois, ses pas la guidèrent vers elle, avec comme idée muette qu'elle la protège contre le reste du monde. « Amélia. » Elle déposa sa main sur son épaule pour l'avertir de sa présence et sans se préoccuper de son époux, elle l'enlaça soudainement. La serrant contre elle pour faire taire tous les mauvais pressentiments qui traversaient son esprit à l'instant. « Je vais bien, je vais bien. » Répéta-t-elle plusieurs fois en un murmure avant de se reculer pour la regarder avec un sourire rassurant. Elle prit sa main dans la sienne pour la serrer et elle se mit devant Ethan de son plein gré, pour cacher la vue de ce spectacle navrant à son amie. Tant qu'elle serait là, Ethan ne lui ferait pas de mal, elle s'en faisait la promesse. « Clyde. » Finit-elle pas dire en posant enfin ses yeux sur l'époux de sa meilleure amie.

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Rien ne pouvait effrayer Moira, ni l'apocalypse, ni la fin du monde, et encore moins une malheureuse tempête. L'unique chose qui aurait pu daigner éveiller un soupçon de peur quelconque aurait été une pénurie de nourriture, et plus précisément de desserts, mais ce n'était probablement pas le cas, du moins elle l'ignorait, ne l'ayant pas demandé, son esprit visiblement préoccupé par des considérations plus nobles. Les hautes instances de la ville, l'avait investie - pas elle seule, mais à ses yeux la tâche était synonyme -, de se charger de prodiguer les premiers soins aux habitants éventuellement blessés par la catastrophe naturelle. Persuadée de vivre une aventure quelconque, la rouquine s'était lancée corps et âme dans sa mission, avide de pouvoir aider les autres, en attendant que les renforts arrivent et prennent le relai. Contrairement à beaucoup, qui étaient seuls au moment du drame, la jeune fille avait eu la chance de vivre sa mésaventure avec Carter, puisque une fois n'était pas coutume coutume, elle était encore fourrée dans sa boutique afin de ne faire on ne sait quoi en vertu de desseins qu'elle même paraissait ignorer. Quoi qu'il en soit, ils étaient descendus ensemble dans les tunnels et, une seule et unique fois, elle s'était retrouvée à chercher sa main dans la pénombre pour la serrer plusieurs minutes afin de se rassurer que tout ceci n'était pas une vaste machination de son esprit facétieux. Ses prunelles désormais habituées à la noirceur des souterrains papillonnaient dans tout les sens, et elle du se mordre très fort la joue, pour s'empêcher de prendre des notes dans le but d'écrire une nouvelle histoire dont elle voyait déjà la trame se dessiner. « Bon.. Bon. BON. » Souffla t-elle à son attention plus qu'à l'égard de ses acolytes, tâchant de se rappeler, ce qu'elle avait pu apprendre plus jeune lors des cours de secourisme qu'elle avait vainement essayé de suivre, avant qu'on ne la vire après qu'on l'eut trouvé à manger tout les stocks de faux sang, que constituaient les tubes de ketchup. Bien trop perdue dans sa bulle, elle ne remarqua donc pas les personnes qui composaient son groupe, et s'échappa sur le côté pour venir en aide à ceux qui étaient blessés. « CARTER ! » Héla t-elle finalement à son attention, tandis qu'elle trottinait vers un couloir, les yeux rivés sur un individu dont elle devinait des blessures conséquentes. « Tu peux m'amener des pansements s'il te plait. Si tu caches des muffins dans le coin, c'est le bon moment pour m'en donner un aussi » Dans la panique et l'urgence de la manœuvre, elle ne s'était même pas rendue compte, qu'elle s'adressait à lui de manière plus familière à laquelle ils étaient d'ordinaire habitués, ni même que son propre bras était sévèrement entaillé. « Tout va bien. » Elle respira bruyamment, ce stress général commençait à gagner ses nerfs, à moins que ce ne fut-ce la faim qui tiraillait son estomac fragile.

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Jacob contemplait la foule agglutinée dans le Cave of Wonders avec un détachement non feint. Se trouver ici l'ennuyait profondément. A vrai dire, tout ici l'ennuyait, terriblement même. Et la perspective de passer plusieurs heures entourés de gentils niais n'était pas faite pour l'enchanter plus encore. Adossé contre le mur, il observait les allées et venues de gens paniqués par l'orage. Pauvres d'eux. Ils n'avaient sans doute jamais assisté à de telles intempéries, en revanche relativement courantes dans son pays natal. L'orage ne l'inquiétait pas outre mesure, bien au contraire, il trouvait que cela concordait parfaitement avec son humeur du jour, noire, sinistre, tempêtueuse. Ironie du sort, il se voyait contraint de rejoindre le groupe assigné aux premiers soins. De toute évidence une mesure un peu trop ambitieuse de la part de la Maire, qui semblait prendre grand plaisir à imaginer de potentiels blessés. Jusqu'à présent, force était de constater que leur groupe se révélait particulièrement inutile, à rassembler pansements, cotons, désinfectants, aussi préférait-il rester en retrait. Il aurait très largement préféré rester dans son appartement, si miteux qu'il fût, à tenter de rédiger les prémices de ses futurs contes, mais, responsabilités d'assistant en mairie oblige, il se voyait contraint de passer sa soirée avec une bande d'imbéciles qu'il méprisait farouchement. Toute question que l'on venait lui poser n'était accueillie que par des grognements indistincts, à défaut de pouvoir envoyer tout le monde promené. Jacob laissa son regard se promener sur les têtes familières autour de lui, pour venir se poser sur la silhouette de Jude. L'Allemand étouffa un soupir avant de se diriger vers elle, dans la parfaite mascarade qu'il se devait de jouer depuis plusieurs semaines. Il se posta devant elle, esquissa une ombre de sourire avant de laisser sa main caresser le bras de la brune. Il ne prêta aucune attention ni à Amélia, ni à Clyde, deux personnes qui le laissaient complètement indifférents. De toute évidence, la Reine de cœur avait perdu de sa superbe, elle qui fut un temps tranchait les têtes des hommes se retrouvait mariée à un homme dont la gentillesse et la bienveillance étaient écoeurantes. « Bonsoir Jude » fit-il, arborant son air le plus énigmatique. « Te voir ici est bien la seule consolation que je trouve à cette nuit... » Il embrassa sa joue, se forçant à jouer le jeu suffisamment longtemps pour qu'aucun doute ne puisse planer quant à la nature de leur relation. S'ils étaient ensemble ? Pas encore. Mais il savait que ses barrières cédaient les unes après les autres et que très vite, elle baisserait les armes, oublierait tout de ses promesses de vengeance pour se donner corps et âme au pire d'entre tous. Et lui continuerait de se moquer éperdument d'elle, excepté que cette fois, il le ferait ouvertement. Et même l'idée de lui briser le cœur le laissait complètement froid, à croire que lui-même avait perdu cet organe depuis bien trop longtemps, si tant est qu'il l'ait jamais eu. « Il faut croire que la Maire a été particulièrement inspirée avec ce rassemblement. »

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« Howl ! » Trempé jusqu'aux os, Ethan s'époumonait sous une pluie battante, sa voix rauque uniquement entrecoupés de ses soupirs exaspérés. « Howl ! Allez, arrête faire l'idiot... HOOOOWL ! » Quelle plaie, ce cabot. Malgré son aversion pour l'autorité et son dégoût palpable pour tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à l'administration, Ethan ne broncha pas lorsqu'un officier de police l'accosta sur la rive droite pour lui intimer l'ordre de rejoindre les souterrains de la boutique de Carter, seul lieu de la ville capable de rassembler toute sa population dans un abri de fortune contre la tempête. Il avait obtempéré docilement, rejoint le manoir désert pour y chercher Howl et s'était apprêté à faire comme tout le monde : se mettre au sec avant le déluge annoncé. C'était sans compter sa boule de poils, de plus en plus nerveuse au fur et au mesure que l'orage approchait. Et si en règle générale Ethan était le seul à faire entendre raison à ce petit bâtard recueilli au bord de la route, aujourd'hui, ça n'était pas le cas : le premier coup de tonnerre l'avait fait déguerpir dans un jappement désœuvré. Et depuis quarante minutes, le tatoueur s'égosillait, de plus en plus inquiet. Malgré sa taille dérisoire et son allure plutôt déplaisante, Howl possédait un sacré caractère. Il grognait et en dehors de lui, personne ne pouvait l'approcher sans risquer de se faire mordre. Certainement battu (comme le laissait penser sa patte arrière boiteuse), le cabot ne connaissait comme unique moyen de défense que l'attaque et se méfiait copieusement des humains. S'il ne le retrouvait pas avant la tempête, personne ne lui ramènerait, il en était persuadé. Alors, malgré les éclairs de plus en plus rapprochés et les coups de tonnerre tonitruants, il demeurait là, dehors, à chercher un pauvre chien sans doute tremblant de peur. Alors qu'Ethan repassait pour la dixième fois devant l'Insomnia, un couinement apeuré se fit entendre, lui faisant faire volte-face : Howl, trempé, recroquevillé dans un carton en phase de décomposition (la pluie aidant). Soulagé, le blond esquissa un sourire rassuré avant de se saisir de la boule de poils tremblante pour la serrer tout contre lui, l'enveloppant dans sa veste en jean. « Tu m'as fait peur, canaille. » murmura Ethan tout en lui flattant le crâne. Et apparemment, quelqu'un avait eu aussi peur pour lui qu'il craignit pour la vie de son toutou malingre, puisqu'il eut à peine le temps de parcourir un pas à l'intérieur qu'une Queen démonstrative se pressa contre lui. Queen. Les lèvres d'Ethan s'étirèrent en un sourire tendre en y songeant tandis qu'il l'entoura d'une étreinte protectrice, ses mains caressant délicatement ses cheveux bruns. Elle était là, avec lui, et le monde pouvait bien disparaître sous les flots, ça n'avait aucune importance tant qu'ils étaient ensemble. « Ça va, ça va. Je suis là et je ne vais nulle part. » souffla-t-il à son adresse avant que ses lèvres ne viennent se presser contre le front soyeux de son tout. Coupés du monde, Ethan atterrit brutalement sur terre en entendant la remarque acerbe d'Amélia. Loin de s'éloigner de Queen, ses yeux bleus ne se détachèrent pas un instant de sa silhouette, bien que sa réplique fusa d'une voix bien assez forte pour être audible par son bourreau. « Ignore-la simplement. » Après tout, c'était ce qu'il se tuait à faire, ignorer Amélia et ce couple écoeurant qu'elle formait et à force, il finissait par s'y habituer. Bien sûr, ça restait toujours aussi douloureux dès lors qu'elle apparaissait dans son champ de vision mais le tatoueur arrivait à faire abstraction de sa silhouette malgré la souffrance, à ne plus la distinguer à travers la plus dense des foules et à entamer son deuil, difficilement. Le reste du groupe fit son apparition et si Ethan esquissa un faible sourire ravi à la vue de Moira, celui-ci disparut aussi vite lorsque Jude fit sa sinistre apparition... « Ne me dis pas qu'elle a enfin trouvé quelqu'un qui accepte de la sauter ? Ça la rendra peut-être moins aigrie. » souffla Ethan à Queen, après un vague regard désintéressé au blondinet qui jouait au latin lover avec l’exécrable brunette. Ethan lui souhaitait bien du courage, il avait connu des tueurs à gage plus agréables qu'elle...

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Véritablement anxieuse et à la limite d'une syncope émotionnelle, il ne fallu pas plus de quelques secondes à Queen pour s'imaginer les pires scénarios. Devoir vivre sans Ethan, si jamais il ne disparaissait cette nuit, elle n'y avait jamais songé. Il avait toujours fait partie de ses plans, de son futur. C'était une évidence. Ils étaient ensembles, face au monde entier. Lis l'un à l'autre par un lien invisible que personne ne réussirait à briser. Ses émeraudes humidifiées par vagues salées tandis que son esprit bien trop tordu s'imaginait une vie sans sa moitié, finirent par céder et dévaler en cascades ses joues rosies par la peur lorsqu'il fit enfin son apparition. Son corps se pressa contre le sien en une étreinte étouffante, désireuse de s'imprégner de lui comme la première fois où ils s'étaient donnés l'un à l'autre, le retrouver comme s'ils avaient été séparé des années entières, elle nicha son visage contre sa poitrine, embrassant parfois le creux de son cou. Une excessivité sans borne témoignant du trop plein d'amour dont elle débordait pour lui. Et l'orage pouvait bien tout décimer désormais, le reste des habitants pouvaient bien crever qu'elle ne s'en serait pas aperçue, plongée dans l'océan que représentait le regard d'Ethan. Du moins, si une certaine rouquine, répondant au doux prénom d'Amélia et que Queen s'entêtait à détester sans qu'elle ne la connaisse (nul besoin, en vue de l'acharnement dont elle avait fait preuve sur le pauvre cœur meurtrit de son âme sœur) ne vienne gâcher ce moment. Bien sûr, suivre les recommandations d'Ethan et ne pas se formaliser de cette mégère aurait pu n'être qu'un infime point noir au milieu de ce tableau idyllique. Seulement, le caractère fougueux et sauvage de la jeune mécanicienne en décida autrement. Elle fit volte face et darda ses émeraudes transformées en deux poignards aiguisés sur cette femme qui avait osé s'attaquer à son tout. A une partie d'elle-même. En l'atteignant, elle l'avait blessée, elle aussi. « Le coeur d'Ethan que tu as si froidement brisé mérite plus de soins que n'importe quel habitant ici. » cracha-t-elle avec méprit, le doigt levé en guise d'avertissement. Que cette mégère malheureuse dans son mariage, prenant du plaisir à briser le cœur des autres afin qu'ils ne souffrent autant qu'elle se trouve une autre victime et vite, Queen n'était pas certaine de répondre de ses gestes. Chaton après le flot de sentiments l'ayant transformée en tigresse, la mécano retourna docilement se lover dans les bras d'Ethan. Les sous-terrains de la boutique de Carter avaient beau être, selon les autorités, l'endroit le plus sûre de la ville, Queen quant à elle, ne trouvait pas meilleure sécurité que dans ses bras, à lui. Il l'accueillait lorsque, telle une enfant, ses cauchemars la terrifiaient. « Si elle est aussi aigrie, comme tu dis, au lit, je le plains. » Elle s'en fichait, au fond, éprouvant simplement du plaisir à petit un, avoir retrouvé Ethan, saint et sauf et, petit deux, pouvoir être telle qu'elle était réellement, une gamine capricieuse se moquant du monde entier. « A moins que ça lui plaise, les femmes faisant l'étoile en attendant que ce soit terminé. » ajouta-t-elle, mutine. Ce groupe n'était peut-être pas si mal, finalement. Ethan était là, et en sa présence, Queen était surpuissante.